Transition du CM2 en 6ème : Difficile adaptation pour enseignants et apprenants - Journal Educ'Action - Éducation au Bénin et dans le monde
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Transition du CM2 en 6ème : Difficile adaptation pour enseignants et apprenants

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Niveau d’études exigeant une attention particulière dans sa gestion, la première classe du premier cycle du secondaire, la 6ème, présente d’autres réalités aux écoliers devenus nouvellement élèves après l’obtention du diplôme du CEP. Comment se fait la transition du CM2 en 6ème, quelles sont les réalités que doivent affronter ces nouveaux élèves et quelle doit être la qualité des enseignants ? A ces questions, spécialistes des sciences de l’éducation et censeurs d’établissements publics ont apporté des éléments de réponses.

Il sonnait 10heures passées de quelques minutes. Alors que l’équipe de Educ’Action est sur le terrain pour recueillir des avis des enseignants et surveillants sur un sujet d’actualité, grande a été sa surprise d’apercevoir plus d’une dizaine d’élèves de la même classe renvoyée vers la surveillance par leur professeur. Interrogés sur les raisons de leur renvoi, ces enfants répondent en chœur comme pour faire une partition sur une chanson : « on n’a pas recopié le cours et le prof nous a renvoyés ». On comprend à travers leur réponse donc que, pour n’avoir pas recopié le cours précédent, ils n’ont pas droit au nouveau cours de français. « Voilà pourquoi il ne faut pas confier les classes de 6ème aux novices. Ils ne savent pas s’y prendre avec les enfants. Ils n’ont pas la pédagogie nécessaire pour une classe si sensible », confie le surveillant de cet établissement à l’endroit de l’équipe du journal Educ’Action pour donner son opinion sur la situation. A cette affirmation faite par le surveillant, Educ’Action a pris l’initiative de faire un bref détour dans l’univers des classes de 6ème pour mieux comprendre les réalités de ces classes dites ‘’sensibles’’. Censeurs d’établissements publics et spécialistes des sciences de l’éducation s’accordent sur le fait que la classe de 6ème est une toute nouvelle réalité pour les élèves revenus fraîchement du niveau 3 du primaire pour le niveau 1 du premier cycle du Secondaire.

De la réalité de la classe de 6ème …

« La classe de 6ème est une classe vraiment très sensible parce que les enfants ont été moulés pendant 6 ans dans un système. Le maître recopiait pratiquement le cours au tableau. Après ce parcours, ils rentrent dans un nouveau monde qui commence par la 6ème », se lance Louis Biaou, censeur adjoint du CEG Kouhounou-Vêdoko pour faire la lumière sur les changements qui s’observent déjà dans cette classe. Pour l’appuyer, son collègue Zacharie Hounza du CEG Le Nokoué dira que « la classe de 6ème, c’est une nouvelle étape dans le cursus scolaire de l’apprenant. Au primaire, l’écolier a eu à traverser les trois cycles et au collège, c’est toute une autre étape, l’approche pédagogique est complètement différente ». En termes d’approche pédagogique qui diffère en classe de 6ème, la spécialiste des sciences de l’éducation, Déborah Hounkpè explique qu’ « on voit clairement que l’élève quitte un cycle pour un autre. Il finit le niveau 3 du primaire pour le niveau 1 du premier cycle du Secondaire. Le maître, auparavant unique en classe depuis 6 ans, cède la place à des professeurs, qui viennent chacun enseigner une discipline spécifique. Les heures diffèrent. Les matières et leur appellation changent. Il y a un grand chambardement. Le cadre de l’école change pour les élèves qui n’évoluent pas au sein d’un complexe scolaire». Tout en partageant le même point de vue que la spécialiste des sciences de l’éducation, Zacharie Hounza du CEG le Nokoué ajoute qu’en classe de 6ème, l’enfant met du temps à savoir que chaque matière a son cahier, à comprendre qu’au collège, le professeur ne peut pas le suivre individuellement, que chaque professeur vient, donne ses exercices et s’en va. Face à ces changements qui surprennent du jour au lendemain ces écoliers devenus nouvellement élèves, des faveurs leur sont faites, à en croire le surveillant général du CEG le Nokoué.

Fonctionnement des classes de 6ème …

Les nouveaux élèves de la classe de 6ème doivent en temps normal, bénéficier d’une attention toute particulière, selon les censeurs rencontrés. « Ce sont des apprenants que nous ne punissons pas facilement. Ils ne devraient pas avoir des emplois du temps comme les autres. Les cours de 7heures leur sont prohibés. Les enfants de 6ème ne doivent pas avoir normalement des cours de 7heures. Ils doivent avoir des cours à 8heures pour sortir à 12heures et revenir de 15heures à 18heures », a renseigné le censeur Zacharie Hounza qui ajoute à travers ses explications que pour des raisons de manque d’infrastructures, de mobiliers, ils sont obligés de les soumettre au même régime que les autres. De la même manière que ces classes sont sensibles aux yeux des enseignants, il n’en demeure pas moins qu’elles sont difficiles à gérer. Ces difficultés résident aussi bien dans la gestion des classes par les enseignants que dans le comportement des apprenants.

Difficultés des classes de 6ème…

Les difficultés rencontrées par les élèves, de l’avis de Déborah Hounkpè, sont d’abord des problèmes de compréhension du mode de fonctionnement, de la compréhension des consignes, l’introduction de l’anglais. La manière de copier les cours change. L’enseignant dicte plus qu’il n’écrit au tableau. Il y a des interrogations écrites, des compositions, des devoirs surveillés. Ces divers changements perturbent et impressionnent les nouveaux au point de les bleuir. Pour faire la nuance sur quelques propos de la spécialiste des sciences de l’éducation, Zacharie Hounza dira d’un air sérieux et convaincant qu’« on ne dicte pas les cours en classe de 6ème. Tout est recopié au tableau. C’est pour cela que nos enseignants qui interviennent dans les classes de 6ème, nous augmentons leur dotation en craie et c’est ainsi pour tous les enseignants du 1er cycle. D’ailleurs, c’est ce qu’exige la nouvelle approche, on ne dicte pas ». Il ajoutera pour sa part, qu’en termes de difficultés, ce sont des élèves souvent très absents au cours et ils se livrent aux jeux durant les heures libres au point d’oublier le cours d’après. L’autre difficulté que souligne Louis Biaou du CEG Kouhounou-Vêdoko est que « ces enfants sont d’abord capricieux et ne copient pas les cours à temps. Il va à son rythme alors que le professeur a besoin d’évoluer. Dans ce cas, le professeur est obligé de faire avec et de contrôler par moment les cahiers pour voir si l’élève est à jour ». Conscients de toutes ces réalités, ces acteurs au contact avec les nouveaux collégiens dessinent les qualités attendues des titulaires de classes de 6ème pour une meilleure prise en charge des élèves, pour une bonne transmission de connaissances.

La patience comme qualité première …

La première qualité que doivent avoir les enseignants pour mieux coacher ces apprenants est la patience, de l’avis des acteurs éducatifs rencontrés. « Ce sont des enseignants qui doivent être vraiment très patients et qui doivent être à l’écoute de l’apprenant », conseille Louis Biaou qui se fait appuyer par Zacharie Hounza pour qui, « un enseignant patient, c’est un enseignant qui a déjà toutes les qualités. En plus des connaissances notionnelles et de l’expérience, il doit avoir la patience pour mieux accompagner ses apprenants. C’est d’ailleurs pour cette raison que dans mon école, nous les confions à des professeurs femmes parce qu’il y a le côté maternel qui intervient. Elles sont beaucoup plus patientes avec ces élèves ». « Il faut les confier à des enseignants mûrs et professionnels. Malheureusement, on aime donner les petites classes aux débutants et aux académiques. Or, ces classes ont besoin de beaucoup d’attention et de coaching. C’est une erreur grave que commet l’administration scolaire en banalisant ces classes », se désole Déborah Hounkpè, spécialiste des sciences de l’éducation qui invite par ailleurs les parents d’élèves à être présents dans la vie scolaire de leurs enfants à travers le contrôle des cahiers de cours, des devoirs de maison, des feuilles des interrogations écrites, des devoirs surveillés et des compositions, des visites à l’administration scolaire, des discussions avec les enseignants de leurs enfants. Aux enseignants, elle n’a pas manqué de prodiguer également des conseils pour le bon fonctionnement des classes. « Les enfants de sixième sont des pré adolescents, ils sont encore malléables. Autant leur donner le bon pli dans la rigueur et la discipline. Ceci ne veut pas dire de les tabasser à la surveillance à longueur de journée ou de leur coller des heures à n’en point finir. Non ! Il faut les responsabiliser très tôt et leur fournir, par l’exemple, les attitudes de bons citoyens. Dignité, fierté, rigueur, justice, et travail », a-t-elle recommandé.

Estelle DJIGRI

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