Ils sont venus de plusieurs pays pour répondre à l’appel du gouvernement et du peuple béninois pour le renouveau de l’Ecole. D’ici et d’ailleurs, membres du corps diplomatique, hauts fonctionnaires des Nations-Unies, représentants d’organismes privés nationaux et internationaux, ministres du gouvernement, conseillers du CNE, hauts cadres des ministères, etc…, ont rallié l’hôtel Azalai de Cotonou, le jeudi 27 février 2020, à l’occasion de la table ronde de recherche de partenariat pour la mise en œuvre de la Stratégie Nationale de l’Enseignement et la Formation Technique et Professionnelle (SN-EFTP).
323 milliards de francs CFA, de nombreux projets d’équipement, de formation et de renforcement des capacités à mettre en œuvre dans les mois et années à venir. Ce sont les fruits des sept (07) heures de travaux entre le Gouvernement et les Partenaires Techniques et Financiers (PTFs), lors de la table ronde pour la relance de l’EFTP afin de conjurer au passé le mythe du « col blanc » (Akowé, en langue nationale fon). Et pour cause, « il est temps de rompre avec un système éducatif qui a montré ses limites », dira Abdoulaye Bio Tchané, ministre d’État chargé du Plan et du Développement. Chiffres à l’appui, la main agissante du Président de la République en matière de planification a montré aux partenaires qu’il faut réformer le système afin de faire du Bénin la plateforme de l’économie du savoir dans la sous-région. Mais au-delà des chiffres, fait savoir le ministre d’État à l’ouverture des travaux, il y a des réalités encore plus frappantes qui interpellent les dirigeants. « Cette interpellation trouve sa réponse dans la Stratégie Nationale de l’Enseignement et la Formation Technique et Professionnelle (ETFP) qui ouvre ainsi une nouvelle page qui offre une réponse adéquate à l’employabilité de la population active », souligne Abdoulaye Bio Tchané. Point de vue partagé aussi par Noël Gbaguidi, le président nouvellement installé du Conseil National de l’Education (CNE). Face au parterre d’invités de toutes les nationalités, il a martelé que la mise en œuvre de cette stratégie permettra au Bénin de changer de paradigme en matière d’éducation et de formation et favorisera « l’abandon de la perception dévalorisante de la formation technique et professionnelle ». C’est à cette condition, selon Noël Gbaguidi, que l’EFTP peut servir de levain pour l’éclosion de petites et moyennes entreprises dont la densité fondera la solidité de la base économique du Bénin. Ce projet ambitieux a rencontré l’adhésion des PTFs, une fois de plus surpris du génie béninois qui tire son épingle du jeu grâce à cette innovation dans la sous-région. En leur nom, Claudes Kamenga, chef de file des PTFs du secteur de l’éducation, a salué cette réforme qui est la manifestation d’une volonté politique visant à offrir aux jeunes et aux adolescents des compétences techniques et des opportunités professionnelles pour accompagner leur intégration dans un environnement économique en perpétuelles mutations tant au niveau national, régional que global. Au passage, il a aussi attiré l’attention des ouvriers de ce joyau intellectuel et du gouvernement sur certains points essentiels devant conduire à une opérationnalisation de la nouvelle Stratégie, et qui ont pour nom : la coordination et le pilotage de l’ensemble du système éducatif, la création d’un dispositif d’encouragement des jeunes et adolescents à aller vers l’EFTP, la garantie d’une véritable adéquation entre les compétences des apprenants et les besoins du marché de l’emploi, la mobilisation des ressources domestiques additionnelles et de nouveaux partenaires. Concernant justement ce dernier aspect, Claudes Kamenga, par ailleurs représentant résident de l’UNICEF, a souligné que l’un des défis majeurs à relever est la mobilisation du secteur privé. La mobilisation et l’organisation de cette table ronde a été l’affaire de l’équipe conduite par Marcellin Hounwanou, président du comité d’organisation, qui, tout comme le ministre d’État, n’a pas manqué de saluer tous les participants à la présente manifestation avant qu’ils n’entrent dans le vif du sujet.
Le grand oral de l’équipe gouvernementale …
C’est à un grand oral introductif que les participants ont eu droit à l’entame des travaux. Mahougnon Kakpo, ministre des Enseignements Secondaire, Technique et de la Formation Professionnelle (MESTFP), a procédé à la dissection de la Stratégie nationale en parcourant les enjeux et les grandes lignes de cette politique qui entend professionnaliser davantage les offres éducatives afin d’accroître l’employabilité des jeunes apprenants sortis de l’école. Ainsi, le ministre a décliné les instruments de politique ayant servi à la réalisation de la stratégie, les quatre (04) réformes qu’implique la Stratégie, les priorités de la Stratégie, les différents projets qui seront réalisés à travers le Projet de Mise en œuvre de la Stratégie (PAMOS), et le cadre d’opérationnalisation de la Stratégie composé de différents documents et outils de suivi-évaluation, tout cela fédéré dans la loi-cadre de l’EFTP. A la suite du MESTFP, Eléonore Yayi Ladékan, ministre de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche Scientifique, Salimane Karimou, ministre des Enseignements Maternel et Primaire, Aurélie Adam Souley, ministre du Numérique et de la Digitalisation, Benjamin Hounkpatin, ministre de la Santé, Modeste Kérékou, Ministre des Petites et Moyennes Entreprises, Dona Jean Claude Houssou, ministre de l’Energie, ont fait le même exercice pour montrer les différentes actions menées par leurs départements ministériels en lien avec la formation technique et professionnelle ainsi que les besoins en compétences pour les différents corps professionnels sous leur tutelle.
L’adhésion massive des PTFs …
« La Banque Mondiale va positionner la formation professionnelle comme le secteur prioritaire pour les prochaines années au niveau du Bénin. Je pense que nous allons cheminer ensemble pour réussir ce qui est annoncé pour la transformation économique et l’emploi au niveau du Bénin », a déclaré Atou Seck, représentant de la Banque Mondiale. Cette annonce qui est une réponse aux communications des membres du gouvernement, convainc également les PTFs qui ainsi marquent leur disponibilité à accompagner intellectuellement, matériellement et financièrement l’Etat béninois dans sa vision de transformer l’école par un nouveau paradigme : « développer un capital humain sain, compétent et compétitif ». Après les observations techniques qui ont reçu les réponses des membres de l’équipe gouvernementale, les PTFs ont annoncé leurs intentions de financement. A la fin des travaux à huis clos présidés par Abdoulaye Bio Tchané, ce sont 323 milliards francs CFA qui sont mobilisés ainsi que de nombreux projets pour la concrétisation de la Stratégie nationale de l’EFTP. Infrastructures, équipements, formations des acteurs, verront donc le jour dans les semaines et mois à venir.
Impressions de quelques participants
Alain Dossa, cadre à la Direction de l’Enseignement Technique et de la Formation Professionnelle
«Cette table-ronde est un aboutissement heureux. C’est un processus qui a démarré depuis 2019 et qui s’achève par l’organisation réussie de la table-ronde de levée de fonds. Il y a eu une mobilisation générale autour de cette question. Le gouvernement était mobilisé, les PTFs, les cadres des différents secteurs étaient également mobilisés pour que nous puissions réussir cette activité ».
Atou Seck, représentant de la Banque Mondiale
«La table-ronde s’est bien passée. Je pense que c’est un bon départ pour les jeunes béninois pour qu’ils aient une formation de qualité et un emploi. C’est un départ aussi pour l’économie qui va se développer grâce à des ressources humaines de qualité qui auront été formés. A la Banque Mondiale, nous pensons que la formation est personnelle et importante, mais le président de la République nous a demandé de l’appuyer à transformer le secteur de la formation professionnelle pour que cela ne soit plus un secteur pour ceux qui ne sont pas allés à l’Université mais que les meilleurs puissent aller là-bas pour avoir des emplois décents et de qualité ».
Hermann Aplogan, Consultant chez Festo Didactic, équipementier didactique dans le secteur de l’ETFP
«Nous saluons la qualité des travaux, la qualité de la préparation de cette table-ronde financière qui fait suite à la table-ronde technique à laquelle on a participé au mois de juillet 2019. On a annoncé un engagement pour le moment d’à peu près d’une dizaine de millions d’euros dont les modalités vont être discutées ultérieurement avec le gouvernement ».
Ido Yao , directeur régional de l’UNESCO, représentant de l’UNESCO pour le Bénin
«C’est un sentiment de joie qui m’anime de voir toute cette dynamique partenariale autour de cette stratégie et cet engagement pris par les partenaires pour accompagner le gouvernement béninois dans sa mise en œuvre parce que, une chose est d’avoir une bonne stratégie, une autre est de pouvoir la mettre en œuvre, en faire le suivi et s’assurer que les objectifs sont atteints. Je voudrais réitérer la disponibilité de l’UNESCO à accompagner techniquement le ministère et le gouvernement pour que les résultats attendus de cette ambitieuse stratégie soient à la hauteur des attentes du gouvernement et des jeunes béninois. C’est important déjà de s’assurer que les dispositions sont prises pour que les jeunes filles et garçons béninois soient bien formés, parce qu’on ne peut pas prétendre à un emploi de qualité, à un emploi durable si l’on n’a pas la formation, la compétence qu’il faut pour exercer cet emploi. Donc, la question de la formation de qualité est essentielle et cela commence par des infrastructures, des écoles de formation bien équipées avec des enseignants bien formés et du matériel didactique remis à jour qui peut réellement contribuer à former ces gens et cela, c’est un premier élément majeur pour la réalisation de la stratégie. Un deuxième élément majeur, c’est la mobilisation des partenaires en appui au gouvernement ».
Maître Huguette Bokpè Gnacadja, avocate et consul de la Norvège au Bénin
«D’abord, je félicite le gouvernement pour la stratégie qui a été élaborée et qui intègre tous les secteurs. C’est une stratégie qui vise à impliquer le secteur privé dans l’éducation et elle est en cohérence avec la transformation économique voulue par le Programme d’Actions du Gouvernement et qui passe nécessairement par une transformation dans le secteur de l’éducation. Transformation dans le sens d’une mise en adéquation entre les formations qui sont offertes par le système éducatif, les diplômes, les certificats qui sont délivrés et les besoins d’emploi sur le territoire, quand il est vrai que cela ne sert à rien d’avoir de grandes écoles, des universités et de sortir des diplômés dont l’employabilité de façon pratique sur le terrain n’est pas possible. C’est une démarche qui répond également aux objectifs de développement durable et qui est susceptible de transformer notre économie mais aussi de donner une raison de vivre et un espoir d’avenir au 70% de personnes ayant moins de 40 ans si elle est réussie et est accompagnée par le plus grand nombre ».
Professeur Mbaye Fall Diallo, de l’Université de Lille, représentant du Président Macron et du Conseil présidentiel pour l’Afrique à l’Elysée
«Mes impressions sont faites de sentiments de satisfaction mais également de remerciements au gouvernement béninois parce que je pense que c’est une initiative qui est aujourd’hui unique en Afrique. De ce point de vue, il convient de féliciter l’ensemble des acteurs politiques, en commençant par le président de la République, l’ensemble des ministres qui sont impliqués dans ce programme mais également l’ensemble des parties prenantes de manière plus globale. Je pense que le fait de s’attaquer à la question de la formation professionnelle est aussi une façon de faire face à la question de l’insertion professionnelle au Bénin de façon particulière et de manière plus globale sur le continent africain. Mon souhait, c’est que le Bénin serve d’exemple à l’ensemble des pays d’Afrique pour que ce plan, qui est initié aujourd’hui, ici à Cotonou, puisse aussi se déployer sur l’ensemble des pays d’Afrique parce que l’Afrique doit vraiment s’occuper de sa jeunesse. S’occuper de sa jeunesse passe avant tout par le travail pour leur permettre de trouver un emploi à la fin de leurs formations. C’est vraiment une initiative que je salue. La France est aux côtés des acteurs publics du Bénin pour les accompagner sur le financement. Le représentant près de l’Agence Française de Développement (AFD) a donné beaucoup d’éléments à ce niveau, mais je pense aussi qu’au niveau politique, il y a beaucoup de soutiens de la part du président Macron ».