Vie de l’école : La timidité, source d’échec chez des apprenants - Journal Educ'Action
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Vie de l’école : La timidité, source d’échec chez des apprenants

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La question de la timidité de l’apprenant en situation de classe semble souvent être mal abordée par une frange d’enseignants, précisément ceux des établissements privés d’enseignements maternel et primaire. Pourtant à la faveur des formations dans les Ecoles Normales des Instituteurs (ENI), des cours sont donnés sur les procédures à suivre par le titulaire d’une classe aux fins de maîtriser cette catégorie d’apprenants. Des informations recueillies, des enseignants maîtrisent le comportement à adopter, mais peinent à les pratiquer.

«L’enseignant doit mettre l’apprenant en confiance, l’encourager et le désigner plus souvent. Il revient à l’enseignant de prendre la mesure de l’état de l’apprenant afin de l’aider à dominer sa crainte et à développer une confiance en soi. Cela amène l’enseignant à se faire ami à cet élève, à le rassurer, à lui montrer beaucoup d’affection puis à identifier les causes de sa timidité afin de les dissiper progressivement. L’enseignant met l’enfant en confiance et l’amène progressivement à suivre les autres par le truchement de jeux et autres. L’enseignant doit chercher la source de la timidité de l’enfant et après, lui prouver qu’il est capable de faire telle ou telle chose. L’enseignant doit donner beaucoup d’amour à l’enfant, s’intéresser plus à lui, lui montrer que dans la vie, on ne doit pas avoir peur de faire des erreurs, user des moyens pour permettre à l’enfant de retrouver confiance en soi ». Ce sont-là quelques réponses d’enseignants de la maternelle comme du primaire au micro du reporter de Educ’Action. Ceci en lien avec le comportement que doit adopter un enseignant face à un apprenant timide. De toutes les interventions, il ressort que l’enseignant a un rôle primordial à jouer dans l’évolution et la réussite de cette catégorie d’apprenants. Hélas, une telle attitude n’est pas observée dans tous les établissements d’enseignements, surtout privés où l’apprenant ne bénéficie pas nécessairement de l’attention propre à son cas. Vus comme un maillon faible qui affecte les activités pédagogiques, les enfants timides sont inhibés par rapport à leur relation avec les autres et avec le monde de façon générale. C’est le cas de Ramnath, écolière en classe de CM1, dans une école privée de Hêvié, au quartier Sogan, commune d’Abomey-Calavi. Elle est légendairement reconnue par ses proches comme une fille timide, à l’école comme à la maison. Souvent ignorée par son enseignant à cause de son éternelle timidité, Ramnath échoue en classe de CM1 pour le compte de cette année scolaire 2018-2019. Ce qui a suscité la colère de son père qui n’a pas hésité à se plaindre auprès des acteurs de l’école. Pour reconnaître un apprenant timide, trois (03) éléments entrent en ligne de compte.

Des éléments distinctifs d’un apprenant timide…

L’enfant ne naît pas pour exposer, de son gré, sa timidité au sein de la société ou du groupe dans lequel il se trouve. Ce sont les pesanteurs de la société qui le poussent à afficher cette timidité. Les tempéraments de l’enfant depuis le bas âge en sont un. « Il y a le tempérament de base de l’enfant. Nous savons chacun que nous sommes nés avec nos tempéraments de base qui vont faire qu’on aura la propension à faire telle ou telle chose, le délai entre les moments où on agit », a laissé entendre Lucrèce Anagonou Lary, pédopsychiatre au Centre hospitalier universitaire de la mère et de l’enfant de Cotonou, ex- Homel, pour informer sur le premier élément caractérisant un enfant timide. L’autre élément que la spécialiste de la psychiatrie des enfants a évoqué dans ses explications est celui des situations sociales que l’enfant a pu connaître et les nuances qui ont tourné autour de lui-même, le rendant timide. « S’il y a eu des situations où le message qu’on lui a envoyé est que tu ne peux pas y arriver, tu es incapable de faire ça, l’enfant va l’enregistrer comme cela », a-t-elle donné en exemple pour illustrer son explication. Et le troisième élément s’intéresse aux parents au regard de leur rôle dans le développement de l’enfant. « La façon dont les parents se comportent avec les enfants est importante. Dans le même sens que ce qu’il a eu avec l’enfant de façon générale. Il y a le message que le parent envoie à l’enfant par rapport à sa capacité à faire ou à ne pas faire », a confié la pédopsychiatre, invitant ainsi les parents à faire disparaître la crainte qui anime leur enfant dans une telle situation. Que dire des méthodes permettant de canaliser la timidité de ces élèves ?

Des méthodes pour dissiper la timidité au niveau de l’apprenant…

Un travail de diagnostic doit être fait par l’enseignant pour savoir si l’apprenant étale les éléments cités supra sur la timidité. C’est après ce constat révélateur que le titulaire de la classe use de certaines méthodes pour éponger la crainte qui fait que l’apprenant se recroqueville sur lui-même. « Il doit se mettre dans sa tête que c’est un enfant qui manque de confiance. Il amène cet enfant à avoir plus de confiance en lui-même », a fait savoir Lucrèce Anagonou Lary pour abonder dans le même sens que le collège des enseignants qui sont intervenus plus haut. Elle poursuit, invitant les enseignants à ne pas mettre l’apprenant dans des situations embarrassantes pouvant exposer son incapacité. Mais elle suggère : « … Quand on met l’enfant dans les conditions qu’il peut gérer, il commence par affirmer sa personnalité. Et quand l’enfant arrive à le faire, il faut le valoriser. Ce n’est pas le résultat final forcement ». Aux enseignants habitués à montrer à l’enfant timide que c’est sa personnalité qu’il affiche de nature, la pédopsychiatre trouve que c’est de mettre le feu aux poudres. « Il ne faut pas lui ressasser qu’il est timide parce qu’à force de lui répéter cela, il finira pas se dire qu’il est comme ça de nature et qu’il n’y aura plus changement. Cela va aggraver la situation », a alerté le docteur Lucrèce Anagonou Lary avant d’affirmer que l’apprenant n’a jamais décidé d’exposer sa timidité. Pour information, la timidité cuisante de certains élèves et l’attention à y apporter plombent souvent l’évolution de l’activité pédagogique. C’est d’ailleurs, selon le constat fait sur le terrain, la raison de l’ignorance de certains enseignants à l’égard de ces cas d’apprenants. Néanmoins, il ressort que cette catégorie d’élèves brillent sur les copies, malgré leur timidité.

Enock GUIDJIME

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