L’Ecole béninoise a été récemment éprouvée par la crise sanitaire liée à la Covid-19, forçant la prise de mesures extrêmes telles que la fermeture des écoles et le renvoi des apprenants et enseignants à la maison pour des congés de Pâques anticipés. Heureusement, le dégel partiel de la situation a été favorable à la reprise des activités académiques, depuis des semaines, sur fond de défis majeurs à relever au nombre desquels l’encadrement assidu des apprenants des classes du CM2 pour espérer un taux records, ou du moins amélioré, d’admissibilité au soir de l’examen du CEP 2020. Conscient des enjeux dans le sous-secteur primaire et animé par le souci de réaliser cette performance éducative, le ministre Salimane Karimou entouré des cadres du département a déployé, dans le cadre d’un programme spécial, soixante-douze (72) inspecteurs et conseillers pédagogiques sur l’ensemble du territoire pour assister pédagogiquement les directeurs d’écoles et enseignants des classes du CM2, et renforcer les enseignements et apprentissages des candidats au CEP. Les constats des reporters de Educ’Action dans plusieurs écoles du pays, en disent long. Reportage !
Jeudi 18 juin 2020. Nous sommes dans le département du Littoral. Sous la pluie battante de la journée qui inonde déjà plusieurs parties de la ville, des inspecteurs et conseillers pédagogiques, en petites délégations, ont parcouru des écoles primaires publiques pour s’assurer de la qualité du travail en cours aux fins d’améliorer le niveau d’apprentissage des apprenants du CM2 et candidats à l’examen du CEP 2020. Blaise Agossa, directeur de l’enseignement primaire du Ministère des Enseignements Maternel et Primaire (MEMP) accompagné de Magloire Cossou, inspecteur retraité commis et Bellor Gnambodè, conseiller pédagogique, ont sillonné au pas de charge les EPP Donatin, Avotrou, Cadjèhoun, Sikè Sud, Sikè Nord et Houalacomey. A chacune des étapes, enseignants et apprenants s’investissent consciencieusement dans le travail pédagogique, révisant par endroits des items et approches notionnelles. Ailleurs, des sujets et épreuves sont proposés aux candidats pour d’une part, apprécier leurs comportements et réactivité dans un contexte d’examen puis d’autre part, jauger leurs capacités de compréhension et d’assimilation des enseignements délivrés par les encadreurs ainsi que le respect strict des gestes barrières en milieu scolaire chez ces candidats. « Que faites-vous avant notre arrivée ? Avez-vous les annales de 2017, 2018 et 2019 ? L’emploi du temps spécial envoyé par le ministère est-il rigoureusement respecté ? Tous les enfants portent-ils leurs cache-nez ? Les dispositifs de lavage de mains existent-ils ici ? » Autant de questions auxquelles les directeurs d’écoles et enseignants tentent d’apporter des réponses pour renseigner les délégations d’inspecteurs et de conseillers pédagogiques déployés par le ministère. « Notre descente ne s’inscrit pas dans une dynamique de contrôle, mais plutôt de renforcement des instituteurs pour les amener à mieux faire pour améliorer les séances d’apprentissages qui pourront impacter positivement les candidats et accroître le taux d’admissibilité au CEP prochain », a déclaré, par endroits, aux responsables et enseignants d’écoles primaires publiques l’inspecteur Magloire Cossou. A l’en croire, l’heure est à la mobilisation autour des enfants pour rehausser leur niveau, fixer en eux les savoirs essentiels exigés après le retour à l’école et améliorer leur réactivité devant les épreuves dans un contexte d’examen à l’instar du CEP 2020 fixé pour le 06 juillet.
Des constats du terrain…
Au cours de leurs périples dans les écoles primaires publiques du Littoral, les délégations ont aussi sensibilisé les enseignants et les apprenants sur le respect des mesures barrières définies par le gouvernement contre la Covid-19 telles que le port obligatoire des bavettes, la distanciation sociale d’un mètre entre apprenant, et le lavage des mains. Les inspecteurs et conseillers pédagogiques ont aussi recensé les difficultés soulevées par les enseignants et encadreurs en vue d’y apporter des solutions avant l’organisation officielle de l’examen du Certificat d’Etudes Primaires. Du point partiel fait par certains inspecteurs à Educ’Action, la difficulté majeure se résume au non-respect de l’emploi du temps confectionné par le MEMP et qui devrait servir de boussole pour la conduite des activités pédagogiques, ces derniers moments, dans les écoles de l’Etat. « Certains instituteurs n’ont pas tenu rigoureusement compte de l’emploi du temps du ministère et notre passage a permis d’attirer leur attention sur ce manquement et dans beaucoup de cas, les responsables d’écoles ont promis pallier l’insuffisance », a confié l’inspecteur Magloire Cossou. L’autre constat est lié aux difficultés qu’éprouvent les apprenants à aborder efficacement et sereinement les épreuves de mathématiques et de la dictée. « Sur un échantillon de 100 apprenants questionnés, plus de la moitié estiment qu’ils ont des difficultés à traiter les épreuves de mathématiques et de la dictée. Alors avec leurs enseignants, nous avons appris aux apprenants des astuces pour efficacement traiter ces épreuves qui s’apparentent difficiles pour beaucoup d’apprenants d’ailleurs », ont confié à Educ’Action les inspecteurs et conseillers pédagogiques interrogés dans le Littoral. Blaise Agossa, directeur de l’Enseignement primaire, a résumé la mission de travail en ces termes : « L’équipe a commencé à travailler depuis le lundi 15 juin. On a fait le tour de plusieurs écoles où les directeurs sont en situation de classe avec les apprenants. Dans certaines écoles, nous avons été positivement marqués par la qualité du travail ; nous avons suivi les enseignants et encadreurs en appréciation des copies des enfants. Des écoles ont respecté le principe de l’Approche Par les Compétences lors des annotations, d’autres ont fait une appréciation globale des copies ; ce que nous avons automatiquement relevé et corrigé avec les enseignants ».
L’Atlantique avec son lot d’inspecteurs et de CP pour l’encadrement des apprenants du CM2
Du Littoral, cap sur le département de l’Atlantique. Ici, une équipe de six (06) inspecteurs et de conseillers pédagogiques ont sillonné les écoles primaires publiques de Toffo, Zê, Allada, Sô-Ava, Abomey-Calavi 1 et 2, Tori, Ouidah et Kpomassè. Toutes les circonscriptions scolaires sont parcourues. Au cours de leur séjour, ces acteurs de l’école ont été au contact des directeurs, des apprenants, des enseignants, en l’occurrence ceux du CM2 afin d’apprécier leurs approches d’encadrement des candidats à l’examen du CEP. Ils ont, entre autres, apprécié la démarche pédagogique des encadreurs et évalué les copies proposées par les apprenants. Ils ont aussi remédié aux insuffisances observées dans les classes et réalisé des entretiens avec les directeurs d’écoles sur ce qui est attendu d’eux. « Quand nous allons quelque part, nous notons le nom de l’école, le nom du directeur et l’effectif des classes. Dans la classe, on voit si les enfants sont vraiment positionnés un par table comme préconisé par la mesure de distanciation sociale liée à la Covid-19. Si ce n’est pas fait, on met le directeur en demeure de le faire en même temps. On observe si les enfants ont porté leurs masques. Nous avons aussi conseillé que les enfants lavent effectivement les masques pour qu’en dehors de la maladie, la poussière ne les dérange pas. Ensuite, nous contrôlons s’ils suivent l’agenda envoyé par le ministère parce que le ministère leur a envoyé un emploi du temps à suivre ainsi que des épreuves par discipline à traiter avec les enfants dans la journée. On apprécie ce qu’ils font dans la journée ; nous constatons aussi s’il y a une équipe qui les aide à la correction des copies. Nous insistons aussi sur la correction collective. Et quand on constate qu’il y a quelques erreurs, on intervient », a expliqué au reporter de Educ’Action, l’inspectrice Eléonore Akpogandé Gbaguidi. S’agissant des difficultés liées à la mission, elle indique qu’elles sont d’ordre pédagogique. C’est par exemple, martèle-t-elle, le fait que certains enseignants ne sont pas suffisamment informés sur les instructions. « Nous-mêmes, nous devons faire des séances de recyclage, les années à venir, avant de descendre sur le terrain pour permettre à tout le monde d’être au même niveau d’information », a-t-elle conclu.
A Zogbodomey, convergence des énergies autour du CEP blanc
A Zogbodomey, dans le Zou, ce jeudi 18 juin, l’heure est aux préparatifs et à l’organisation de l’examen blanc national du CEP. Dans la région pédagogique 42, les réunions se multiplient sous la direction du CRP. François Agbodji, puisque c’est de lui qu’il s’agit, inspecteur des Enseignements maternel et primaire, mobilise ses collaborateurs de la circonscription scolaire de Zogbodomey. Pas loin du reporter de Educ’Action, dans une salle de réunion, attendaient des chefs centres, chacun installé suivant la mesure de distanciation sociale d’un mètre. A cette occasion, des instructions se suivent de qui de droit pour l’organisation et le déroulement sans anicroches de l’examen blanc. Chaque aspect pratique de l’organisation est passé au peigne fin : le nombre de salles de composition, le nombre de tables-bancs disponibles, la présence des surveillants dans les centres, les enveloppes, les pots-de-colle, la craie, les feuilles de compositions, les épreuves, etc. Presque tout a été évoqué pour éviter les ratés du jour d’examen. « La région pédagogique 42 est prête. Les enfants sont prêts également. Les directeurs ont été instruits pour inscrire les numéros sur les tables », a fait savoir François Agbodji, indiquant au passage que le matériel sensible est déjà sur place. L’inspecteur a aussi insisté sur le respect des mesures barrières lors de l’examen blanc national du CEP dans les centres de compositions. « N’oubliez pas vos cache-nez et vérifiez si vos dispositifs de lavage de mains sont visibles pour les apprenants et candidats. Assurez-vous aussi que ces mesures sont respectées par tous les usagers des centres de compositions », a conseillé le CRP 42. « Actuellement, le travail d’encadrement et de suivi des enfants amorcé depuis des jours, se poursuit dans les écoles primaires publiques de la région selon l’emploi du temps du ministère pour mieux aguerrir nos candidats à l’examen officiel du CEP 2020. C’est toujours dans ce souci de performance que l’examen blanc du CEP sera aussi organisé pour jauger les apprenants et en même temps envisager les mesures palliatives avant le CEP officiel », a-t-il confié à Educ’Action à Zogbodomey, dans le Zou.
De l’encadrement des activités pédagogiques dans les classes du CM2 dans le Zou
Selon le CRP, François Agbodji, « chaque jour, les inspecteurs et conseillers pédagogiques vont dans les écoles dans le département. Moi-même, je choisis une école dans la matinée et une autre dans la soirée que je visite pour observer et assister les directeurs et enseignants des classes du CM2 ». A l’en croire, après vérification du respect des mesures barrières, les inspecteurs et conseillers pédagogiques doivent suivre l’enseignant lors des séquences pédagogiques et intervenir au besoin. « Notre engagement consiste à les suivre et à relever les erreurs lorsque nous les constatons afin de savoir comment les remédier. Notre rôle consiste donc à apporter des corrections pendant l’intervention de l’enseignant. C’est de la co-gestion ou encore une co-animation des interventions des enseignants », informe le CRP, martelant par exemple que pour une épreuve de EST, ce sont des items qui sont proposés. « Nous observons comment l’enseignant corrige les items avec les enfants. La période des deux semaines est consacrée à l’utilisation des annales. Chaque année, le ministère essaie de mettre à la disposition des maîtres du CM2 des annales qui regroupent des épreuves types avec leurs corrigés. Cela sert d’exercice aux apprenants. Ce sont les annales de 2018 et 2019 qu’on a compilées pour cette année. Pour éviter la navigation à vue avec le document, l’enseignant dispose d’un emploi du temps qui lui indique des activités à faire tous les jours », déclare à Educ’Action l’inspecteur François Agbodji.
Le Mono répond à l’appel de l’encadrement des candidats du CEP
Dans le département du Mono, on est également conscient de la nécessité d’encadrer les enfants, candidats à l’examen du CEP après la longue période de repos imposée par la Covid-19. A l’école primaire publique de Guinkomey, à Lokossa, on met également les bouchés doubles pour occuper sainement les apprenants du CM2 conformément aux indications du Ministère des Enseignements maternel et Primaire (MEMP) avec l’implication et l’observance des inspecteurs et conseillers pédagogiques. Il sonnait 08 heures 38 minutes, ce vendredi 19 juin. Dans les classes du CM2, l’heure est aux travaux de révision. D’une épreuve de mathématiques, on passe à une autre dans une autre discipline d’enseignement. Par moments, des apprenants sont envoyés aux tableaux pour effectuer des opérations ou analyser des phrases. Approché par le correspondant de Educ’Action dans le Mono, Anatole Hounsou, directeur du groupe A, confesse avoir déjà fait le maximum avec ses apprenants. « Avec l’aide des inspecteurs et conseillers pédagogiques déployés par le ministère, j’ai révisé plusieurs séquences de cours avec mes enfants. Nous avons traité plusieurs types d’épreuves. Nous avons tous bénéficié de l’accompagnement et des directives des inspecteurs. Des items ont été revus ensemble. Je pense qu’ils sont actuellement prêts pour aborder sereinement les épreuves de l’examen blanc du CEP », a-t-il confié à Educ’Action. Cap après sur l’EPP Adjacomey, toujours à Lokossa. Ici, la présence d’une moto dame garée devant une classe du CM2 attire l’attention. A l’intérieur, quinze (15) apprenants, soit 8 garçons et 7 filles, regards fixés au tableau, traitent assidument une épreuve de ES, sous la direction de l’enseignante Aurélie Sèdé. Après cette épreuve, ils abordent une autre, celle des mathématiques selon l’emploi du temps. L’exercice a été passionnant qu’instructif pour ces écoliers visiblement enthousiastes. Les épreuves traitées sont tirées de l’annale 2017 des épreuves et grilles de correction du CM2. Au tableau, Aubierge Hountondji, une fillette de 12 ans, et Ricardo Dinkpénon, un autre écolier, relisant les questions à l’ensemble de la classe. « Nous allons apprécier et évaluer, tout à l’heure, les copies proposées par les apprenants », a confié à Educ’Action, l’enseignante Aurélie Sèdé de l’EPP Adjacomey, dans l’arrondissement central de Lokossa.
Le MEMP à l’écoute des besoins des candidats au CEP 2020
Fruit d’une réflexion approfondie, ce programme spécial du Ministère des Enseignements Maternel et Primaire ne manque plus de pertinence à la lumière de la contribution qu’il apporte aux candidats et acteurs de l’école en termes de suivi et d’encadrement des apprenants du CM2. Interrogé par Educ’Action, Rock Comlan Ahokpossi, Inspecteur général pédagogique du MEMP, renseigne que depuis 2016, le ministre Salimane Karimou, soucieux de l’amélioration des performances des écoliers en général et spécifiquement des apprenants du CM2, candidats au CEP, a concocté ce programme spécial planifié pour être exécuté en quatre (04) semaines après la mise en œuvre des savoirs essentiels exigés après la réouverture des classes. « Il s’agit d’une visite de classe avec pour objectif un appui intelligent et stratégique à apporter aux enfants face aux différents types d’épreuves qu’ils sont appelés à aborder lors du CEP », a précisé le IGPM. A l’en croire, soixante-douze (72) inspecteurs et conseillers pédagogiques ont été mobilisés ponctuellement par le ministère à cette tâche qui était déjà suivi par tous les conseillers pédagogiques de zones et les chefs de régions pédagogiques. Dans l’ensemble des départements du Bénin, ils ont donc, dans un élan collectif, craie à la main, apporté la lumière aussi bien dans la démarche de résolution des items que dans les techniques de recherche des réponses aux consignes donnés.
Du coup, le rêve d’un taux d’admissibilité exponentiel de nos apprenants au soir des délibérations des résultats du CEP 2020 est bien possible pour le bonheur du sous-secteur Primaire en particulier et de l’Ecole béninoise en général.
Réalisé par la Rédaction