Un jeune dynamique m’a dit à quoi bon travailler surtout si on peut gagner facilement de l’argent. Il m’avait visité pour me proposer l’une des nombreuses arnaques des temps modernes basée sur la pyramide de PONZI, à moi donc le doyen à la retraite qui à son avis, avait besoin de booster sa pension. Il suffisait, dit-il, de miser une petite somme et d’attendre tranquillement et ma mise augmente. Ensuite, il précisa qu’il fallait (évidemment) recruter d’autres personnes qui doivent miser aussi. Ah PONZI !
On se rend compte aujourd’hui que la majorité des jeunes et même des moins jeunes, n’aspirent pas à travailler, mais juste à gagner de l’argent. S’il est vrai que l’un des problèmes se situe dans l’inadéquation entre la formation, où ils n’arrivent à aucune compétence, et les emplois existant aujourd’hui, il se trouve que le réel problème, c’est la tendance à considérer le travail comme une simple recherche de l’argent de telle façon que si on peut en trouver autrement, le travail n’est plus utile.
Ainsi, des individus sont prêts à vivre toute leur vie sans travailler pourvu qu’ils aient de l’argent ! Je comprends pourquoi de plus en plus, il y a beaucoup de chômeurs. Je pourrai leur rétorquer que si l’argent semble résoudre tous nos besoins, il est souvent la source de tous nos tourments de telle façon que lorsque nous n’en avions pas, nous sommes misérables et à la merci de l’ignorance, de la maladie et des vices ; mais alors, lorsque nous en avons trop et surtout sans travailler, notre vie tutoie les vices, le vide et finit dans le néant.
C’est pourquoi un adage célèbre a souligné que le ‘‘travail libère l’homme’’. Mais en même temps, ce n’est pas une raison pour se libérer de son travail ! Il faut donc travailler et chercher à travailler. C’est le même principe qui guide ces deux idées. Ainsi, celui qui travaille ne doit pas considérer le travail comme une contrainte dans les parenthèses de son plaisir et de son repos. Car, si le travail n’est pas nécessairement une fin en soi, il n’est pas aussi un simple moyen de gagner de l’argent et d’avoir des moyens matériels. Il doit être l’expression même de nos principes et par là, nous permettre de faire nos devoirs et d’acquérir ainsi du respect et des droits dans la société. Nous avons donc un double intérêt moral et financier qui vient fonder une finalité que beaucoup perçoivent très peu : notre intégrité physique et notre autonomie de conscience !
Ce n’est pas pour rien que ceux qui accèdent à des postes qu’ils ne méritent pas sont méchants avec leurs subordonnés. Ce n’est pas par naissance mais ils sentent confusément la difficulté de se réaliser au regard de leur redevabilité à un diablotin ou à un bienfaiteur qui les a mis là et qui ne cesse de les tourmenter ou de les houspiller. Alors, ils continuent la chaîne.
Ainsi, on ne travaille pas pour un gouvernement mais pour et par soi-même afin d’aider la patrie ou la nation car, lorsque votre amour sera déçu et que le gouvernement va passer, vous cessez pratiquement de travailler. Vous vous tournerez les pouces, ruminant des rancunes et des rancœurs contre les nouveaux maîtres qui ne veulent pas reconnaitre vos compétences ; vous qui aviez toujours su servir mais n’aviez jamais travaillé avec intégrité et justice ! Il vaut mieux, comme dans la filiation père et fils, faire son devoir et partout où vous passerez, on aura besoin de vous et on vous respectera.
D’un autre coté, celui qui ne travaille pas pour la raison qu’il n’a pas trouvé du travail pose un problème qu’il doit résoudre lui-même. En réalité, il n’a jamais cherché, pour beaucoup, à avoir des compétences. Il a juste cherché à réussir à un BAC hybride et trouble pour lequel il s’est adonné à toutes les acrobaties, passant d’une série à l’autre ; mémorisant des cahiers d’activités stupides et qui ne produisent aucune compétence. Ensuite, bachelier, il pense que la seule solution pour réussir, c’est d’aller s’agglutiner à l’université pour suivre des cours alors que, dans la plupart des pays aujourd’hui, le seul BAC ne donne plus accès à un campus. De plus, il se sent trop important pour entreprendre une activité pratique qu’il peut intégrer dans un plan d’entreprise. Il imagine que les bureaux de la fonction publique l’attendent et patiente en massacrant, pour quelques-uns, l’avenir de leurs petits frères dans des écoles et des répétitorats.
Pour juste conclure un débat pour lequel ne suffirait même pas un livre de cinq cents pages, il faut comprendre que, chaque fois que vous mettez en place des actions, elles doivent être sous-tendues par des principes. Ceci vous mène à vous planifier et à donner, lentement et sûrement au bout de l’effort, un sens à votre vie.
Maoudi Comlanvi JOHNSON, Planificateur de l’Education, Sociologue, Philosophe