Suivi des apprenants en congés de Pâques prolongés : Enfin la saison des exercices en ligne au sein des familles ! - Journal Educ'Action - Éducation au Bénin et dans le monde
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Suivi des apprenants en congés de Pâques prolongés : Enfin la saison des exercices en ligne au sein des familles !

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Obligés à rester à la maison du 30 mars au 11 mai 2020, jour de la réouverture des classes, pour éviter une hypothétique contamination du Coronavirus, apprenants des écoles et collèges au Bénin occupent diversement le temps au cours de cette période. 28Dans le rang des enseignants, des initiatives diverses sont prises pour accompagner les élèves, surtout les candidats aux différents examens. Educ’Action est descendu sur le terrain pour faire le constat de l’occupation des apprenants en période de congés forcés liés au coronavirus. Reportage !

Emeraude et Cathia sont deux écoliers respectivement âgés bientôt de 10ans et de 07ans. L’un en classe de CM2 et l’autre au CE2, ces enfants occupent leur temps en cette période de congés forcés, selon un programme bien défini par leur génitrice Bénédicte. Chaque matin des jours ouvrables, Emeraude et sa sœur ont le devoir d’apprendre leurs leçons et de faire des exercices sur instructions de leur mère durant deux heures d’horloge. Interrogée sur cette manière d’occuper ses enfants, cette mère de famille fait comprendre que les enfants risquent de désapprendre en cette longue période de congés dus à la Covid-19 si rien n’est fait par les parents à la maison. Mais ce sont d’autres raisons qui poussent Emeraude à obéir à sa génitrice en s’adaptant à cette séance d’études matinales. « Ma tante a dit que si je réussis à avoir mon CEP cette année, elle m’achèterait un vélo avec lequel je pourrai aller au collège », a soufflé à Educ’Action Emeraude, écolier en classe de CM2, impatient d’obtenir son vélo. Sa mère n’a pas manqué de renseigner sur la nature des exercices que traitent ses enfants. « Son maître d’école qui fait les répétitions avec lui après les classes, vient lui déposer des exercices vu que les écoles sont désormais fermées pour une longue durée. C’est d’ailleurs lui qui m’a incitée à leur imposer des séances d’études tous les matins », a confié la mère. A en croire les explications de cette dernière, ces séances de travail permettent aux enfants de se mettre à jour, d’actualiser leurs connaissances. D’un apprenant à un autre, Francine n’a pas un programme d’études comme Emeraude en ce temps de congés forcés, malgré qu’elle soit au même niveau scolaire que ce dernier. Elève en classe de CM2 dans une EPP de la place, ces activités se limitent à l’assistance apportée à sa mère dans sa boutique. « Je vends des condiments et un peu de divers dans la boutique de maman », a expliqué la petite fille à Educ’Action. Approchée et questionnée sur les raisons pour lesquelles son enfant n’a pas de programme d’études en cette période, cette mère de famille visiblement préoccupée par son commerce, explique avoir besoin de quelqu’un pour l’aider à gérer ses clientes. Des clientes pour des recettes utiles à nourrir les enfants ainsi qu’à financer leurs études. Dans le rang des élèves du collège, le train de vie, en ce temps de congés forcés, diffère d’un apprenant à un autre, selon que les parents sont intellectuels ou non. Âgé de 16 ans et élève en classe de terminale, Aurel reçoit toujours la visite de son répétiteur en cette période, deux fois par semaine et fait ses séances d’études personnelles, selon le programme établi. Quant à Alice et à Gwladys, toutes élèves en classe de 5ème respectivement au CEG Godomey et au CEG Le Nokoué, ce moment de congés forcés est une occasion pour se faire de l’argent ou pour s’amuser, car étant contraintes à rester à la maison. Conscients des conséquences qui peuvent découler de ces congés prolongés, des initiatives voient le jour dans le rang des enseignants pour aider les apprenants, surtout ceux des classes d’examens à maintenir le cap pour pouvoir affronter les épreuves des prochains examens de fin d’année. Pour ce faire, les moyens technologiques sont mis à contribution.

Des séances de révision via Whatsapp…

L’une des initiatives prises par les enseignants en cette période de congés prolongés est bien évidemment les séances de cours et d’exercices organisées sur les réseaux sociaux, en l’occurrence Whatsapp. Saïd P. Hounzeha est professeur des Mathématiques-physiques. Dans le but d’aider ses apprenants à ne pas désapprendre en ce temps de crise sanitaire, ce dernier en collaboration avec certains professeurs de la même discipline que lui, a initié des séances de travail en ligne et pour cause : « à voir les mesures sanitaires du gouvernement, je me suis dit que les examens auront lieu. C’est leur souhait et c’est le souhait de tous les parents. Alors, je me suis interrogé sur comment aider ces apprenants en cette période, quand on considère qu’ils commencent déjà à désapprendre pendant les simples congés de détente et de pâques. C’est ainsi que j’ai mis en place une plateforme Whatsapp gratuite pour occuper les élèves », a-t-il expliqué avant de préciser que ce groupe est composé d’élèves des classes de 3ème et de terminale. « C’est très simple, nous avons demandé dès le début, aux apprenants, de nous poser des questions sur les cours antérieurs qu’ils n’ont pas compris et si possible de nous parler des chapitres sur lesquels ils ont des difficultés et on leur réexplique cela. Nous, en tant que professeurs, il y a des exercices qu’on leur envoie et dès qu’ils finissent de traiter, ils balancent ça dans le forum whatsapp et ensemble, on corrige», a fait savoir le professeur initiateur du groupe de répétition via whatsapp. De son côté, Sylvère Adjahouto, explique, à son tour, son initiative d’assistance à ses apprenants en cette période de congés forcés. « J’ai deux catégories d’apprenants. Pour ceux du public, je n’arrive pas à faire grand-chose. Mais pour ceux du privé où je suis professeur principal par exemple, j’avais déjà créé un forum sur lequel je communique avec les parents de ces apprenants. Pendant ce temps de congés prolongés, avec tous les professeurs qui interviennent dans la classe, nous nous sommes entendus et chaque professeur a une épreuve qu’il envoie sur le forum et les parents transmettent ces épreuves aux apprenants et quelques jours après, nous envoyons les corrigés-types et on demande aux parents de vérifier avec les apprenants, si cela a été fait », a-t-il renseigné. Une méthode d’occupation qui doit inspirer l’Etat central, recommandent la plupart des membres de la communauté scolaire rencontrés sur le terrain.

Des cours sur les chaînes de télévisions comme proposition pour occuper les enfants…

Tout comme plusieurs pays africains ayant pris l’initiative de diffuser des cours sur les chaînes de télévision ou via les réseaux sociaux pour aider les élèves et écoliers en cette période de crise sanitaire, Thierry Dovonou, Secrétaire Général du Syndicat National des Professeurs Permanents et Contractuels du Bénin, souhaite que nos chaines béninoises soient mises à contribution pour la diffusion des cours afin d’occuper les apprenants. «Partout et chaque jour, les télévisions nationales sont mises à contribution pour proposer des cours aux élèves en classes d’examens. J’ai suivi avec plaisir cette heureuse expérience à la fois sur la CRTV du Cameroun, les télévisions ivoiriennes et sénégalaises, et même la télévision privée de Youssou N’dour. Mais ici, au Bénin, nous attendons. Nous sommes dans les novelas et la politique », a déploré le syndicaliste, qui, au passage, s’est montré disponible si les gouvernants éducatifs du Bénin décidaient de tricher un peu l’expérience des pays modèles cités.

Estelle DJIGRI

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