Une image de gaieté d’une rare beauté, autant rare par son effet, captive et saisit violemment à raison notre attention ces derniers jours : le visage plaisant que projette la berge lagunaire du marché Dantokpa qui fait chichement sa toilette. Qu’il revienne à nos esprits et consciences que ce même espace public, assiégé de force par des concitoyens, des concitoyennes de faible moralité, des anti-modèles tout simplement, offrait une peinture piètre de la ville capitale, avec des étalages de fortune, des cabanes et taudis érigés pêle-mêle en violation de toute esthétique et éclats pittoresques. Une porcherie à ciel ouvert où diverses communautés, en parfaite connivence, se côtoient à longueur de journées, de semaines, de mois et d’années, pour construire leurs fortunes hors norme et en toute résistance.
Moins soucieux du cadre de vie et de l’embellissement de cette artère à valeur touristique, elles conjuguent en parfaite symphonie et élégance le rêve de se forger un avenir radieux, quoi que cela puisse coûter. Matins et soirs, ces hommes et femmes mènent activement leurs activités lucratives ; créent le marché idoine foulant aux pieds les prescriptions et injonctions publiques. Ils s’activent avec énergie et à la chaîne pour se façonner un destin avec une faible inclinaison pour toute initiative d’assainissement.
Heureusement, la volonté publique semble s’imposer à eux, sans se soucier des jérémiades, des récriminations, des tumultes et plaintes mal placés de gens anti-écolos et moins patriotiques. En quinze (15) jours, le pouvoir public a montré ses muscles, alliant travaux de déguerpissement, d’enlèvement de gravats, de nettoyage des déchets et d’assainissement de la berge lagunaire. Pour le reste, vous le savez, le résultat est édifiant. Une artère totalement transformée grâce aux remblais, qui offre un visage attrayant au grand bonheur des riverains et usagers du plus grand marché de la sous-région. L’assainissement, en peu de temps, a produit les fruits escomptés.
Une digression donc, mais qui a tout son sens dans le contexte actuel de l’école béninoise. De telle volonté d’apurement de l’environnement éducatif, il la faut expressément ; tellement les défis s’annoncent titanesques. La semaine dernière, le cœur serré, nous avions, dans cette même chronique, violenté verbalement nos chers enseignants éthyliques qui trouvent leur aise dans l’ingurgitation de l’alcool, délaissant salles de classes et apprenants. Aujourd’hui, il sera question des enseignants violeurs et jouisseurs. Dans bien des établissements publics comme privés, le phénomène a la peau dure. Ces derniers jours, la pratique hors norme a connu une résurgence avec des cas extrêmes de bassesses ventilés via les médias sociaux. Un enseignant d’un âge certain qui fait subir à certaines de ses apprenantes des tortures psychologiques et morales, allant jusqu’à les contraindre à l’amener à se masturber (sucer la verge masculine). Un coutumier du fait puisqu’il n’est pas à son coup d’essai, ce vicieux d’une espèce rare a ainsi profané la naïveté de ces écolières qui se sont soumises. Imaginez le reste du spectacle. Que c’est avilissant !
L’école béninoise doit refaire sa toilette, reprendre l’assainissement des mœurs et conjurer les démons. On reste abêti, dans la posture d’un parent, devant une scène si horrible, répugnante, vile, infâme et abjecte qui jette du discrédit sur le système éducatif béninois déjà mal en point. Qu’est-ce qui pourrait souiller à ce point, à ce degré la probité et la bonne conscience d’un enseignant, supposé détenir la sagesse, l’esprit de discernement et de responsabilité ? Les psychologues, les sociologues ont donc de la matière à réflexion pour surtout expliquer le mobile réel d’un tel comportement insalubre.
A l’instar donc de l’assainissement des berges lagunaires, le système éducatif du Bénin attend aussi sa dose de toilette. Cela passe indubitablement par la purge des enseignants éthyliques et jouisseurs dont les places sont bien loin du cadre scolaire et même universitaire.
Serge David ZOUEME, Spécialiste de l’éducation, Administrateur du patrimoine culturel