Réunies dans la nuit profonde au cimetière, trois veuves sont décidées à faire payer à leur défunt mari depuis l’au-delà, tous les malheurs qu’il leur a fait subir durant son séjour terrestre. Habillées en tenue de combat, à l’image des «Agodjié», autour de la tombe de monsieur ‘‘Le’’, elles vont faire preuve de courage pour braver les assauts des ténèbres afin d’arriver au bout de leur objectif. Celui de faire subir à la tombe de leur mari défunt, un châtiment à la hauteur du mariage précoce, du harcèlement, de la violence conjugale et de la privation de liberté dont elles ont été victimes pendant plusieurs années. Louanges, rituels, châtiments, danses et réjouissances sont mis à contribution par les coépouses pour empêcher leur mari, monsieur ‘‘Le’’ de reposer en paix dans sa tombe. La guerre va être rude pour les veuves qui ont réussi à dominer la peur et à braver les interdits pour atteindre un même but, un même objectif et une même vision.
C’est la pièce de théâtre « Sœurs d’Ange » de Afi Gbegbi, mise en scène par Mariame Darra, sous la production de Germes de Pensées qui est en train de connaître sa troisième représentation à l’Espace culturel ‘‘Le centre’’. Ceci, après les représentations à l’Institut Français du Bénin et à l’Institut Français de Parakou. Sur les planches, dans la nuit du samedi 11 février 2023, les comédiennes Nicole N’Hèdi Wida, Hérédia Hodonou et Ilarie Amah sont à l’œuvre. Dans l’espace public, l’effectif des spectateurs continue de progresser jusqu’au débordement.
Se venger encore et toujours pour l’émancipation de la femme
« Sœurs d’Ange » vient briser le silence sur le système patriarcal des sociétés contemporaines qui freinent l’émancipation des femmes pour exiger une convergence des actions en faveur de la lutte contre les violences basées sur le genre.
« On n’est pas en guerre contre les hommes. Ce pour quoi nous militons ici, c’est un couple, main dans la main. Il faut que le couple soit soudé. On se complète mais chacun à sa part de responsabilité », a confié la metteuse en scène Mariame Darra après un quart d’heure de discussion en bord de scène avec les spectateurs pour expliquer les motivations de cette représentation.
« Notre rêve, c’est de diffuser ce spectacle le maximum possible afin que beaucoup de personnes voient, que beaucoup de personnes s’expriment », souligne Mariame Darra qui ambitionne d’amener la pièce sous d’autres cieux afin que le message passe au niveau des peuples de toutes les nations.
Edouard KATCHIKPE