Reprise des cours le 11 Mai en depit de la Covid-19 : A quelles conditions ? (Vers une réouverture risquée des écoles) - Journal Educ'Action - Éducation au Bénin et dans le monde

Reprise des cours le 11 Mai en depit de la Covid-19 : A quelles conditions ? (Vers une réouverture risquée des écoles)

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Dans le labyrinthe de la pandémie de la Covid-19, le Bénin avec désormais ses 96 cas confirmés, 44 sous traitement, 50 guéris et 02 décès à la date du 03 mai 2020, fait l’option de retourner, sous peu, apprenants et enseignants dans les classes. Officiellement le lundi 11 mai 2020, les portes des écoles, collèges, lycées et universités vont s’ouvrir à nouveau pour la suite et la fin des activités académiques après la longue période des congés de Pâques anticipés décidés par le gouvernement. A quelques jours de cette reprise, Educ’Action est bien préoccupé par les conditions de réouverture des classes, surtout avec le risque permanent et plausible d’une contamination de masse de sujets en milieu scolaire. Via les quatre (04) parutions de ce mois, lumière sera faite sur la thématique du Coronavirus en milieu éducatif avec un focus à plusieurs volets sur sa gestion dans l’enceinte scolaire et universitaire.

Embarquement immédiat…

Quid des conditions de réouverture des écoles, collèges, lycées et universités en République du Bénin ? Face à la folle pandémie du Coronavirus et sa progression rapide dans le monde avec un nombre important de cas infectés et d’innombrables décès, le gouvernement béninois, moins souple sur la question de fermeture des classes au départ, a fini par reconsidérer sa position. A la faveur d’un communiqué, il officialise les congés de Pâques anticipés des apprenants et enseignants du 30 mars au 13 avril, puis prorogés jusqu’au 11 mai 2020 après analyse minutieuse de l’actualité liée à la Covid-19 au Bénin, dans la sous-région et dans le monde. A l’époque, de l’avis de plusieurs parents d’élèves, des partenaires sociaux de l’école et même de la Conférence Episcopale du Bénin, ce fut l’option de la raison pour éviter au pays une vague de contaminations difficile à gérer en milieu scolaire. Comme hier, le risque d’infection reste perceptible en dépit des mesures barrières en vigueur et c’est dans cet environnement à risque avec de nouveaux cas détectés (désormais ses 96 cas confirmés, 44 sous traitement, 50 guéris et 02 décès) qu’apprenants et enseignants vont renouer, sous peu, avec les activités pédagogiques et académiques. Ailleurs, la question de la réouverture des écoles a été l’œuvre de grandes et profondes réflexions, d’approches et de stratégies assez affinées pour éviter de faire le plein de contaminés dans le rang des élèves, étudiants et enseignants. Certains pays du Nord en donnent d’ailleurs l’illustration un peu comme le Canada qui continue de structurer son plan de réouverture des écoles fermées depuis le 16 mars, avec l’option de varier les dates de reprises selon les régions et d’insister sur l’espacement social des apprenants dans les établissements scolaires. En Colombie-Britannique, le retour des apprenants en situation de classes fermées depuis le 17 mars, est encore indéterminé. Les autorités continuent d’étudier la possibilité d’un retour à l’école avec une alternance de jours de classe pour les élèves ou encore des plages horaires différentes (cours le matin pour certains et l’après-midi pour d’autres). Pour les élèves plus âgés, les cours en ligne pourraient être privilégiés. Au Portugal, la reprise des cours demeure aléatoire pour les apprenants dont l’âge est compris entre 6 et 15 ans. Un hypothétique retour en situation d’apprentissage est envisagé pour les apprenants en septembre (sauf pour les plus âgés au secondaire). En Espagne, les écoles fermées depuis le 10 mars selon les régions, ne seront pas rouvertes avant septembre. Un comité d’experts mis sur pied à la demande du ministre de la Santé, a conseillé au gouvernement espagnol de ne pas rouvrir avant septembre. Il recommande le port du masque obligatoire, des horaires flexibles et une combinaison de cours en présence et de cours virtuels. L’Italie certes lourdement affectée, ne songe nullement de si tôt au retour en classe des apprenants. Fermées depuis le 04 mars, les écoles vont rester closes de façon indéterminée. Seulement le déconfinement de la population débute le 03 mai. En France, repère de plusieurs pays francophones d’Afrique, le retour en classe se fera à partir du 11 mai sur une base volontaire et sera étalé sur trois semaines. Une priorité sera accordée aux plus jeunes, les élèves en difficulté et les classes qui préparent à un cycle supérieur. Le gouvernement français étudie également la possibilité d’avoir une moitié de groupe physiquement en classe, et une moitié à distance. En Autriche où la fermeture des classes est intervenue le 16 mars, il est envisagé une réouverture progressive ; les élèves terminant le secondaire reprennent en premier et les autres niveaux scolaires retournent en classe le 15 mai. Aux Etats Unis, 31 États américains ont ordonné la fermeture des écoles jusqu’à la fin de l’année scolaire, 08 autres font la promotion de l’enseignement en ligne. Les autres États ouvriront leurs écoles soit à la fin avril, soit au début mai. Retour sur le continent, en Afrique du Sud, certains examens nationaux ont été reportés pour l’automne ; les écoles vont rouvrir graduellement à partir de début mai, les étudiants seront assis à 1,5 m de distance, l’un de l’autre.

Deux vagues de fermetures des classes au Japon…

La moindre légèreté dans cette matière de réouverture des classes en cette période de la Covid-19, sera fatale. C’est bien le cas du Japon qui vient de faire la douloureuse expérience de deux vagues de fermetures des classes : une première fermeture le 27 février, l’ouverture est intervenue le 24 mars, puis une nouvelle fermeture autour du 07 avril. Le pays a dû déclarer de nouveau l’état d’urgence jusqu’au 06 mai en raison d’une hausse des cas de contaminations. Plusieurs écoles et universités du pays ont donc commencé à donner leurs cours par téléconférence.
Autant d’exemples pour attirer l’attention des gouvernants éducatifs béninois d’une part, tirer la sonnette d’alarme et surtout les alerter à propos du risque latent de contamination dans le pays, notamment en milieu scolaire, d’autre part.

Les parents d’élèves, comme hier, toujours craintifs

La psychose d’avant la fermeture des écoles et universités par les autorités compétentes est toujours dans l’esprit des parents d’élèves. Lieu de rassemblement de quelques acteurs de l’éducation, l’école est restée ouverte tout le temps avant les congés forcés du vendredi 27 mars 2020. « J’éprouvais sincèrement de la peur. Les informations qu’on recevait sur les réseaux sociaux et dans les journaux créaient la panique générale ; je me souciais beaucoup pour mon enfant. Il fallait à tout prix surveiller les enfants car s’ils sont infectés, nous serons exposés », s’est rappelé Geoffroy Cuilley, parent d’élève résident à Ouèdo pour montrer toute son inquiétude au cours de cette période où la DNEC a essuyé le refus des autorités en charge de l’école béninoise. Même sentiment du côté de Florentin Akakpo, artiste musicien et parent d’élève résident à Abomey-Calavi. « J’étais inquiet parce que l’école est un lieu de rassemblement et le virus ne fait pas de distinction d’âge, ni de sexe avant d’infecter. Si les enfants sont contaminés, les parents le seront également. Cela va augmenter le nombre d’infectés dans notre pays », s’est-il souvenu à son tour avant d’émettre la crainte sur la réouverture des écoles. Selon le recoupement des propos, tous les parents d’élèves approchés ont témoigné avoir interdit à leurs enfants de se rendre à l’école au cours de la période où la psychose a commencé à gagner bien des Béninois à la suite de la communication des chiffres sur des cas de personnes infectées. Toutefois, ils suggèrent que les autorités éducatives prennent des mesures hardies pour la limitation du risque de propagation du coronavirus dans les écoles et les universités.

Evitons tout foyer de contaminations à l’Ecole…

Le Bénin doit s’inspirer des modèles de retour dans les classes dans beaucoup d’autres pays même si les réalités ne sont pas les mêmes. Si on peut se réjouir au plan national du faible taux de personnes infectées et du nombre de guéris en raison de l’observance stricte des mesures barrières au sein des populations et de la rigueur dans la prise en main des dispositifs pour circoncire le mal, le milieu scolaire reste encore une énigme, un champ à défricher vu que des mesures spéciales restent à définir comme partout ailleurs au monde. Nous sommes théoriquement à moins de deux (02) mois des examens de fin d’année et par rapport aux échéances, ne faudrait-il pas envisager un plan de reprises qui positionne à la loge les apprenants en classes d’examens, et donc les candidats ? Une reprise générale sera-t-elle la meilleure formule pour le salut de l’Ecole ? Quid des mesures de distanciation entre apprenants vu que les problèmes d’insuffisance d’équipements scolaires, à l’instar des tables et bancs, restent entiers ? Toutes les écoles, tous les collèges, tous les lycées et toutes les universités sont-ils dotés et en nombre suffisant du dispositif de lave-mains ? Est-il prévu des cours d’initiation ou d’instruction sur la problématique du Covid-19 et comment y faire face dans les enseignements ? Autant de défis qui amènent à s’interroger sur la question des conditions de reprise des classes le 11 mai au Bénin.

Réalisé par la Rédaction de Educ’Action

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