La courbe est croissante au Bénin en dépit des messages de sensibilisation sur le respect des mesures barrières préventives liées à la situation pandémique de la Covid-19. Une équipe de Educ’Action est descendue à l’Université d’Abomey-Calavi pour faire le constat de l’application des mesures édictées contre le Coronavirus dans le transport étudiant. Reportage !
Etudiant au Département d’Anglais de la Faculté des Lettres, Langues, Arts et Communication (FLLAC) de l’Université d’Abomey-Calavi, Farid vient de terminer son évaluation et peut se rendre à présent chez lui. Comme nombre de ses camarades qui ne disposent pas de moyens de déplacement, l’étudiant emprunte les bus du campus comme seule alternative la moins coûteuse pour rejoindre son domicile ou se rendre à l’université. Une demi-heure nous sépare du dernier convoyage des étudiants pour le compte de cette journée du vendredi 24 Juillet 2020. L’esplanade de l’arrêt bus du campus universitaire d’Abomey-Calavi grouille déjà d’étudiants alignés en file indienne devant les trois postes de lignes fonctionnels sur les six installés dans le périmètre. Dans chaque cabane, tous sont assis accolés sur la terrasse sans respect des mesures de distanciation sociale recommandée en cette période pandémique. Les passagers qui n’ont plus de places pour s’asseoir, comme c’est le cas de l’étudiant Farid, sont obligés de rester serrés debout dans les rangs jusqu’à l’embarquement. Ici, seule la mesure de port de masque est suivie à la lettre et le passager ne tient pas rigueur au lavage des mains, malgré la présence du dispositif de lave-mains. Organisateur général de la ligne 5 reliant l’Université à Pahou, Charles Bossou renseigne que des mesures préventives contre la Covid-19 sont édictées dans le cadre du transport étudiant, même si la mise en application pose encore problème au niveau des étudiants. « Des mesures sont prises pour pouvoir limiter la propagation de la pandémie dans le transport des étudiants. Désormais, quand on vient sur le parking, il faut d’abord se laver les mains, avoir nécessairement son cache-nez et bien le porter jusqu’au-dessus du nez. C’est après cela que vous pouvez rentrer dans le barreau. Une fois dans le barreau, vous pouvez voir une délimitation d’un mètre avec de la peinture rouge. C’est pour que la distance sociale soit respectée. Lorsque le barreau est plein et qu’il faut mettre les camarades sur la terrasse, on respecte également la distance d’un mètre en question. Dans le bus désormais, c’est seulement les places assises qui sont occupées. C’est pour cela que nous veillons à ce que l’effectif ne dépasse pas 45, puisque le bus compte 45 places assises », a confié l’organisateur général de la ligne 5. Entre les mesures préventives ordonnées pour le transport étudiant et la mise en application, le fossé est grand.
Des bus surchargés en violation des règles de prévention contre le Coronavirus…
A 19 heures, les trois bus de couleur jaune portant l’effigie du Centre des Œuvres Universitaires et Sociales de l’Université d’Abomey-Calavi (COUS-AC) vont s’ébranler de l’arrêt bus. L’équipe du Bureau de Coordination des Comités de Lignes (BCCL), en poste cette soirée pour faciliter le chargement à bord des étudiants dispose de moins de quinze minutes pour faire son boulot. Les étudiants sont invités alors à presser les pas pour faire leur entrée dans chacun des bus, après le contrôle de la carte d’étudiant et du ticket bus. En moins d’une dizaine de minutes, toutes les places assises dans les trois bus sont occupées. En principe, l’effectif de passagers à bord est atteint mais contre toute attente, le chargement progresse toujours. Trois étudiants se retrouvent alors à partager deux sièges, pendant que d’autres vont devoir effectuer le voyage debout ou assis serrés dans les marches d’escaliers de la porte arrière des bus. Au finish, tous les étudiants sont chargés à bord, personne n’est laissé sur le carreau et le dernier bus démarre à 19h15. « Vous savez, nous sommes dans une période où les camarades étudiants sont en composition. Nous n’avons pas assez de moyens roulants pour pouvoir transporter tout le monde et c’est ce qui fait qu’à un moment donné, nous avons un effectif pléthorique sur toutes les lignes. Actuellement pour les six lignes, nous n’avons que trois bus qui sont disponibles. Nous essayons de jumeler alors les lignes, ce qui n’est pas vraiment une bonne chose, au regard de cette situation critique de la pandémie du coronavirus », confie Landry Ogoudina, le président actuel du Bureau de Coordination des Comités de Lignes pour éclairer la lanterne de l’équipe de Educ’Action sur les difficultés qui conditionnent la surcharge au niveau du transport étudiant malgré la crise sanitaire ambiante. A défaut de doter dans l’immédiat l’Université d’Abomey-Calavi de nouveaux bus, le premier responsable de l’institution spécialisée en charge du transport étudiant invite les autorités à penser à la réparation des bus en panne. « On ne peut que demander au gouvernement de nous venir en aide. Nous lançons un appel fort à leur endroit pour qu’ils puissent nous octroyer des bus supplémentaires ou qu’ils puissent nous réparer les bus qui sont gâtés et qui sont immobilisés au garage. Cela va soulager la peine des camarades étudiants et aussi limiter les dégâts face à cette pandémie », plaide-t-il, optimiste.
Edouard KATCHIKPE