Cessation des activités académiques et pédagogiques dans toutes les écoles sur le territoire national pour cause de Covid-19 depuis plus d’un mois déjà et depuis, les plaintes liées au non-paiement des salaires se font enregistrer de plus belle dans le rang des enseignants du privé.Les promoteurs d’établissements privés parviendront-ils à honorer leurs engagements vis-à-vis de leurs employés pour défaut de prestations liées à la crise sanitaire actuelle ? A quelle sauce seront mangés les aspirants, prestataires de service dans le public ? Educ’Action a fouiné pour vous. Enquête !
Nous étions à la fin du mois d’Avril, précisément entre le 25 et le 30 de ce mois. Les yeux des uns et des autres sont désormais tournés vers leurs employeurs pour espérer recevoir leurs paies pour le travail fait courant le mois d’Avril. Avant même que les salaires ne soient libérés, à chacun son programme sur l’usage qui en sera fait. Certains (les plus chanceux) planifient déjà de rembourser telle ou telle autre dette. D’autres (moins chanceux) grincent les dents, doutant de la charité de leur employeur à leur verser leurs émoluments du mois en raison du départ précoce en congés de Pâques, conformément à la décision gouvernementale liée à la crise sanitaire mondiale. Cette catégorie de personnes tournent le pouce à la recherche de solutions pour gérer les instances. « Nous qui sommes les enseignants des collèges privés, nous sommes trop affectés par cette pandémie du Coronavirus et pourtant, nous avons des familles à nourrir », se plaint déjà Alphonse (nom attribué), enseignant vacataire dans quelques collèges privés du département du Littoral. Curieuse d’en savoir plus, cet enseignant vacataire explique : « Dans les collèges privés où je suis vacataire, on n’est pas payé. C’est normal étant donné que dans le privé, nous sommes payés proportionnellement au nombre d’heures effectuées », a-t-il clairement expliqué assis devant son portail et visiblement affecté par cette situation. Il ne l’a d’ailleurs pas caché à qui veut l’entendre. « Mes revenus habituels viennent majoritairement des collèges privés où j’interviens. Ce qui veut dire que je n’obtiens rien de ces collèges ce mois-ci ». Face à cette déclaration, nous avons cherché à comprendre quel est le sort réservé à ces enseignants des écoles privées en cette période de Covid-19.
Traitement salarial des enseignants du privé en ce temps d’arrêt de cours…
Fortuné Adogony est directeur du collège Sainte Melissa. Il emploie deux différentes catégories d’enseignants dans son école. Il renseigne que le traitement salarial d’un enseignant diffère selon qu’il est de la première ou de la deuxième catégorie. A l’en croire, il y a la première catégorie qui est constituée des enseignants permanents et la seconde catégorie des enseignants vacataires. « La première catégorie, les enseignants permanents sont payés douze mois sur douze, donc pris entièrement en compte par le budget de l’établissement », a-t-il confié. Cette catégorie d’enseignants, faut-il le rappeler, se retrouvent à la pré-maternelle, la maternelle, le Primaire et le personnel administratif. Ces personnes n’ont donc aucun souci à se faire pour le paiement régulier de leurs salaires, quelle qu’en soit la situation, fait-il savoir serein. Mais là où le bat blesse, c’est bien au niveau du Secondaire de ce Collège où les enseignants qui y interviennent ne peuvent jouir du même privilège que ceux des cours antérieurs, avons-nous compris des propos du directeur qui se fait appuyer par son collègue de l’école Saint Pascal. Ce samedi 02 Mai 2020, nous sommes dans le Littoral, précisément à Aïbatin dans le collège Saint Pascal. Habillé d’une tenue traditionnelle Boumba et coiffé d’un chapeau, le directeur Urbain Hountondji, semble très affecté par ce qui se passe dans le pays et surtout préoccupé à plus d’un titre par la situation des enseignants des écoles privées. « La situation salariale de nos enseignants fait partie de nos préoccupations quotidiennes depuis déjà pratiquement deux mois. Dans la plupart des établissements privés, la trésorerie est sèche comme on le dit et depuis février jusqu’à fin Mars, c’est absolument compliqué. Ce sujet nous préoccupe à plus d’un titre parce qu’il y a des enseignants dans beaucoup de nos établissements privés qui n’ont pas pu avoir leurs salaires ou l’intégralité de leurs salaires en Mars », a fait savoir Urbain Hountondji en sa qualité de président du Collectif des chefs d’établissement privés du Littoral pour faire l’état des lieux de la situation dans les écoles privées en cette période où les écoles sont contraintes à garder les classes fermer. Se fiant aux dires de cet homme à double titre, les écoles privées ne fonctionnent que sur la base des scolarités des enfants et plusieurs sont ces parents d’élèves qui n’ont pas encore réussi à s’acquitter des frais de scolarité de leurs progénitures. Mais tout en reconnaissant que cette situation ne dépend ni des promoteurs, ni des enseignants, il a tenu à clarifier les choses. Dans ces propos, il rejoint son collègue directeur Fortuné Adogony, du collège Sainte Melissa en affirmant que les enseignants permanents n’auront aucun souci à se faire quant au paiement régulier de leur traitement mensuel. « La maternelle et le primaire fonctionnent sur la base des services rendus par les enseignants permanents. Ceux-là sont payés 12 mois sur 12 dans la plupart des établissements privés que je connais. Alors, ceux-là n’ont pas choisi volontairement de cesser le travail. Donc par conséquent, les promoteurs, les directeurs honnêtes savent qu’ils ont une dette morale envers eux. Quoi qu’on dise, on doit leur payer leur salaire, c’est absolu », a rassuré le président tout en demandant à ces derniers d’être patients avec leurs employeurs à la reprise des classes. Concernant les enseignants du Secondaire qui ne sont pas des permanents, le principe est le même dans tous les établissements privés. Ces derniers ne pourront pas être payés. «Ceux-là sont payés sur la base du service rendu par heure. En avril, ils n’ont pas donné de cours donc ils ne peuvent pas s’attendre à un salaire », a également fait savoir le président qui lance cependant un appel en direction des promoteurs et directeurs d’écoles pour qu’ils puissent voir dans quelle mesure faire parler leur cœur en accompagnant les enseignants qui sont dans le cas, notamment les professeurs vacataires, qui, comme les permanents, ont des charges et des bouches à nourrir. Les enseignants des écoles privées sont ainsi fixés sur leur sort quant au traitement salarial qui leur sera fait pendant le mois d’inactivités académiques et pédagogiques. Dans les établissements qui relèvent du giron de l’Etat, les ACE et les APE n’ont aucun souci à se faire en ce temps de crise. Quid du traitement salarial des enseignants aspirants au cours de la perturbation des activités académiques liées à la Covid-19 ?
Les promesses de Mahougnon Kakpo qui rassurent les enseignants aspirants…
Gens qui pleurent, gens qui rient dit l’adage. Lors de sa sortie médiatique dans le cadre du bilan de l’an 4 du gouvernement de la Rupture à la tête du système éducatif, en l’occurrence le sous-secteur des Enseignements Secondaire, Technique et de la Formation Professionnelle, le ministre Mahougnon Kakpo s’est fait clair sur la question de la situation salariale des enseignants aspirants. « Les aspirants seront payés d’autant plus qu’ils ont un contrat en cours », a-t-il déclaré. Joint au téléphone dans la soirée de ce jeudi 30 Avril 2020 par Educ’Action, un aspirant affirme n’avoir encore reçu aucun copeck. Néanmoins, espère-t-il, les choses iraient mieux du point de vue finances dès cette semaine parce que selon lui « plus rien ne va. On n’a plus d’argent avec cette situation. Et nos maigres économies ont été érodées vu que nous devons effectuer au quotidien des dépenses pour notre subsistance. Même les maisons où nous faisons les répétitions aux enfants, les parents nous ont arrêtés. Notre seul espoir est que la promesse du ministre soit respectée pour nous soulager ».
Estelle DJIGRI