Session spéciale du CQM : Candidats et professionnels soulagés - Journal Educ'Action - Éducation au Bénin et dans le monde

Session spéciale du CQM : Candidats et professionnels soulagés

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Attendu depuis octobre 2021, l’examen du Certificat de Qualification aux Métiers (CQM) a eu lieu le lundi 16 mai 2022. L’organisation de cette session spéciale a impliqué plusieurs acteurs du secteur de l’artisanat, selon les catégories professionnelles. Reportage !

Lundi 16 mai 2022, il est 9 heures. Le siège de la base d’appui aux artisans de Hindé, un quartier situé non loin du marché Dantokpa, connaît une ambiance inhabituelle. Des centaines de motos y sont garées empêchant presque l’accès au site. Erigé non loin de l’église céleste saint Samuel et d’une grande usine de transformation du bois, ce centre est retenu pour servir de lieu de composition pour le Certificat de Qualification aux Métiers (CQM). Venus de Cotonou et ses environs, les candidats n’ont ménagé aucun effort pour être présents depuis 6 heures du matin sur le site de composition. « J’habite Akassato, dans la commune d’Abomey-Calavi, mais depuis 6 heures du matin, j’étais déjà sur le site de composition », a fait savoir Georges Amaveda, un candidat en électricité bâtiment.

Le certificat de qualification aux métiers, un passeport vers l’épanouissement

Si la distance n’a pas eu raison de ces candidats, c’est dire l’importance de cet examen pour eux. Attendu depuis octobre 2001, c’est avec une immense joie que les candidats composent cette session dénommée spéciale. Une joie qu’ils n’ont pas manqué d’exprimer. Pour Paul Davo, électricien bâtiment résidant à Hèvié et âgé de 47 ans, le CQM est très important et lui permettra de quitter l’informel dans lequel il exerce depuis plus de 20 ans et d’entrer dans le formel. « Quand on a un papier de l’Etat c’est bon ! », s’exclame-t-il, un sourire léger sur le visage. Si le certificat permettra de changer de statut pour certain, c’est un accès à l’emploi pour Georges Amaveda âgée de 30 ans.
‘’Libéré’’ depuis 2016 par son patron, ce dernier est chaque fois recalé par les entreprises où il postule faute de certificat authentique délivré par l’Etat. « Partout où je dépose un dossier, on me demande toujours le CQM », a expliqué l’électricien. Il poursuit en précisant que c’est dans l’optique de mettre fin à cette tragédie qu’il a été obligé de se retourner vers son patron afin que ce dernier le présente au CQM. A côté des électriciens, tout de bleu vêtu, les candidats de filière maintenance GSM, se préparent aussi à plancher. Habillés en blouse blanche, ils ont tous un air pensif, s’interrogeant sur le sort qui leur est réservé au moment où leurs amis sont face aux jurys. Seule femme du groupe, Afusat Lawal n’a pas hésité à confier son intérêt à prendre part à cet examen malgré son état de grossesse presque à terme. « J’ai déjà ma boutique, mais je tiens à avoir le certificat reconnu par l’Etat », souligne-t-elle. Elle poursuit en affirmant que c’est aussi important en ce sens que le gouvernement pourrait décider un jour de rendre obligatoire le certificat pour tout artisan.
C’est la mauvaise perception qu’on a de son métier de maintenancier GSM, puisqu’ils sont souvent vus comme des voleurs, qui a poussé Romain Ezin à venir composer afin d’avoir son certificat. Il renseigne que ce certificat une fois obtenu, deviendrait un protecteur et que le statut de voleur qui leur était attribué disparaîtra. « Les gens verront désormais que nous sommes des professionnels et non des voleurs », martèle le réparateur de téléphone. L’air très joyeux, Romain Avognon, le responsable du groupe, complète les propos de ses prédécesseurs en indiquant que ce certificat fera désormais d’eux, des professionnels qualifiés et permettra une visibilité du métier de la maintenance. Pour les jurys rencontrés, c’est aussi une joie. Une joie en ce sens que grâce à cet examen, les patrons pourront libérer les jeunes apprentis qui attendent cette composition depuis octobre 2021.

« Les épreuves deviennent embêtant »

Proposés par un collège de professionnels en la matière, sous la vigilance de la Direction des Examens et Concours (DEC), c’est avec brio que les candidats ont passé les épreuves. « Les épreuves étaient abordables pour ne pas dire faciles », a fait savoir Julianot Kpobli, un candidat peintre bâtiment. De son côté, Gaudens Assa souhaiterait que les fois à venir, le ministère tienne compte des nouvelles propositions d’épreuves faites par les jurys. Selon lui, cela permettra d’améliorer les épreuves. Il continue en faisant observer que les épreuves deviennent une répétition. « Les mêmes épreuves chaque année cela devient embêtant », a fait entendre le jury de la filière électricité-bâtiment.
Les épreuves ont été déroulées en deux phases, la phase orale et la phase pratique. La phase pratique a démarré pour la plupart des candidats dans la soirée. Concentré avec des matériels mis à leur disposition, les candidats ont été invités chacun selon sa filière à faire valoir ses acquis selon l’épreuve. En électricité, les interrupteurs, les prises et autres instruments étaient au rendez-vous.
Dans une salle un peu plus loin du siège de Colebat Bénin qui a servi d’atelier pour les électriciens, ce sont les portables, les régulateurs, les fils, les pinceaux qui sont manipulés. Du côté de la soudure, c’était des tôles qui émettaient un bruit qui n’a pas empêché les autres candidats du centre de donner le meilleur d’eux-mêmes.

La DEC attendue pour les résultats

La directrice départementale des Enseignements secondaire, technique et de la formation professionnelle du Littoral, n’a pas manqué de descendre sur le site de la base d’appui aux artisans de Hindé. Accompagnée d’une forte délégation, Espérance Noudehou, a exprimé toute sa joie par rapport au déroulement du CQM spécial. « Tout se passe bien. Il n’y a pas d’incidents majeurs à signaler », a fait entendre la directrice départementale. Prévu pour prendre fin ce lundi, c’est avec satisfaction que les jurys ont apprécié le travail des candidats. Théophile Gnonlonfoun, membre du jury dans la filière peinture-bâtiment, se sent très ému par les réponses des candidats. « Les candidats ont bien répondu aux questions et j’en suis satisfait », a fait savoir le peintre professionnel. Si les réponses sont radieuses, le sort des candidats reste suspendu à la décision de la DEC, a informé Gaudens Assa. « Le rôle des jurys que nous sommes, finit ici et le reste revient à la DEC qui va délibérer ».
Plusieurs filières étaient représentées sur ce site. Seule la filière peinture bâtiment a présenté l’effectif le plus reduit. Pour justifier ce constat, Théophile Gnonlonfoun affirme que c’est par manque de considération à la filière qu’il y a eu peu de candidats. A cet effet, il a demandé au gouvernement d’aider le syndicat des peintres-bâtiment à redynamiser leur secteur d’activité.

Viviane SOGBLONGBE & Gilles-Christ OROBIYI (Stgs)

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