Enseignements Maternel et Primaire en 2022 : Des actions enregistrées, des défis à relever - Journal Educ'Action - Éducation au Bénin et dans le monde
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Enseignements Maternel et Primaire en 2022 : Des actions enregistrées, des défis à relever

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L’année 2022 s’est achevée avec des fortunes diverses dans le sous-secteur des enseignements maternel et primaire. Des réformes enclenchées au budget exercice 2023 en passant par des sanctions prononcées… tout y est, et ceci, sous la bénédiction de Salimane Karimou, ministre de tutelle.

«L’enfant qui n’a pas le niveau du CE1 et passe au CE2 crée des problèmes à l’enseignant de CE2 et, de la même manière, l’enfant qui quitte le CM1, sans niveau, pour le CM2 crée des soucis à l’enseignant du CM2. Ils traînent des lacunes. L’enfant ne connaît pas grand-chose et on le pousse jusqu’à ce niveau. Si on ne sait pas faire, cet apprenant, par la magie des choses, va rassembler les 6/9 au CEP et ira au collège avec des tares ». Ainsi s’exprimait, le jeudi 20 janvier 2022, Gabin Djiwa, secrétaire général du Collectif National des Instituteurs et Institutrices du Bénin (CENIB) Cotonou-Lagune, montrant ainsi des revers de la réforme sur l’application du système du sous-cycle au primaire. Depuis l’avènement du passage systématique des apprenants des classes de C1, CE1 et CM1, les enseignants de ces classes n’ont plus les coudées franches, depuis une disposition figurant dans la circulaire du mercredi 2 septembre 2020. Le ministre Salimane Karimou invitait les enseignants à observer cette décision. Celle-ci imposait aux enseignants des classes concernées de faire passer les apprenants en tenant compte, notamment, de leur présence lors des activités pédagogiques. Le constat fait dans certaines classes montre que cette réforme donne le tournis aux enseignants. Des effectifs pléthoriques, du retard dans le déroulement des séquences pédagogiques, le refus de passage des apprenants en classe supérieure par certains parents sont autant de conséquences négatives issues de cette mesure en vogue depuis plus de deux ans. « Si j’ouvre mes archives, je vous sortirai des décharges. Nous avons fait passer des enfants en classe supérieure. À la reprise, les parents qui ont suivi l’évolution de leurs enfants au cours de l’année scolaire, sont venus pour demander qu’ils reprennent la classe. Dans ce cas, je leur demande de faire une décharge pour me protéger », avait expliqué Arnaud Agbohounka, directeur de l’EPP Cocotomey/C, pour montrer le malaise et le mal-être de quelques parents à faire passer leurs progénitures sans niveau. En effet, la réforme du passage systématique s’inscrit dans la dynamique de l’Éducation pour tous ». Ce concept a été prôné au forum mondial sur l’éducation au Dakar (Sénégal). Il vise à garantir aux écoliers l’accès à un enseignement primaire obligatoire et gratuit, leur maintien à l’école ; l’acquisition des compétences et connaissances dans la vie courante pour les jeunes et adultes et l’amélioration de la qualité de l’éducation. En dehors de cette réforme, celle liée à la révision curriculaire des manuels de CI a connu des dysfonctionnements en début d’année 2022.

Des lacunes observées par endroits dans des classes

« Aucun enfant du CI n’utilise les manuels avant le mois de janvier. Nous avons 12 semaines de communication orale que nous appelons la période d’immersion, et ces douze (12) semaines courent de maintenant (lundi 20 septembre 2021, ndr) jusqu’à décembre. Nous avons tablé sur cette période en lançant la commande à l’imprimerie. Les inspecteurs et les conseillers pédagogiques vont démultiplier les formations dans toutes les régions pédagogiques. Tous les enseignants doivent être formés et vont démarrer avec la période d’immersion avant d’être en possession des manuels », avait confié au téléphone, le lundi 20 septembre 2021, l’inspecteur Rock Ahokpossi, directeur de l’Inspection et de l’innovation pédagogique du Ministère des Enseignements Maternel et Primaire (MEMP). Le vendredi 4 février 2022, une équipe de reportage de Educ’Action a foulé le sol de quelques écoles. De l’Ecole Primaire Publique Cadjehoun groupe/C au Complexe scolaire Ste Bernadette à Hêvié en passant par le Complexe scolaire Ste Jaudelle à Atrokpocodji et l’Ecole Primaire Publique Vodjè-sud, le constat est mitigé. Des lacunes de matériels pédagogiques révisés sont observées par endroits faute de statistiques fiables. Pourtant, selon les prévisions des acteurs impliqués dans le processus de révision des manuels scolaires et cahiers d’activités du CI, les apprenants vont entrer en possession des matériels pédagogiques en janvier 2022. Mais, des jours voire des mois après, les écoles sont servies pour le bonheur des acteurs dans le besoin. Seulement, une autre situation s’est posée dans des établissements privés d’enseignement primaire. Il s’agit du positionnement des titulaires du Brevet d’Études du Premier Cycle (BEPC) dans les classes malgré l’interdiction par l’autorité ministérielle.

Non-respect de la décision de Salimane Karimou

À défaut de payer les enseignants titulaires de diplômes professionnels, des promoteurs d’écoles privées font le choix de ceux titulaires de diplômes académiques. Cet acte, l’autorité ministérielle l’a proscrit via le communiqué N°0103 en date du 13 janvier 2020. Pourtant, il a la peau dure. « Les fondateurs de certaines écoles privées recrutent des enseignants brevetés et leur proposent un salaire dérisoire parce qu’ils ne veulent pas payer le minimum », se désole Rodrigue Sèhounon, directeur du CSP « Jésus-Roi » à Hêvié, remettant ainsi en cause la qualité des enseignants en service dans quelques écoles. Au Complexe scolaire primaire « La voix des Anges », tout comme au Complexe scolaire Privé « Quartier Latin de Bénin », des enseignants titulaires du BEPC y travaillent. Du coup, certains sont soumis, sous le regard des conseillers pédagogiques, à des contrôles de connaissance en vue d’en recruter ceux capables d’offrir une éducation de qualité aux apprenants. « Nous demandons un dossier contenant le diplôme ou l’attestation obtenue et le parcours de l’enseignant. C’est après cela que nous les soumettons à une évaluation afin de sélectionner les meilleurs », avait laissé entendre Paul Bel Kahou, directeur du CSP « Quartier Latin de Bénin ».
À la lumière de ces tests passés dans certaines écoles dont le CSP « Jésus-Roi », il ressort que les instituteurs évalués ont des lacunes en mathématiques et en lecture. Au public, ce sont les enseignants pré-insérés et souvent sollicités pour l’évolution du programme des cantines scolaires gouvernementales. Lequel programme est à sa 2e génération et couvre la période 2021-2026.

Défis de la 2e génération des cantines scolaires et la rétention

Loin des séminaires et discours et pour contribuer à l’amélioration du dispositif mis en place autour des cantines scolaires gouvernementales, Educ’Action a mené une enquête sur l’état des lieux de la première génération de cette expérience étatique (2017-2021). Ceci, dans sa parution N°421 du mardi 1er au lundi 7 février 2022. D’après les informations recueillies sur le terrain, on observe une difficile collaboration entre les membres du comité de gestion des cantines scolaires, le sous-paiement des bonnes dames cuisinières, le vol des vivres. Au-delà de ces défis cités, des parents d’écoliers sont réfractaires au paiement des 50F voire 100F pouvant permettre à leurs progénitures de bénéficier des repas du programme des cantines scolaires gouvernementales. « Les restauratrices sont des bonnes dames qui devraient venir spontanément de la communauté pour nous aider. Mais ce sont des gens qu’il faut forcément aller chercher et payer parce que quand il y a bénévolat quelque part, les gens n’aiment pas s’approcher. Donc du coup, il faut aller chercher des désœuvrés, celles qui sont prêtes à faire le travail car les bonnes dames du milieu n’aiment pas faire le travail, estimant qu’elles ne sont pas bien rémunérées », avait dit Gabriel Hodehoutou, directeur de l’Ecole Primaire Publique Ahossougbéta. À l’EPP Toyoyomè, la lenteur, le refus du paiement des 50F des élèves empiètent peu ou prou sur le déroulement des séquences pédagogiques. Cette faille ne permet pas, par ailleurs, de servir un repas copieux et bien assaisonné aux apprenants. Aussi, selon les acteurs d’alors abordés, des choses restent à faire pour offrir un repas chaud aux tout-petits. L’objectif de l’instauration des cantines scolaires gouvernementales est de maintenir les apprenants à l’école. Parlant de rétention, un forum a germé pour le bonheur des filles.
En vue de booster le maintien des filles à l’école, un forum sur l’accélération de l’éducation de cette cible s’est tenu pendant deux jours à l’hôtel Golden Tulip Le Diplomate à Cotonou. C’était du 10 au 11 mars 2022 en présence des acteurs gouvernementaux, des Partenaires Techniques et Financiers (PTF), des partenaires sociaux et les universitaires. « Force est de constater que malgré les progrès enregistrés, les disparités entre les filles et les garçons persistent, et le taux d’achèvement des filles reste bas. Plus les filles avancent dans leurs parcours universitaires, moins elles ont la chance de les achever », a fait remarquer Salvator Niyonzima, coordonnateur du Système des Nations Unies au Bénin et chef de file des PTF lors de la cérémonie d’ouverture officielle du forum. La persistance des normes sociales défavorables à l’accès et au maintien des filles à l’école ; les coûts d’opportunités peu motivants pour les familles, les adolescents et les jeunes ; l’insuffisante disponibilité de l’offre d’éducation de qualité répondant aux critères de sécurité et adaptée aux besoins de développement et aux aspirations des apprenants et des jeunes ; la pauvreté des ménages à faire face aux charges directes d’éducation de leurs enfants. Ce sont autant de facteurs qui plombent les efforts consentis en faveur de la scolarisation des filles au Bénin.

Retour sur le Certificat d’Etudes Primaires (CEP) 2022

Comme il est de tradition, l’examen du Certificat d’Etudes Primaires (CEP) se prépare à tous les niveaux. Entre autres préparatifs, il y a le tirage au sort des épreuves de l’Éducation Artistique (EA) et de l’Éducation Physique et Sportive (EPS). À l’occasion, ce sont le dessin, l’endurance en EA et le lancer de balle en EPS qui sont sortis de ces choix au hasard le vendredi 6 mai 2022. Ce tirage avait lieu à la Direction Départementale des Enseignements Maternel et Primaire de l’Ouémé (DDEMP-Ouémé). Ceci, pour le compte de l’examen du CEP, session de juin 2022. Ils sont au total 226 676 candidats provenant de 9 420 écoles, à raison de 74 178 candidats issus des établissements primaires privés et 152 498 candidats venant des écoles primaires publiques. En termes de répartition suivant le sexe, les statistiques affichent 119 547 garçons inscrits contre 107 129 filles inscrites.
Des résultats issus de cet examen de base, on note 81,90% de taux d’admissibilité contre 82, 67% en 2021. La délibération des résultats est intervenue, dans l’après-midi du jeudi 30 juin 2022, à la Direction des Examens et Concours du Ministère des Enseignements Maternel et Primaire (DEC/MEMP). En termes de classement, le département du Borgou arrache la première place avec un taux de réussite de 87,45% et celui du Couffo ferme la marche avec un score de 53,04%. Dans la course, le département de la Donga sort 2e avec un taux d’admissibilité de 86,06%. Pour ce faire, les directeurs ayant obtenu 00% au CEP 2022, sont retournés à la case de départ depuis le mardi 18 octobre 2022. Ils sont 19 directeurs et directrices d’écoles à renouer avec la craie pour contre-performance au soir des résultats du CEP, session de juin 2022. Cette information vient de l’arrêté 2022 portant décharge de directeurs et directrices d’écoles primaires publics. Pour une gestion en lien avec le Programme d’Actions du Gouvernement (2021-2026), Salimane Karimou, ministre des Enseignements maternel et primaire, à l’instar de ses collègues d’autres départements ministériels, a planché à l’Assemblée nationale en session budgétaire au titre de l’année 2023.

Budget du MEMP, gestion 2023

168 milliards 618 millions 709 mille francs CFA. C’est le budget exercice 2023 alloué au Ministère des Enseignements Maternel et Primaire (MEMP). En présence de la commission budgétaire, Salimane Karimou, ministre de tutelle, a planché le vendredi 18 novembre 2022. De sa présentation, il faut noter une hausse de l’ordre de 20%. Quatre projets phares sont prioritaires pour le compte du budget du MEMP exercice 2023. Il s’agit du projet de renforcement de la qualité des enseignements au primaire ; le projet de construction, de réhabilitation et d’équipement des infrastructures administratives scolaires ; le projet de construction et d’équipement de salles de classes dans les écoles primaires publiques en République du Bénin, phase VII (Japon VII) et le projet de construction et d’équipement des salles de classes dans les écoles maternelles et primaires. Les constructions et/ou réfections d’infrastructures scolaires vont occuper une place importante en 2023 à travers un transfert de plus de 5 milliards. Par ailleurs, le programme « Un élève sous un toit ; une classe et un maître pour l’enseignement primaire » de la Banque Islamique de Développement (BID) va plus s’accentuer pour le compte de l’exercice du budget 2023 du MEMP.

Réalisation : Enock GUIDJIME

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