L’école béninoise a rouvert officielle ses portes, hier, lundi 28 septembre 2020 aux apprenants et enseignants. A bien des endroits, les activités pédagogiques ont effectivement démarré sur des chapeaux de roue. Ailleurs, en l’occurrence dans les zones inondées, la reprise a été timide pour cette première journée. Enseignants présents au poste, apprenants absents ou l’inverse, c’est le décor offert à la suite des descentes effectuées par les reporters de Educ’Action. Tout ceci dans un contexte difficile marqué par la Covid-19 où les parents d’élèves demeurent craintifs. La première journée de la reprise des classes, c’est tout de suite !
La pré-rentrée du 21 septembre n’a pas été d’une grande utilité dans certains établissements du département de l’Atlantique. Au Complexe Scolaire Adovié A-B-C comme dans celui de Cococodji A-B-C, la matinée de ce lundi 28 septembre 2020, jour officiel de la rentrée, est encore réservée au nettoyage des salles de classes et de la cour de l’école. Pas loin, on procède toujours à l’inscription des apprenants. En file indienne, devant les bureaux des directeurs et directrices desdites écoles, les parents d’élèves s’évertuent à remplir les formalités appropriées pour valider l’inscription de leurs progénitures. Dans cette atmosphère teintée de stress, les jeunes et anciens élèves font leurs retrouvailles à travers de chaudes accolades, parfois sans bavettes de protection. « Certains parents n’épousent pas les instructions données par les autorités si bien que c’est au premier jour de la rentrée qu’ils viennent pour inscrire leurs enfants. Il y a plusieurs parents qui sont venus aujourd’hui pour chercher de places à leurs enfants », a confié à Educ’Action, Comlan Adinsi Sessou, directeur de l’Ecole Primaire Publique Cococodji B. « On ne peut pas dire non parce qu’au moins, la classe de CI a besoin d’un effectif donné. Il n’y a plus personne au CI. C’est 100% de réussite que nous avons eue. Le CE1 et le CM1 même chose. Donc, les classes qui n’ont pas de places sont celles de CP, CE2 et CM2 pour certains », a-t-il ajouté. Au Complexe Scolaire bilingue ‘‘La Couronne’’ sis à Hêvié, tout semble bien se passer hormis quelques réglages. « Nous avons bien commencé, les enfants sont déjà en classe. Nous avons exposé le dispositif de lavage de mains pour permettre aux enseignants de respecter les gestes barrières contre la Covid-19 », a témoigné Mathias Houngavou, fondateur du Complexe Scolaire bilingue ‘’La Couronne’’.
Sur le tronçon marché Godomey – CEG ‘‘Le Nokoué’’, une procession voilée s’observe ci et là aussi bien dans le rang des apprenants que dans celui des parents d’élèves. Seule préoccupation : rallier les écoles et établissements. Du CEG ‘‘Le Nokoué’’ passant par le CEG ‘‘Zogbo’’ pour ensuite échouer au CEG ‘‘Kouhounou-Vêdoko’’, l’heure est encore aux inscriptions. « Nous n’avions pas pu inscrire nos enfants pendant la période dédiée à la pré-rentrée faute de moyens. C’est maintenant qu’on a réussi à obtenir ce qu’il faut pour inscrire les enfants », a dit le parent d’élève Rigobert. Il en profite pour renseigner sur les pièces administratives qui conditionnent la validation ou le rejet du dossier d’inscription des enfants. « Mon garçon est un admis classé et pour l’inscrire ici, on nous a demandé un acte de naissance, une copie légalisée du relevé de note, une enveloppe timbrée et des photos d’identité. On ajoute à tout cela, une fiche de renseignement et une fiche d’engagement», a-t-il détaillé avant d’ajouter qu’après tout cela, le parent est appelé à passer à la caisse pour payer la contribution auprès du comptable. Plus loin, d’autres parents d’élèves font de grands gestes pour plaider et obtenir l’inscription de leurs progénitures. Dans la cour, des groupes d’apprenants se forment pour des discussions entre amis. Le surveillant général du CEG ‘‘Le Nokoué’’, Julien Hountondji, semble, quant à lui, bien occuper à renvoyer les anciens apprenants dans leurs classes respectives. Des enseignants continuent avec le censeur, parfois le directeur pour obtenir leur emplois du temps. Au CEG ‘‘Zogbo’’, les épreuves d’exercices sont déjà distribuées dans certaines classes par les enseignants pour être corrigées à la prochaine rencontre.
Dans les EPES, des anciens étudiants au cours…
Il est 9 heures sur le campus de HECM Abomey-Calavi. A l’entrée de l’université, l’agent de sécurité en faction sur les marches des escaliers passe tout venant au thermomètre. « Bonjour monsieur, une minute s’il vous plait », demande-t-il poliment, le thermomètre électronique dans la main droite. Après avoir vérifié la température en pointant l’outil sur le front de chaque usager, vous avez carte blanche pour accéder dans l’établissement. La baie vitrée franchie, c’est un rez-de-chaussée désert qui vous accueille. Même constat au premier étage. Approché, Adam Salifou, directeur des études du site d’Abomey-Calavi de HECM, fait savoir que les cours ont démarré et les étudiants sont déjà en classe. « A HECM, les étudiants de la 2ième et de la 3ième année ont commencé depuis le 14 septembre 2020. Ceux de la première année vont commencer les cours le 19 octobre », renseigne-t-il. Effectivement, au secrétariat, les étudiants défilent pour prendre des renseignements. A 10 minutes de HECM, c’est aussi le même constat des inscriptions à ISM Adonaï. « La pré-rentrée va être effective d’ici le 05 octobre. Face à la Covid-19, nous avons des dispositifs de lavage des mains en plus des distributeurs automatiques de gel hydro-alcoolique. Systématiquement, chaque apprenant doit avoir son cache-nez. Même si un étudiant venait sans son cache-nez, l’établissement en dispose suffisamment pour lui en offrir », a déclaré Dr Adam Salifou.
Une reprise timide dans les zones inondées…
Aux antipodes de leurs camarades dont les établissements sont à l’abri des eaux, les élèves et écoliers des villes inondées n’ont pu effectuer correctement la rentrée des classes. Loin des écoles ou faiblement présents, ils doivent attendre le retrait des eaux des écoles et collèges pour espérer renouer pleinement avec les activités pédagogiques. Ce qui laisse croire à une Ecole à double vitesse. De sources concordantes, un calendrier spécial serait envisagé pour prendre en compte cette réalité et permettre aux apprenants des zones inondées de retrouver, légèrement en différé, le chemin de l’école.
Impressions de quelques acteurs rencontrés
Noël Fassinou, surveillant général du CEG ‘‘Le Plateau’’
« Les premiers cours ont été administrés »
«Il n’y a pas eu de différence particulière cette rentrée. Nous sommes dans le système éducatif béninois et les règles sont les mêmes partout. La pré-rentrée a été effectuée et les inscriptions ont commencé à temps. Cela nous a permis d’avoir moins d’affluence aujourd’hui parce que beaucoup d’apprenants ont pu s’inscrire. Durant la semaine passée, le censorat a joué également son rôle ; les listes ont été affichées de même que les emplois du temps. Les premiers cours ont été administrés aujourd’hui, même si tous les élèves n’étaient pas prêts pour la reprise des classes comme cela se doit. Ils pensent toujours que quand on dit la première journée de la rentrée, c’est pour aller s’amuser. Les classes ne sont pas pleines certes, mais les cours ont effectivement démarré. En tant que surveillant, je ne peux qu’exhorter les élèves à la discipline parce que c’est au bout de cela qu’il y aura le succès en fin d’année. L’autre chose, c’est de leur demander de consacrer plus de temps aux cahiers qu’aux distractions. C’est vrai qu’on doit se distraire, mais il faut travailler d’abord. Après le travail, on peut se distraire. »
Serencia Ganvoèdo, élève en classe de 1ère
« Nous sommes venus mais nous n’avons pas vu le professeur »
«Cette première journée de la rentrée s’est bien déroulée. Nous sommes venus mais nous n’avons pas vu le professeur. Nous l’avons attendu et il venu après. Ma méthode de travail cette année, c’est de faire des recherches à l’avance sur les cours avant même que les professeurs ne viennent en parler en classe. Je vais mettre le paquet au cours de cette année scolaire. »
Benjamin Bessan, élève en classe de 1ère
« Je souhaite une excellente rentrée 2020-2021 à tous »
«La rentrée a démarré effectivement ce 28 septembre et les enseignants ont répondu massivement présents. Tout à l’heure, nous avons fait même le premier cours d’Anglais. Ma seule remarque, c’est juste que certains camarades pensent que nous sommes toujours en vacances et ne sont pas venus. Le conseil que je peux donner à mes camarades, à l’entame de cette rentrée scolaire, c’est de se mettre rapidement au travail afin de donner un bon résultat en fin d’année. Je souhaite une excellente rentrée 2020-2021 à tous. »
Amiel Guedenon, élève en classe de Terminale C
« Je compte travailler très dur afin que les résultats soient bons »
«Les cours ont bien repris, nos professeurs sont venus et nous avons fait le cours normalement. Pour cette nouvelle année scolaire, je compte travailler très dur afin que les résultats soient bons. »
Bertille Accrombessi, élève en classe de 1ère
« C’est parti pour mercredi prochain pour un nouveau cours de mathématiques »
«Aujourd’hui, c’est le premier jour de la rentrée et je suis très contente de reprendre les cours. Pour le cours de mathématiques que nous avons ce matin, le professeur était à l’heure mais comme la classe était sale, le cours n’a pu se dérouler. Le nettoyage de la classe a pris un peu plus de temps, donc il était obligé de rentrer d’abord. C’est parti pour mercredi prochain pour un nouveau cours de mathématiques. »
La Rédaction de Educ’Action