Reprise des activités pédagogiques pour les apprenants des classes intermédiaires : Des directeurs d’écoles émettent toujours des doutes - Journal Educ'Action
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Reprise des activités pédagogiques pour les apprenants des classes intermédiaires : Des directeurs d’écoles émettent toujours des doutes

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Après quelques mois passés à la maison en raison de la situation pandémique liée au Coronavirus, les écoliers des classes intermédiaires de CI au CM1 renouent, le lundi 10 août 2020, avec les activités pédagogiques. A une semaine de cette réouverture des classes, Educ’Action est descendu dans plusieurs écoles pour apprécier les dispositifs mis en place pour une reprise sans anicroches. Reportage !

Nous sommes à une semaine de la reprise des classes pour les apprenants des classes de CI au CM1, conformément aux dispositions prises par le Gouvernement en cette période de crise sanitaire liée à la Covid-19. Mais l’inquiétude plane dans le rang des parents d’élèves aussi bien par rapport au respect des mesures barrières contre le Coronavirus que sur la sécurité des enfants. Dame Brigitte, mère de deux apprenants dont un ayant fini les classes pour avoir obtenu son CEP et l’autre en classe de CE1, ne peut s’empêcher de s’inquiéter pour le plus jeune de ses enfants. « Mes deux enfants avaient l’habitude de se rendre à l’école ensemble et c’est le plus âgé qui veille sur sa petite sœur. Mais avec cette séparation, j’ignore comment faire pour ma petite fille. Dois-je exiger que son grand frère l’accompagne et aille encore la chercher chaque fois pour assurer sa sécurité ? Franchement, c’est compliqué et je ne cesse de penser à cela », se préoccupe cette mère qui renseigne par ailleurs, qu’elle attend impatiemment le jour de la reprise pour aller constater les dispositions prises pour la sécurité sanitaire des enfants. De l’autre côté, c’est Dame Delphine rencontrée à la sortie d’une messe qui explique à l’équipe du journal Educ’Action les dispositions qu’elle a prises pour ses enfants. « J’ai une fille au CM1 et une autre au CP. En dehors des cache-nez que je leur fournis à chaque fois que j’en trouve, je leur ai également acheté des solutions désinfectantes hydroalcooliques à vaporiser sur leurs sièges et dans leur entourage. Je me suis atteler à leur montrer comment cela se fait. Pour le reste, je fais confiance aux autorités pour ne pas mettre nos enfants en danger », laisse-t-elle entendre toute sereine. Tout comme ces parents d’élèves plus ou moins inquiets, Educ’Action n’a pu s’empêcher de dépêcher une équipe sur le terrain pour s’imprégner de ce qui est fait dans les écoles pour le retour des apprenants en classe.

Des écoles prêtes à rouvrir malgré les inquiétudes de certains directeurs

Tout semble au point pour un retour des apprenants en classes, dans les quelques écoles privées sillonnées. Des réunions se multiplient en cette dernière semaine pour réfléchir davantage sur la réouverture des classes. Mais la grande préoccupation réside au niveau du respect de la mesure de distanciation entre apprenants. Au complexe scolaire Déo gracias, Horace Gazard doute fort du respect de cette mesure. « Nous avons su gérer pour les apprenants du CM2. Mais le problème va se poser dans les autres classes, car dans certaines classes, ils sont plus de 40 écoliers. Il sera très difficile de respecter cette mesure dans ces conditions. On n’a pas double annexe pour partager les apprenants dans les classes de CM2, mais on fera l’effort », a-t-il confié. A en croire le directeur du complexe scolaire ‘‘la conscience supérieure’’, Rodrigue Adjahouinou, le problème ne se posera pas vu l’effectif très peu nombreux d’apprenants dans les classes à lui. Même son de cloche au Complexe scolaire ‘‘le Berger Fidèle’’ où le comptable Jupith Agli reste serein quant à l’application de ladite mesure dans son école. A quelques mètres de cette école, c’est l’EPP Sikè Nord qui reçoit l’équipe du journal Educ’Action. Nous sommes le mardi 28 juillet 2020. Très tôt, dame Clarisse Loko Houngbadji fait sa descente dans l’établissement vide où l’équipe du journal Educ’Action patientait dans le but de rencontrer un acteur de l’administration. Habillée d’un haut et jupe faits de pagne, Clarisse Loko Houngbadji, directrice du groupe A, a évoqué ces préoccupations après quelques moments d’hésitation. « La mesure de distanciation me préoccupe à plus d’un titre. L’effectif des enfants dans les écoles publiques, vous en savez quelque chose et nous, nous avons cinq classes qui reviennent. Mais jusque-là, nous n’avons encore rien reçu comme consigne à ce propos. C’est l’une des préoccupations que je vais soumettre au CRP toute à l’heure », confie-t-elle à Educ’Action avant de préciser que les dispositifs de lavage de mains sont en nombre suffisant dans son école. S’exprimant dans l’anonymat, un directeur d’école primaire publique trouve complètement irréaliste le respect de la mesure de 1 mètre entre les enfants. « D’abord, ce sont des enfants qui ont beaucoup plus besoin qu’on veille sur eux. Je doute très fort qu’on puisse respecter la distanciation sociale vu les effectifs et il n’y a que les classes de CM2 qui soient vident. Dans ce cas, ce serait assez compliqué pour nous. L’autre chose, c’est leur restauration. On sera derrière eux pour leur dire quoi faire à chaque fois. C’est vrai que les enfants sont informés de la maladie mais quand ils se retrouvent entre camarades, c’est l’amusement qui compte pour eux. Je me demande bien si nos gouvernants ont pensé à tous ces paramètres avant de prendre une telle décision. Et ça, j’ai essayé de la souligner aux responsables hiérarchiques mais comme toujours, personne ne nous écoute », laisse entendre ce directeur qui informe par ailleurs qu’aucune consigne ne lui est parvenue jusqu’à ce jour. Dans les écoles privées, l’autre mesure prise par ces directeurs pour éviter la propagation du Coronavirus dans le rang des apprenants est bien la récréation qui se fera en groupe restreint. « Nous n’allons pas laisser les enfants aller en récréation en grand groupe. Il y aura dans un premier temps, un premier groupe et ensuite un second groupe. Ceci permettra d’éviter les attroupements », a expliqué Jupith Agli.

La distanciation sociale, une équation difficile à résoudre par les autorités

« Par rapport à la mesure de distanciation, il y aura un travail qui va se faire dans ce sens en fonction des difficultés que vont rencontrer les directeurs », a simplement fait savoir le CRP 28, Camille Codjo. Autrement dit, c’est suite aux plaintes qui seront formulées par les directeurs et enseignants que le gouvernement prendra des dispositions. Néanmoins, tout est mis en place pour une année scolaire sans Covid-19. « Des instructions sont données aux directeurs pour la mise en place des dispositifs de lavage de mains, le port obligatoire des masques, la disposition des enfants dans les classes à savoir éviter qu’ils s’asseyent à trois voire quatre par table ainsi que l’attitude des enseignants dans la classe », a laissé entendre le responsable de la région pédagogique 28 qui renseigne qu’une liste de matériels sanitaires pouvant servir à véritablement faire face à cette pandémie, a été adressée à l’autorité ministérielle. « Certainement avant la reprise ce 10 août, nous serons satisfaits », espère-t-il.

Quid des notions à aborder en trois semaines de classe ?

Seulement trois semaines de classe séparent les enfants de la période de vacances prévue par le Gouvernement. A ce propos, plusieurs sont ces parents qui se questionnent encore sur l’utilité d’un retour en classe et les notions à aborder après ce long moment de pause caractérisé par la perte des connaissances acquises au début de l’année scolaire. Dans le rang des écoles privées, chaque acteur rencontré tente une réponse selon son inspiration du moment. Pour ce qui concerne les établissements publics, le CRP 28, Camille Codjo Tchiakpè, n’a pas manqué d’apporter des précisions. « Une planification des activités est faite par le ministère pour la période. Cette planification a pris appui sur le niveau bas d’exécution du programme avant les congés. Il est prévu du 10 au 12 août, une évaluation diagnostique qui va permettre aux enseignants d’avoir une idée sur les notions qui méritent un retour en arrière, avant d’aborder d’autres notions. Ce qu’il faut retenir, la planification a fait cas des différentes situations d’apprentissage à revisiter », a fait observer le CRP qui explique par ailleurs que cette situation actuelle ne dépend de personne, sinon de la crise sanitaire qui a conduit les autorités à une telle décision. Cette évaluation, poursuit-il, ne prendra en compte que ce qui a été fait avec les enfants. Il n’y a donc pas de brèches à colmater puisque les enfants ne seront évalués qu’après un temps d’apprentissage systématique.

Directives pour la réouverture des classes au profit des apprenants du Cl au CM1

Pour une reprise des classes en respect avec les gestes barrières, les acteurs de l’école sont invités à la mise en application de certaines directives recommandées par Salimane Karimou, ministre des Enseignements Maternel et Primaire. Pour le nettoyage et la désinfection des écoles, l’autorité ministérielle rappelle qu’il est nécessaire que les directeurs et directrices d’écoles veillent au nettoyage classique des classes et des alentours pour une question d’hygiène. Aussi chaque semaine, l’administration scolaire est invitée à veiller au nettoyage des lieux d’aisance et des classes avec des produits désinfectants tels que cresyl, eau de javel, detol, etc. En cas de suspicion de Covid-19 dans une école, instruction est donnée au responsable d’établissement de saisir les structures compétentes du Ministère de la Santé les plus proches tout en informant sa hiérarchie (CP de Zone et/ou CRP) à l’effet d’une prise en charge de la personne suspectée et une éventuelle désinfection des lieux. « En attendant la mise en place complète de dispositifs de lavage de mains modernes au profit des usagers de l’école, les premières initiatives pour le lavage systématique des mains dans les écoles restent de mise. Pour rappel, il a été recommandé que le dispositif simple et pratique de lavage des mains (modèle tippy-taps) déjà en usage dans certaines écoles soit généralisé et que les apprenants soient encadrés pour le lavage des mains plusieurs fois selon les périodes de la journée mentionnées à titre indicatif ci-après : le matin à l’arrivée a l’école ; avant les recréations (matin et soir) ; au retour des recréations (matin et soir) ; à la sortie des classes (12h00 et 17h00) », stipule la note de service du ministre Salimane Karimou.

 

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