Une femme pour marquer et révolutionner la vie associative sur le campus d’Abomey-Calavi. Godline Agbidinoukoun en porte bien le rêve et nourrit cette ambition, à bien des égards, bien osée.
Couleur ébène de peau et jouissant d’une posture silhouette digne des femmes amazones, Godline Agbidinoukoun, elle-même native du plateau d’Abomey, confirme l’adage qui stipule qu’aux âmes bien nées, la valeur n’attend point le nombre des années. Arrivée à l’Université d’Abomey-Calavi en 2014 pour y poursuivre ses études supérieures à l’Ecole Nationale d’Administration et de Magistrature (ENAM), l’étudiante s’est vu confiée très tôt un poste de responsabilité au sein de l’institution spécialisée des énarques dénommée Association Terreau de l’Excellence-Mouvement pour l’Excellence et le Talent Intellectuel (AST-METI).
Passée en deuxième année, elle gravit les échelons en intégrant désormais le Bureau Directeur de cette même institution spécialisée, tout en cumulant une autre fonction de responsable d’amphithéâtre avant d’intégrer l’année suivante le Club Environnement, une autre institution spécialisée de l’ENAM. Depuis un mois environ, l’étudiante en troisième année des finances et du trésor est aux commandes de la deuxième organisation estudiantine la plus représentative de l’Université d’Abomey-Calavi. Agée de 21 ans seulement, la candidate tête de liste « Ensemble », élue présidente du Bureau Exécutif Fédéral (BEF) de la Fédération Nationale des Etudiants du Bénin (FNEB), le mercredi 19 décembre 2018, est la première femme, mais aussi la plus jeune présidente dans l’histoire des organisations estudiantines au Bénin. Sur les traces de cette jeune militante au parcours atypique, Educ’Action découvre une Godline (la voie de Dieu ou la ligne tracée par Dieu) porteuse de vie qui ambitionne de porter les rêve de la FNEB. « Je ne dirai pas que c’est arrivé sur un coup de baguette magique. Nous avons préparé cette élection sur dix (10) mois pour ne pas dire pratiquement sur toute une année. Comme on le dit souvent, l’humilité précède la gloire. J’ai pris le soin d’être humble et accessible à tout le monde et c’est ce qui m’a valu cette victoire historique. Dieu a voulu que je gagne cette élection parce qu’une autre femme avait essayé la chose en 2010, mais cela n’a pas marché », a expliqué la nouvelle présidente de la FNEB qui, quatre jours après sa prise de service, a lancé les hostilités du mouvement estudiantin.
Nous sommes dans la soirée du mardi 22 janvier 2019 à l’arrêt bus du campus universitaire d’Abomey-Calavi. La nouvelle équipe dirigeante de la FNEB est venue fustiger le phénomène de surcharge des étudiants. « Plus de surcharge dans les bus universitaires », a lancé Godline Agbidinoukoun à l’endroit des conducteurs qui étaient obligés de se replier sur les parkings de stationnement. ‘’Depuis cette première alerte, des avancées ont été enregistrées dans le domaine du transport étudiant’’, ont confessé des étudiants approchés par Educ’Action. La présidente de la FNEB renseigne : « Cette action nous a valu trois rencontres avec l’administration du Cous-AC. Nous sommes tombés d’accord, en présence de l’institution spécialisée de la FNEB qui s’occupe du transport, le BCCL, sur un certain nombre de points. Nous avons réaménagé les horaires de voyage, un certain nombre de choses et l’administration du Cous-Ac a promis la réparation des bus en panne. Nous sommes tombés d’accord sur beaucoup de choses avec des Procès-Verbaux bien signés par chacune des deux parties qu’on pourrait brandir en temps opportun. En ce qui concerne le transport, on a bien débuté ».
De la réflexion sur le militantisme féminin, ce nouveau brave responsable a bien son commentaire. Godline pense que la participation des femmes dans la vie des institutions universitaires est faible pour l’heure, mais la tendance pourrait être bientôt renversée. « Plus de jeunes filles lèvent aujourd’hui la main pour occuper des postes de responsabilité dans les institutions du campus. Certaines viennent me voir et disent qu’elles souhaitent postuler pour devenir responsables d’amphithéâtre et je les encourage à foncer », a témoigné la présidente de la FNEB qui dirige un bureau composé de quinze (15) membres dont trois filles.
Des initiatives en perspective en faveur du militantisme féminin estudiantin
A l’endroit de ses camarades filles qui ambitionnent de militer dans les organisations estudiantines, Godline, la présidente de la FNEB, les exhorte à s’armer de courage et de cran. « C’est un monde de mafieux, je pèse bien mes mots. Ma stratégie durant la campagne, c’est que j’ai dit aux étudiants de ne pas voter pour moi parce que je suis une femme et qu’on est en train de promouvoir le genre, mais seulement s’ils estiment que je suis capable d’apporter quelque chose de nouveau. Donc, nous sommes en train de travailler en vue d’amener davantage de femmes à s’intéresser au militantisme estudiantin », confie-t-elle, très engagée.
Un mandat, des innovations et une collecte de fonds pour l’UAC
Placée sous le signe de l’innovation, la mandature 2018-2019 va connaître beaucoup de nouveautés. C’est l’ambition de la présidente actuelle de la FNEB qui entend organiser un dîner de collecte de fonds au profit de l’Université d’Abomey-Calavi. « Nous prévoyons organiser l’événement le 23 février 2019. C’est un dîner de mobilisation de ressources pour l’université où nous allons toucher toutes les sensibilités du pays à savoir la classe politique, les fondés et chefs d’établissements privés et les étudiants eux-mêmes. La raison qui nous a poussés à initier ce dîner est que nous sommes dans un pays où notre économie est basée essentiellement sur la fiscalité et on n’a pas de ressources intermédiaires. Donc, chaque citoyen doit pouvoir apporter sa contribution en vue d’aider le pays à se construire », renseigne, très convaincue, Godline Agbidinoukoun ; elle qui entend marquer positivement son mandat.
Réalisation : Edouard KATCHIKPE