Rodrigue Honkpéhédji parle du recrutement des enseignants dans le Supérieur : « Avant notre arrivée, nos frères de la diaspora n’étaient pas toujours informés des recrutements » - Journal Educ'Action
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Rodrigue Honkpéhédji parle du recrutement des enseignants dans le Supérieur : « Avant notre arrivée, nos frères de la diaspora n’étaient pas toujours informés des recrutements »

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Comme dans les autres sous-secteurs, le déficit en enseignants dans le supérieur est important. Pour faire face à la situation, diverses stratégies sont développées par le Ministère de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche Scientifique (MESRS) pour combler le gap existant en mettant à contribution tous les enfants du Bénin, tant ceux qui sont sur place que ceux de la diaspora. Argentier de la maison, Rodrigue Honkpehedji, Directeur de l’Administration et des Finances (DAF) de ce département ministériel, fait le point de l’état d’avancement des recrutements en cours, en levant le voile sur la participation des Béninois de la diaspora.

Educ’Action : Quel est l’état actuel du personnel enseignant dans l’enseignement supérieur au Bénin ?

Rodrigue Honkpéhédji : La situation est criarde. Il y a un besoin réel sur le terrain, mais il faut arriver à arrimer cela avec les disponibilités budgétaires. Les discussions que nous avons eues avec le ministère des finances ont permis de recruter deux cents (200) enseignants. D’abord, il y a eu une première vague de cent (100) dont le processus est totalement bouclé. Ensuite, nous avons lancé une seconde vague de cent (100) dont soixante dix-neuf (79) ont déjà été recrutés. Il reste donc le complément [soit vingt et un (21) enseignants à recruter, ndr]. Cette situation est due au fait que lors de leur recrutement, il y a eu des étapes non respectées dans la procédure normale de recrutement, donc ces postes ont été annulés et ont fait objet d’un nouvel appel à candidatures. Nous sommes en plein dedans. Nous avons des ressources humaines que nous pouvons recruter aussi bien au pays qu’à l’extérieur. Nous avons des compatriotes de l’extérieur qui ont les profils que nous recherchons. Nous avons seulement le problème de disponibilité budgétaire qui ne permet pas de faire les recrutements à la hauteur de ce que nous voulons. C’est la première fois que nous recrutons autant d’enseignants dans une année. Nous avons bouclé les recrutements dans trois universités et il nous reste l’UNSTIM d’Abomey. D’ici la fin de l’année, la deuxième vague de 100 prendra service. Cela dit, nous sommes toujours dans l’attente, car nous poursuivons les discussions avec le ministère des finances. Il se pourrait qu’on en recrute encore plus.

Depuis votre arrivée à ce poste, combien de recrutement avez-vous déjà fait, imputable au régime de la Rupture ?

Au total, nous avons recruté deux cents (200) enseignants. Il faut dire qu’avant notre prise de service, il y en avait trois cents (300) qui avaient été recrutés dont la situation n’était pas régularisée. Ils travaillaient donc sans salaire. Pour remédier à cela, nous avons consacré les années 2016 et 2017 à régulariser leurs situations afin qu’ils entrent en possession de ce qui leur est dû.

Qu’en est-il des compatriotes de la diaspora ?

Avant notre arrivée, nos frères qui sont de la diaspora n’étaient pas toujours informés des recrutements. C’est suite à la nouvelle procédure de recrutement qui demande de faire un appel à candidatures que tout le monde est informé tant ici qu’à l’extérieur. L’information passe en communiqué télévisé et radiodiffusé. C’est affiché et c’est publié sur le site internet du ministère. Tout le monde est informé et tout le monde peut déposer sa candidature. Je sais que beaucoup de compatriotes de la diaspora ont postulé pour ce recrutement aux différents postes. Parfois, il y a des postes pour lesquels nous n’avons pas de spécialistes à l’intérieur et ce sont les compatriotes de la diaspora qui postulent. Depuis 2016, ils sont bien informés et notre site est bien alimenté.

Eclairez-nous mieux sur la procédure de recrutement ?

D’abord le Ministère de l’Economie et des Finances nous informe du nombre de personnes à recruter selon les crédits disponibles. Alors, nous faisons une répartition des effectifs à recruter dans chaque université. Les universités définissent les postes dont elles ont besoin. Ensuite, l’appel est lancé. Généralement, l’appel à candidature dure 15 jours. Après cela, il y a un premier jury qui siège pour voir ceux qui sont éligibles. Dès que ce travail est fait, nous affichons la liste de ceux qui ont été retenus et ceux ou celles dont les dossiers ont été rejetés avec les raisons de ces rejets. Ensuite, ils disposent d’une semaine pour faire un recours. A nouveau les résultats de ces recours sont affichés avec les justifications appropriées. A l’issu de cela, un autre jury siège pour écouter les candidats. Dans ce jury, il y a un représentant du ministère qui ne participe pas aux échanges, mais qui observe le respect de la procédure. Il y a aussi un spécialiste du domaine, un spécialiste de l’anglais et ensuite le chef d’entité/d’établissement pour lequel le recrutement est en train d’être fait. Il y a donc quatre (04) membres du jury. Après audition, les candidats sont classés par ordre de mérite. Tous les membres signent les procès-verbaux qui sont ensuite envoyés. S’ils sont par exemple dix (10) à postuler pour un poste et qu’on a juste besoin de deux personnes, alors on prend les deux (02) premiers. Si pour une raison ou une autre le premier démissionne, le deuxième occupe automatique sa place et ainsi de suite.

Pourquoi un spécialiste en anglais dans le jury ?

Parce que dans la pondération, il y a des notes attribuées à la maitrise de l’anglais par le candidat. Le candidat doit avoir les rudiments de l’anglais dans son domaine. C’est ce que le spécialiste vérifie. Mais tous les critères d’évaluation sont déjà connus par les candidats à l’avance.

Qu’en est-il du recrutement des hospitalo-universitaires ?

C’est la même procédure. Il appartient aux recteurs de définir leurs besoins en spécialistes.

Quel est votre message de fin pour conclure l’entretien ?

Nous avons encore du travail. Le besoin exprimé par le ministère est de huit cent soixante quatre (864) enseignants à recruter. Notre priorité actuelle est que le reste des cent (100) enseignants en cours de procédure prennent effectivement service avant la fin de cette année. Cela dit, nous continuons de faire le plaidoyer auprès du Ministère de l’Economie et des Finances pour faire de nouveaux recrutements. Parallèlement à cela, nous avons mis en place au niveau du ministère, une base de données de tous ceux qui sont titulaires du diplôme de doctorat et qui s’intéressent à la fonction enseignante.

Propos recueillis par Adjéi KPONON

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