La vie syndicale dans le secteur de l’éducation a ses particularités. Dans ce deuxième numéro de la thématisation du mois de novembre consacrée au syndicalisme dans l’enseignement, Educ’Action aborde la question du mode de financement des syndicats, la contribution qu’ils apportent au système éducatif ainsi que leur mode d’actions. Secrétaires généraux des différentes centrales et confédérations syndicales et syndicats de base opinent sur le sujet sans réserve.
La contribution des syndicats de base au secteur de l’éducation se focalise essentiellement sur le renforcement des capacités professionnelles des enseignants de la maternelle et du primaire et la mise à disposition de matériels pédagogiques au profit des écoles maternelles. « Le Syndicat National des Enseignants des Ecoles Maternelles du Bénin contribue au rayonnement de l’éducation en formant les enseignants des écoles maternelles sur les compétences pédagogiques et l’utilisation du matériel pédagogique. Nous sensibilisons également les militants sur le respect du cahier des charges et du règlement intérieur en vigueur dans les écoles maternelles », a fait savoir Gaétan Kponoukon, secrétaire général du SYNAEM-Bénin avant de remercier la Fédération Canadienne des Enseignants et Enseignantes – Canadian Teachers Federation (FCE-CTF) et l’International de l’Education (IE) pour leur partenariat. Actions menées et soutenues par le Syndicat National de l’Enseignement Primaire Publique du Bénin (SNEP-Bénin). « Le SNEP-Bénin contribue au rayonnement de l’éducation au Bénin en apportant sa pierre à l’édifice en ce sens que nous sommes soucieux de la compétence de nos militants et militantes. Nous rendons donc service aux membres à travers la formation professionnelle pour améliorer leurs pratiques pédagogiques », a affirmé Appoline Fagla, secrétaire générale du SNEP-Bénin pour renseigner sur l’apport de son syndicat de base au rayonnement de l’éducation notamment au primaire. A la question de savoir les sources de financement du SNEP-Bénin, elle affirme que ce sont les cotisations syndicales et l’appui financier des partenaires techniques et financiers qui permettent de mener les actions au profit de son syndicat de base. Si au sein du SNEP-Bénin, priorité est donnée aux cotisations syndicales, ce n’est pas le cas au niveau du SYNAEM-Bénin. « Nous avons constaté que nos militants, comme ceux de plusieurs syndicats au Bénin, n’ont pas la culture de la cotisation. Le SYNAEM-Bénin fonctionne à base de cotisation syndicale. Malgré les difficultés, nous essayons quand même de sensibiliser les militants sur l’importance du paiement des cotisations pour le fonctionnement de notre organisation syndicale. Nous avons l’appui de partenaires que sont la Fédération Candienne des Enseignants et Enseignantes Candian Teachers Federation (FCE-CTF), l’International de l’Education (IE) », a-t-il laissé entendre. La contribution du SYNAEM-Bénin, poursuit-il, se reconnaît à travers le retour qu’il a sur le terrain et la disponibilité des matériels pédagogiques dans les écoles maternelles. Ces syndicats de base établissent un rapport avec les acteurs de l’école.
Syndicats de base : Rapport avec les partenaires de l’école
«Le SYNAEM-Bénin a un bon rapport avec le ministère de tutelle. Nous bénéficions de l’accompagnement de tous les cadres du ministère lors de nos différentes formations. Avec les parents d’élèves, nos activités les touchent indirectement en ce sens que ce sont les enfants qui en bénéficient. Il en est de même pour les enseignants. Nous avons le devoir de donner de très bonnes formations à nos enfants », a expliqué aux reporters de Educ’Action, le SG du SYNAEM-Bénin avant d’égrener les défis syndicaux que sont entre autres l’amélioration du taux de rétention dans le préscolaire, la revue à la hausse du taux de scolarisation au préscolaire en milieu scolaire d’ici 10 ans. « Notre rapport avec le gouvernement est celui de la négociation, de la complémentarité avec les partenaires sociaux et structure de veille sur les intérêts des travailleurs », dira, pour sa part, Appoline Fagla du SNEP-Bénin mettant ainsi l’accent sur la collaboration de son syndicat avec le gouvernement.
Des formations à l’endroit des syndiqués pour une meilleure qualité de l’enseignement
Défenseur des droits des travailleurs, le syndicat, outre les revendications faites pour des conditions de vie et de travail plus adéquates, travaille également pour le rayonnement des secteurs d’activités défendus. Dans le domaine de l’éducation qui nous concerne, la Confédération Générale des Travailleurs du Bénin (CGTB) contribue avant tout au rayonnement des trois ordres de ce secteur, à travers des instances de dialogues et la formation des membres qui la composent. Elle est présente dans les commissions paritaires administratives, nouvelle appellation des Conseils Sectoriels du Dialogue Social. A la question de savoir comment sa confédération contribue au rayonnement du système éducatif, Moudassirou Bachabi, le secrétaire général ne manque pas de réponses : « on participe aux échanges qui permettent d’améliorer le système éducatif. Sur le plan stratégique, nous avons une fédération en charge de l’éducation qui analyse les problèmes, prend position et propose des solutions, sans compter que dans le cadre des échanges avec le gouvernement, nous sommes également dans la grande commission et nous y participons », a-t-il expliqué pour ce qui concerne les instances de dialogue. Mieux, à l’endroit de leurs militants, les gestes d’accompagnement se font également observer. « Ce que nous faisons globalement aussi, c’est l’accompagnement de nos militants à travers des formations et le renforcement des capacités pouvant leur permettre de passer avec succès les examens professionnels et être des enseignants de très bonne facture. Aussi, essayons-nous d’aller au secours de nos militants toutes les fois qu’il y a des problèmes qui peuvent empêcher les intéressés de bien rendre », a renseigné le secrétaire général pour illustrer leur contribution à la qualité de l’enseignement. La réussite de ces actions et formations nécessite sans doute un financement. Ce qui pose le problème des sources de financement des organisations, confédérations et centrales syndicales.
Financement des syndicats dans l’éducation : L’Etat, les partenaires nationaux et internationaux à la rescousse
La première source de revenu de ces confédérations reste les cotisations des membres qui les composent ainsi que des ressources émanant d’initiatives propres mises en place et qui permettent de travailler pour le mieux aux intérêts des militants. C’est ce qu’il convient de retenir de l’intervention de Moudassirou Bachabi, SG de la CGTB. Même si les cotisations prennent du temps pour atterrir dans les caisses, elles restent cependant le talon d’Achille de ces organisations. En dehors de ces cotisations, ces organisations sont épaulées par les partenaires, qu’ils soient nationaux ou internationaux. Ces derniers accompagnent les organisations dans leurs différents programmes. L’Etat constitue également une autre source de financement pour ces confédérations syndicales. « Le gouvernement met chaque année, à la disposition de toutes les organisations du pays, environ 200 millions de Francs CFA », a informé le représentant de la CGTB qui ajoute par ailleurs, que ces subventions annuelles ont permis de construire la Bourse du travail et continuent par la maintenir et à assurer certaines charges et formations communes pour les fédérations.
Le combat syndical comme moyen utilisé pour l’amélioration des conditions de vie
Toutes les fois que les droits de leurs militants sont bafoués, elles sont présentes pour l’amélioration des conditions de vie et de travail de ces derniers. Le combat syndical devient alors le moyen par lequel ces organisations se font entendre des employeurs à divers niveaux. « Chaque année, nous portons à la connaissance du gouvernement, les problèmes auxquels nos militants sont confrontés, même si le gouvernement est censé les connaitre. Deuxième chose, au niveau des entreprises, nous participons aux instances d’échanges et de dialogues avec les employeurs et donc nous avons plusieurs méthodes. Nous faisons des revendications à travers nos cahiers de doléances, mais nous faisons également des plaidoyers, des lobbyings pour obtenir que les employeurs et l’Etat accordent un intérêt particulier aux conditions de vie des travailleurs », a laissé entendre le numéro 1 de cette organisation, renseignant ainsi sur les éléments d’appréciation pour l’amélioration des conditions de vie de leurs militants. Cependant, les revendications introduites par ce corps de défenseurs se font en tenant compte des priorités des secteurs, dira le SG. « Le droit du travail est si bien organisé que certaines revendications ne devraient pas l’être, parce que les textes ont prévu leur prise en charge par les employeurs. Donc, il y a le processus de rappel », a-t-il tenu à préciser. Autre précision apportée par le SG, il y a des problèmes qui ne sont pas communs à tous les travailleurs. Dans ce cas, ce sont les syndicats de base qui en discutent avec les employeurs. Par contre, l’intervention des confédérations s’avère obligatoire lorsque des problèmes transversaux qui concernent la plupart des travailleurs apparaissent. « Nous en tant que confédération, portons des revendications d’intérêt général alors qu’au niveau du syndicat de base et de la Fédération, ce sont des actions sectorielles, des intérêts corporatistes », fait-il observer.
Rapport entre confédérations et acteurs à divers niveaux du système éducatif
Les rapports entre les organisations syndicales et les autorités gouvernementales sont souvent très difficiles. Et pour cause : « les acteurs du système éducatif se disent toujours en difficultés parce qu’ils ont des moyens en deçà des besoins à satisfaire et l’arbitrage qu’ils font parfois met à mal nos prétentions au niveau du secteur », a soulevé le SG Moudassirou Bachabi, qui ne manque pas de faire ressortir les conséquences sur le système éducatif. « On fait l’effort de dialoguer, mais ce n’est pas toujours facile parce qu’ils ont des attitudes qui font germer parfois les conflits et généralement les résultats de ces conflits sont les mouvements que nous observons régulièrement et qui font aujourd’hui objet de restriction parce que justement, c’est un secteur où il y a assez de problèmes mais très peu de concertation et de dialogue », dira-t-il. S’il n’est plus à démontrer que la collaboration entre travailleurs et gouvernants est difficile, celle entre parents d’élèves, militants et confédération est très cordiale. « Depuis un certain temps avec les parents d’élèves, on travaille en bonne intelligence sur des questions de l’éducation. Les parents d’élèves, c’est comme nous aussi, parce qu’il ne faut pas oublier qu’en tant qu’acteurs syndicaux, nous sommes aussi avant tout, des parents d’élèves. Donc en réalité, l’un dans l’autre, nous avons les mêmes préoccupations très généralement. En ce qui concerne les enseignants, ce sont bien sûr nos militants. Donc les enseignants étant nos militants, étant parents d’élèves par ailleurs, généralement la cause est commune et donc sur des chantiers précis, on se donne la main pour poser les problèmes de façon commune au gouvernement et parfois c’est difficile mais on essaie toujours », a informé le SG de la CGTB, Moudassirou Bachabi.
Les rapports entre les organisations syndicales et les autorités gouvernementales sont souvent très difficiles. Et pour cause : « les acteurs du système éducatif se disent toujours en difficultés parce qu’ils ont des moyens en deçà des besoins à satisfaire et l’arbitrage qu’ils font parfois met à mal nos prétentions au niveau du secteur », a soulevé le SG Moudassirou Bachabi, qui ne manque pas de faire ressortir les conséquences sur le système éducatif. « On fait l’effort de dialoguer, mais ce n’est pas toujours facile parce qu’ils ont des attitudes qui font germer parfois les conflits et généralement les résultats de ces conflits sont les mouvements que nous observons régulièrement et qui font aujourd’hui objet de restriction parce que justement, c’est un secteur où il y a assez de problèmes mais très peu de concertation et de dialogue », dira-t-il. S’il n’est plus à démontrer que la collaboration entre travailleurs et gouvernants est difficile, celle entre parents d’élèves, militants et confédération est très cordiale. « Depuis un certain temps avec les parents d’élèves, on travaille en bonne intelligence sur des questions de l’éducation. Les parents d’élèves, c’est comme nous aussi, parce qu’il ne faut pas oublier qu’en tant qu’acteurs syndicaux, nous sommes aussi avant tout, des parents d’élèves. Donc en réalité, l’un dans l’autre, nous avons les mêmes préoccupations très généralement. En ce qui concerne les enseignants, ce sont bien sûr nos militants. Donc les enseignants étant nos militants, étant parents d’élèves par ailleurs, généralement la cause est commune et donc sur des chantiers précis, on se donne la main pour poser les problèmes de façon commune au gouvernement et parfois c’est difficile mais on essaie toujours », a informé le SG de la CGTB, Moudassirou Bachabi.
Apollinaire Afféwé, SG de l’UNSTB au sujet des actions entreprises dans l’éducation : « Je dois être honnête pour dire que le talon d’Achille des organisations syndicales est la question des finances »
Sur le chantier de l’éducation, les confédérations et centrales syndicales mènent certaines actions pour le rayonnement du secteur de l’éducation en dépit des difficultés dans la mobilisation des ressources financières. Avec l’actuel secrétaire général de l’UNSTB, officier de justice et greffier en chef du tribunal de première instance de 2ième classe de Pobè, Apollinaire Afféwé, ces deux problématiques sont passées en revue. Interview !
Educ’Action : Quelles sont les actions que mène l’UNSTB dans le secteur de l’éducation ?
Apollinaire Afféwé : Vous savez, le syndicalisme aujourd’hui, c’est beaucoup plus un partenariat social avec les employeurs et de ce fait, nous contribuons à assurer la qualité de l’offre éducative. Nous travaillons à ce que les enseignants puissent obtenir de meilleures conditions de vie et de travail et nous veillons également à ce que les enfants puissent obtenir de très bons enseignements. Donc, les actions sont variées. D’abord, nous faisons partie de la commission administrative paritaire des ministères de l’enseignement et de ce fait, vous savez que tout ce qui concerne les questions de carrières, de disciplines, d’organisation de certaines activités pédagogiques sont discutées dans ce cadre. A travers ce cadre donc, nous apportons notre contribution à ce qui se mène comme politique au niveau éducatif dans notre pays. En dehors de cet apport, vous savez que l’UNSTB, c’est une confédération qui s’investit beaucoup plus dans la formation et donc, nous travaillons beaucoup plus à former nos militants sur la déontologie, les comportements que doivent adopter les travailleurs.
Quelles sont les actions sur le secteur éducatif béninois qu’on peut mettre aujourd’hui à l’actif de l’UNSTB ?
Les actions qu’on peut mettre à l’actif de l’UNSTB sont légion mais je dirai que la manière dont les luttes se mènent aujourd’hui, du mouvement syndical dans notre pays, les gens peuvent penser que c’est une manière de s’arroger une victoire que de dire que tel acquis est à l’actif de l’UNSTB. Vous savez, les négociations se font toujours de façon collective et même lorsqu’il y a un sujet que vous mettez sur le tapis, les autres sont aussi associés. Au finish, on ne peut pas attribuer une victoire à une seule confédération, étant donné que toutes les confédérations ont des syndicats dans ce domaine. Mais je peux dire qu’à la faveur de cette affaire d’évaluation diagnostique, l’UNSTB a quand même joué un rôle important pour sauver des enseignants. Vous savez, le gouvernement était parti pour organiser les évaluations diagnostiques en un seul tour. Nous avons contesté en son temps. Il y avait même une centrale qui appelait au boycott et nous avons compris que c’était le suicide pour les enseignants. C’était l’UNSTB qui avait fait le plaidoyer pour qu’il y ait un second tour d’évaluation pour ces enseignants et vous avez vu que pour ce second tour d’évaluation, beaucoup de postulants qui étaient restés à la maison pour la première phase ont été sauvés de justesse à la phase 2. Je pense que les acteurs de l’éducation peuvent reconnaître cela comme étant une action à l’actif de l’UNSTB. Les autres actions, c’est parfois de commun accord avec les autres centrales et confédérations que nous les menons. Ce ne serait pas honnête de dire que c’est l’UNSTB seule qui a pu obtenir des acquis.
Qui finance les actions de l’UNSTB dans le secteur de l’éducation ?
Je pense que je dois être honnête avec vous, pour dire que le talon d’Achille des organisations syndicales dans notre pays, c’est la question des finances parce que les travailleurs de notre pays n’ont pas la culture de la cotisation. Alors que sans la cotisation syndicale, nous ne pouvons rien faire. Le système francophone n’a pas toujours privilégié ce que les anglophones appellent le check-off, c’est-à-dire le prélèvement à la source des cotisations syndicales. Donc, c’est le bon vouloir du syndiqué qui fait qu’il va payer les cotisations syndicales et donc, les cotisations syndicales ne sont pas payées dans bon nombre d’organisations syndicales, alors que ce sont ces syndicats affiliés à la confédération qui devraient payer leurs cotisations syndicales pour permettre à la confédération de vivre. C’est pour dire que le taux des cotisations que nous recouvrons n’est pas souvent important pour nous permettre de faire face à toutes nos charges. Il faut aussi dire qu’à l’avènement de la Conférence nationale, le rôle joué par les travailleurs a fait que la Conférence a opté pour une subvention pour les Confédérations et centrales syndicales, destinée à la formation des militants. Donc, c’est une subvention dont le montant est important, qui est octroyé à toutes les confédérations pour leur permettre de faire face aux charges de fonctionnement mais également de formation des militants. Pour y arriver, nous devons travailler à parvenir au système qui permet de prélever les cotisations à la source. Cela va permettre aux confédérations d’être autonome et donner plus d’autonomie aux confédérations. Si un jour le gouvernement veut jouer sur la viabilité des confédérations, il suffira de couper les subventions et c’est fini. Il nous sera difficile de faire face à nos actions.
La Rédaction de Educ’Action