Une bonne nouvelle, cette fois-ci, qui enchante tous les acteurs de l’Ecole, et bonifie le système éducatif béninois. 323 milliards francs Cfa à mobiliser sous peu pour porter la mise en œuvre de la Stratégie nationale de l’Enseignement, la Formation Technique et Professionnelle (EFTP). Des annonces financières professées par les Partenaires Techniques et Financiers (PTFs) au détour de la table ronde initiée et conduite à cet effet par les autorités béninoises sous la houlette du ministre d’Etat chargé du plan et du développement.
A dire vrai, le Bénin fait ainsi l’option de réformer son système éducatif, de rendre l’école professionnalisante et surtout de l’arrimer aux grands enjeux de développement à l’interne, sans occulter les contraintes exogènes. Depuis toujours, nos options éducatives développent des compétences, forgent des administratifs, des théoriciens. Mais tout sauf des développeurs. Les indicateurs, dans le sous secteur secondaire, renseignent que 70% de nos apprenants sont dans l’enseignement général, et seulement 30% dans l’enseignement technique et la formation professionnelle. Plus grave, ces trente pourcent d’apprentis techniciens sont formés, pour beaucoup, au rabais, moins du fait des encadreurs, mais plus en raison de l’environnement de formation quasiment désuet et incompatible à la révolution technologique. Imaginez que dans nos lycées techniques, on y déploie encore des équipements, des machines de 1947 ou de 1957 par exemple, pour former des développeurs du temps nouveau. Une incongruité sans égard qui laisse sans voix. Ailleurs, les outils de formation sont inexistants, le cadre inapproprié, les formateurs peu motivés ou en nombre restreint, les champs d’application bâclés ou occultés, l’accompagnement étatique parfois chimérique…
Ainsi donc, l’horizon de l’EFTP est totalement problématique avec des questionnements non solutionnés. Les perspectives moins attractives et les espoirs étiolés. Certains éclairés de la cité commune donnent l’impression de mieux cerner la situation qui frise le déluge. Des intentions sont donc consignées par endroits pour le réveil de ce sous-secteur stratégique et névralgique, conditionnant en bonne partie le vaste chantier de développement tant souhaité. On pourrait alors se réjouir de la place conférée à l’Enseignement, la Formation Technique et Professionnelle dans la nouvelle architecture de l’école béninoise désormais de forme rectangulaire. Les alternatives éducatives ont également bénéficié des mêmes attentions.
Avec la table ronde de recherche de partenariat pour la mise en œuvre de la Stratégie nationale de l’Enseignement, la Formation Technique et Professionnelle, tenue le jeudi 27 février 2020, à Cotonou, l’EFTP longtemps agonisant, a reçu une écoute favorable. Les PTFs dont les plus majeurs : la Banque mondiale, l’Agence Française de Développement (l’AFD), la Banque Islamique de Développement (la BID), la Banque Africaine de Développement (la BAD), l’Organisation des Nations Unies pour l’Education, la Science, et la Culture (l’UNESCO), la Coopération Suisse… ont unanimement marqué leur adhésion à travers des annonces financières fortes pour sortir l’EFTP de sa léthargie.
Si on doit se réjouir de cette performance à nul autre pareil en termes d’adhésion des PTFs et surtout de l’ampleur de la mobilisation financière, encore sur papier, d’une importante somme de 323 milliards francs Cfa, pour amorcer la révolution éducative au Bénin, dans ce sous-secteur en particulier, il demeure en suspend comme préoccupation légitime de certains acteurs et personnalités à l’instar de l’envoyé spécial du Président français à cette table ronde, notre capacité à véritablement implémenter, et à la lettre, le contenu de ce document stratégique ambitieux qui met au cœur du dispositif, les opérateurs privés, en l’occurrence les entreprises privées économiques. Et donc, vous comprenez, par vous-même, que le challenge reste l’opérationnalisation du contenu de la stratégie que d’aucuns qualifient, par anticipation, de révolutionnaire pour l’EFTP.
L’autre défi, c’est bien la gestion rationnelle et efficiente des ressources qui seront mobilisées via les partenaires à cette fin. Ces quinze (15) dernières années, l’ex quartier latin de l’Afrique a projeté au monde une image piteuse en matière de gestion des ressources publiques avec des cas de détournements cités ci et là. ICC Services, PPEA2, Machines agricoles… ont laissé aux Béninois de mauvais souvenirs comme étant de gros scandales financiers. S’inspirant de cette trame apocalyptique de gestion du passé, on doit désormais faire mieux, mieux que par le passé ; on doit veiller au grain en s’assurant que l’argent de l’EFTP est effectivement allé à l’Enseignement, la Formation Technique et Professionnelle. On doit donc, à tous les niveaux, faire preuve de rationalité, d’efficacité dans la gestion de ces ressources mises à disposition afin que le réveil de l’Ecole soit possible, et pour le bonheur des apprenants, et pour le décollage technique et économique du Bénin. C’est désormais la mission.
Serge David ZOUEME, Spécialiste de l’éducation, Administrateur du patrimoine culturel