Le malheur vient de frapper la communauté de Tado, inconsolable. L’Asen royal a disparu de son couvent plongeant ainsi adultes, jeunes et enfants dans la tristesse. Une main invisible a eu l’audace de déposséder le royaume de l’arbre de la forêt, de ses identités culturelle et cultuelle ancestrales. Une telle profanation relève d’un sacrilège dans le royaume et mérite qu’on retrouve, à tout prix, le coupable pour lui faire rendre gorge. Avec le concours des ancêtres, l’auteur du crime va être démasqué et conduit devant le tribunal traditionnel pour répondre de ses actes. Pour sauver son estomac, Afougnon a osé profaner et brader le sacré, qu’il considère comme un morceau de l’histoire et vieux objets métalliques sataniques, contre la modique somme de 7 000 Francs CFA à des ‘‘Zodjagués’’. Pour la communauté de Tado, le coupable mérite la mort pour avoir mis en danger le royaume au lieu de prendre soin et de protéger l’héritage ancestral. Tribunal traditionnel supérieur habileté à connaître de ces genres de crime, la voix de la tombe plaide la clémence de la communauté. Afougnon va être sauvé alors de la mort après avoir fait son mea culpa. Après la cérémonie traditionnelle de purification, il intègre à nouveau la communauté avec la volonté de préserver et de sauvegarder les biens culturels de la communauté.
C’est le spectacle « Héritages » du projet « Patrimoine en lumière » qui vient ainsi d’être déroulé, pour la première fois, le jeudi 21 juillet 2022, dans la cour royale circonstancielle érigée sur la tribune de l’amphithéâtre Etisalat de l’Université d’Abomey-Calavi. A partir du texte de Rose Ablavi Akakpo, écrit dans la nuit du 19 au 20 octobre 2021 et mise en scène par Robert Asdé, les comédiens jettent un faisceau de lumière sur le trafic des œuvres culturelles et le bradage du patrimoine culturel africain. Ce spectacle vient sensibiliser le public sur le trésor que constituent le patrimoine culturel matériel et immatériel et la nécessité de les sauvegarder et de les protéger. Dans le spectacle, Afougnon a eu le privilège de bénéficier de la grâce des ancêtres certes, mais ce ne sera pas le cas pour toute personne reconnue auteur de bradage du patrimoine culturel du Bénin. Paul Akogni, directeur du Patrimoine culturel, précise que désormais un texte légifère la matière au Bénin et sanctionne les auteurs d’une forte amende et d’un emprisonnement ferme.
Edouard KATCHIKPE