En raison de la situation pandémique liée au Coronavirus, les cours sont dispensés aux étudiants des universités publiques du Bénin depuis le 11 Mai 2020, sur une plateforme en ligne. Respect des mesures barrières et préventives oblige, les amphithéâtres sont fermés d’accès aux étudiants, mais les restaurants universitaires sont désormais opérationnels depuis six semaines. Educ’Action est allé fouiner du côté du plus grand restaurant universitaire de l’Université d’Abomey-Calavi pour s’imprégner des conditions de restauration en pleine Covid-19. Comment les étudiants parviennent-ils à satisfaire leurs papilles gustatives tout en respectant les gestes barrières prescrites par les autorités ? Constat !
Dans deux heures de temps, les étudiants vont passer au comptoir pour se faire servir leur repas très prisé : le couscous qui est au menu du déjeuner de ce 26 Juin 2020. Comme il est de tradition tous les vendredis, l’attroupement commence déjà à se former le long de la façade du plus grand restaurant de l’Université d’Abomey-Calavi : le Restau U. C’est le prix à payer, le sacrifice à consentir pour essayer de se donner la chance d’être dans la cohorte des premières personnes à avoir accès au restaurant. L’attente va être longue et pour s’occuper, certains étudiants manipulent leurs smartphones en attendant l’instant ultime de passage à table. Dans la longue file d’attente, certains étudiants tiennent l’écart du mètre de distanciation sociale, mais ce n’est pas le cas pour la majorité. A 11 heures 45 minutes, se pointe un élément du Comité d’Ordre de Discipline et d’Epanouissement des étudiants (CODE), qui procède à l’appel des numéros de passage tout en se faufilant dans les trois rangées pour faire imposer le mètre de distance aux récalcitrants. « Pour pouvoir accéder au restau, vous devez porter votre masque. Dès que c’est votre tour de passage, vous devez lavez vos mains, c’est pour cette raison que le dispositif de lavage de mains a été positionné là. S’il y a un camarade qui pense que cela est difficile à respecter, il peut se mettre à l’écart en même temps », lance le contrôleur du CODE avant de rejoindre son poste de commandement. Et c’est donc parti pour l’alignement des étudiants dans le restau U. La Police Universitaire (PU) est l’une des institutions spécialisées intervenant également au niveau des restaurants universitaires. Son rôle est d’assurer le bon déroulement des services au sein des restaurants universitaires. A la garde, au niveau de la porte d’entrée des institutions spécialisées ce vendredi, Josué Vencedor Hougbè de la PU vient de gérer une situation de bagarre entre deux éléments de la même institution spécialisée avant de se prêter à Educ’Action. « C’est seulement les deux premières semaines que nous n’avons pas eu d’affluence. Mais après, nous avons dénombré une présence massive des étudiants. Nous tournons aujourd’hui autour de 900 plats pour le déjeuner. Cela voudra dire qu’il y a une participation massive des étudiants et c’est pour cette raison que les deux autres restaurants ont commencé à fonctionner », confie l’élément de la PU qui précise que certains étudiants aiment jouer au têtu certes, mais ils sont ramenés rapidement à l’ordre en ce qui concerne l’application des mesures barrières et de protection.
Les dispositions pour éviter la propagation de la pandémie au sein des restaurants …
Sous la conduite de Fiacre Fatondji, superviseur général du Comité d’Ordre de Discipline et d’Epanouissement des étudiants, en poste ce vendredi, l’équipe de Educ’Action s’introduit dans l’enceinte du restau U où quelques étudiants savourent déjà leurs plats de couscous. Suspendus au début de la crise sanitaire du Coronavirus, les services des restaurants universitaires ont repris suite à des concertations et négociations entre responsables d’étudiants et responsables du Cous-Ac. Depuis la réouverture, renseigne Fiacre Fatondji, beaucoup de choses ont changé au niveau des restaurants universitaires. « Quand tu es un étudiant et que tu viens au restaurant, tu dois obligatoirement porter ton masque. Pour rentrer, il faut passer forcément par le barreau que nous avons mis en place et, avant de rentrer, l’étudiant doit forcément se laver les mains à l’eau et au savon. Auparavant, c’est l’étudiant même qui va chercher son assiette avant de venir au comptoir pour se faire servir par les bonnes dames. Les choses ont changé désormais, nous avons revu cela. Ce sont les bonnes dames qui servent au comptoir qui se chargent de donner maintenant l’assiette contenant le repas aux étudiants. Elles portent toutes obligatoirement des gants qu’elles doivent changer à chaque instant. On ne sait pas par où le mal peut venir, donc nous avons exigé qu’elles procèdent régulièrement au changement des gants. L’autre disposition mise en place, c’est que nous mettons les assiettes et les cuillères dans de l’eau chaude comme vous l’observez à côté », détaille le superviseur général du Comité d’Ordre de Discipline et d’Epanouissement des étudiants. Autour de chaque table disposée dans ce restaurant universitaire, se trouvent un ou deux sièges. C’est désormais la règle pour maintenir les gestes barrières, selon les explications de Fiacre Fatondji. Cette règle n’est toujours pas respectée semble-t-il, puisqu’autour de certaines tables, sont agglutinés parfois quatre à six étudiants. Le superviseur général du CODE justifie : « Une personne par table ou à défaut au plus deux, c’est la règle. Mais bon, vous savez, il y a des étudiants, qui, à cause des affinités, décident de rester ensemble pour manger. C’est pourquoi ça va parfois au-delà de deux personnes ». A peine a-t-il terminé de répondre à notre question qu’une dispute éclate autour d’une table. Il s’agit d’un étudiant qui a fini son repas depuis quelques minutes mais qui refuse de déserter les lieux suite aux injonctions d’un élément d’une institution spécialisée. « Certains étudiants, quand ils viennent au restaurant et finissent de manger, ils refusent de partir. Aujourd’hui, nous avons changé la donne. Aussitôt qu’un étudiant termine son repas, il doit s’en aller pour permettre aux autres qui attendent au dehors de pouvoir rentrer. Malheureusement, certains camarades ne veulent pas toujours comprendre la chose de cette façon. Mais nous essayons de les ramener à la raison », a-t-il expliqué.
Edouard KATCHIKPE