Le cœur meurtri, je me résous enfin à opiner sur le versant éducatif de ce spectacle atrocement inédit offert, ces derniers jours, au paisible peuple béninois ; au lendemain des élections législatives en République du Bénin. Pourtant célèbre sur le toit du monde pour la qualité de son processus et sa marche démocratique, le pays de bien des héros a vu écornée son image de havre de paix, ses attributs de nation réputée pour le respect des libertés et droits de l’homme. Jamais, on n’a été spectateur froissé de telles scènes, au relent politique avec son cortège de casses d’édifices publics, d’installations privées et de destructions massives. Dans plusieurs villes, la rage débordante des destructeurs et vils manipulés a assommé, ébranlé la quiétude de simples citoyens, qui, au jour du 28 avril, devraient imprimer un nouvel élan à la dynamique démocratique via leurs votes. Les conséquences fâcheuses sont énormes et la terreur psychologique toujours latente. On continue de craindre l’escalade de la violence avec des poches de tension par endroits, surtout que la phase d’installation des nouveaux élus du peuple est imminente. Chers lecteurs, à l’analyse de cette série d’épisodes macabres, une conclusion se dégage : l’éducation individuelle (dans son ensemble) des parties prenantes à la crise a-t-elle échoué ? Et si c’est le cas, quelle part de responsabilité pour l’Ecole ? Déjà à la maternelle et plus accentué au primaire, on nous a appris et on continue de nous apprendre l’intérêt de la culture de la paix, le respect à la différence, la promotion des valeurs morales et éthiques, la dissémination des dérivés démocratiques, la nécessité d’aller au consensus et au développement, sans pour autant effriter l’identité, le droit à la différence d’opinion et de ton. Mais là, tout semble être enseveli avec une prime aux désordres, au renoncement aux valeurs démocratiques et de paix. La piste de l’Ecole ainsi rudement éprouvée, des hommes sans foi ni loi n’ont nullement ressenti la moindre gêne à lancer leurs sordides appels à la contestation violente, au défoulement funeste et hypothétique, rangeant au placard les enseignements éducatifs et constructifs qui forgent et bâtissent l’être, comme porteur des valeurs de paix, de progrès et du développement. Ces individus ont renoncé, le temps d’une ou de deux semaines, aux idéaux de l’Ecole. A la limite, ils n’y croient plus, encore moins à ses préceptes, doctrines, larguant des propos incendiaires, qui, hélas, ont fait mouche à bien d’endroits. Depuis des jours, des citoyens et même des érudits, via des descriptifs et opinions de presse, s’interrogent sur ce dégarnissage soudain du comportement noble et civique du Béninois, lui qui est réputé pacifiste parfois même à l’excès. D’où l’interpellation de l’Ecole, cadre vertueux, approprié et idoine du formatage intellectuel, psychique, psychologique, social… et même politique de l’apprenant qui deviendra plus tard adulte et gouvernant. On s’étonne donc que des personnes non écervelées, produits de l’Ecole et de ses valeurs de paix, de jugeote, de conscience et de responsabilité, s’esquivent aussi facilement à la morale, à l’éthique dont les fondements s’enracinent dans le champ éducatif, pour s’offrir cette partie de vice, de déchéance morale et comportementale, ordonnant ou contribuant en personne à la destruction de ce qui nous appartient à nous tous : le bien public. Doit-on en déduire que l’Ecole ne plante plus en nous, en nos aînés, jeunes frères et enfants, les germes du bon, du beau, du bien et du censé. La question reste ouverte et chacun peut, à loisir, continuer le débat à son niveau afin que plus jamais, nous n’ayons droit à de telles souillures nationales. Telle est ma contribution.
Serge David ZOUEME