L’école béninoise rouvre ses portes, le lundi 28 septembre 2020, pour ainsi consacrer la reprise officielle des classes pour le compte de l’année scolaire 2020-2021. A moins d’une semaine de ce rendez-vous éducatif, Educ’Action, le spécialiste de l’éducation, retourne sur le terrain pour prendre le pouls des préparatifs chez les apprenants, enseignants, chefs d’établissements, partenaires sociaux et tous les autres acteurs du secteur éducatif béninois. Reportage !
Vendredi 18 septembre 2020. C’est l’heure de pointe dans la ville capitale Cotonou et la circulation devient un peu plus dense sur le tronçon menant du carrefour BIBE vers le centre d’accueil. C’est une période où les activités sont bien florissantes pour les tenanciers de stands de vente de fournitures scolaires. A quelques encablures, le seul gérant du grand stand installé non loin des pavés du centre d’accueil, approvisionne son étalage avec de nouveaux articles scolaires pour mieux répondre aux sollicitations des parents d’élèves, ses clients. Cahiers, livres, stylos, couvertures kaki et autres articles griffés sont exposés, ça et là, sur une table d’environ trois mètres. En voiture, à moto ou à pieds, les clients s’arrêtent, se renseignent, débattent des prix des articles, puis reprennent leurs chemins. Certains effectuent les premiers achats, d’autres promettent un prochain retour. Approché, Aubin Noudessi, tenancier du stand, confie à Educ’Action : « nous sommes installés sur ce site depuis un mois et nous ouvrons tous les jours de 07 heures à 23 heures. Au début, les gens ne venaient pas en grand nombre pour acheter, mais depuis un certain temps, l’affluence commence à s’observer, même si la plupart des clients viennent juste discuter des prix des fournitures pour le moment». Pas loin de là, Cédric Houndjo gère le stand de sa sœur installé non loin d’une université privée assez réputée à Cotonou. Il déclare sur le même sujet : « nous avons revu légèrement à la baisse les prix des articles scolaires mais malgré cela, nous ne vendons pas et les clients disent toujours que les fournitures sont chères. Nous ne savons plus quoi faire. La mévente, pour l’heure, est bien flagrante sur les stands de vente de fournitures scolaires installés dans la capitale économique. De l’avis de certains, elle a bien une explication. Certains parents iraient directement à la source d’approvisionnement des fournitures scolaires au même titre que les tenanciers. Couturière à Akpakpa, dame Bossou partage son expérience avec Educ’Action. « J’avais l’habitude d’acheter les fournitures scolaires de mes enfants auprès des vendeurs de la rue. Mais avec le temps actuellement difficile, j’ai décidé de faire l’expérience auprès des vendeurs du marché Dantokpa. Je peux vous dire que les fournitures sont moins coûteuses chez ces derniers qu’auprès des vendeurs de rues. Pour les sacs, je vais désormais dans le marché de friperies de Missèbo. Le prix est raisonnable chez eux que sur les stands de vente », renseigne-t-elle. Cap donc sur le marché Dantokpa, la source pour certains parents. Approchée, une vendeuse de fournitures scolaires qui a requis l’anonymat, explique : « C’est nous qui livrons en gros les tenanciers installés aux abords des rues qui sont dans les ventes en détails. S’ils prennent un article à 1.000 Francs CFA chez nous, ils peuvent le vendre à 1.300 voire 1.500 Francs CFA. Cette différence de prix peut bien profiter aux parents, soit pour acheter une ardoise, soit un chiffon et des craies. Ce qui fait que certains parents viennent directement au marché pour s’approvisionner chez nous. »
D’une réalité à une autre, comment vit-on les préparatifs dans les établissements scolaires publics ?
Les inscriptions des nouveaux élèves démarrées dans les collèges publics
Il est 13 heures au CEG 2 Abomey-Calavi, ce 17 septembre 2020. Nous sommes dans le département de l’Atlantique. Comme dans la plupart des établissements d’enseignement publics, les journées pédagogiques ont démarré depuis le matin. A l’heure de la pause du midi, Maloan Ouinsou, directeur du collège, a bien voulu s’entretenir avec le reporter de Educ’Action sur les préparatifs de la rentrée à son niveau. « Les inscriptions ont commencé depuis le 1er septembre. Contrairement aux années antérieures où on attendait le jour de la rentrée pour commencer les inscriptions, nous avons été instruits pour commencer plus tôt les inscriptions. Les listes des apprenants des classes de 6ième sont déjà disponibles et affichées dans l’établissement. Pour s’inscrire, ils sont invités à fournir un dossier composé d’un acte de naissance légalisé et du relevé de notes du CEP », renseigne le directeur, précisant que ceux dont les noms ne figurent pas sur les listes, seront obligés de repartir à la Direction Départementale des Enseignements Secondaire, Technique et de la Formation Professionnelle (DDESTFP) à Allada pour prendre une autorisation. « Pour ce qui est des élèves qui veulent changer d’établissement, deux cas se présentent. Le secrétariat se charge des transferts-départ pour ceux qui veulent aller dans un autre collège. Il y a un comité chargé de l’étude des dossiers des transferts-arrivés. C’est après étude qu’on affiche la liste de ceux qui sont retenus », détaille le directeur du CEG 2 Abomey-Calavi. Pour une meilleure traçabilité de ces transferts avec Educmaster, la plateforme de gestion de l’enseignement secondaire, une innovation est intégrée dans le processus de transferts. « L’innovation cette année, c’est qu’en plus du dossier physique, le collège de provenance doit faire aussi un transfert numérique sur Educmaster. Lorsque cela n’est pas fait, on ne peut pas valider l’inscription d’un élève », révèle-t-il. A l’en croire, « cette décision est prise à cause des nombreux bulletins falsifiés que nous avons eus l’année dernière. Lorsque le transfert est fait sur Educmaster, l’établissement de provenance leur donne un petit papier portant le numéro Educmaster et le cachet du directeur. Si on constate que l’importation n’est pas faite, on renvoie les élèves dans l’école de provenance. Parfois, il y a certains collèges privés qui, par souci de temps ou par négligence, ne font pas les choses à temps et disent aux parents que c’est fait pour se libérer », clarifie le directeur, martelant que s’agissant des emplois du temps des enseignants, ils sont déjà disponibles et seront remis aux enseignants au sortir des journées pédagogiques.
A Porto-Novo dans l’Ouémé, au Collège de l’Unité, les journées pédagogiques occupent tout le monde. Avant d’y aller, Antoine Zossou, le directeur de l’établissement, a offert de son temps à Educ’Action. Dans ce collège public, les emplois du temps sont déjà disponibles et les travaux de nettoyage des salles de classes sont en cours. « Certains tableaux ont déjà été repeints. Le nettoyage a commencé dans certaines classes. Nous avons commencé à redistribuer les tables-bancs dans les classes », affirme le directeur, dans son Bazin bleu. S’agissant de la Covid-19, tout se met aussi en place pour le bien-être des apprenants. A en croire le directeur, les dispositifs de lavage des mains ont été réparés. Etablissement de provenance du deuxième au Baccalauréat 2020, Antoine Zossou s’active également pour rééditer l’exploit du CEG de l’Unité, l’an prochain. « Puisque je garde la classe de Terminale C, je leur ai déjà donné rendez-vous pour le lundi à 07 heures. Je vais les coacher, les motiver et leur montrer les défis que nous avons à relever cette année. Le professeur de Mathématiques a aussi promis de commencer quelques activités avec ses élèves dans la semaine », conclut le directeur du CEG de l’Unité et enseignant de PCT en Terminale C.
Les universités prêtes à accueillir les étudiants
Tout semble au point pour le retour en amphis des étudiants dans les universités privées du Bénin. Secrétaire général à l’Institut Universitaire ‘‘Les Cours Sonou’’, José Fanou Noudéhou rassure les étudiants et les parents sur le démarrage effectif de l’année académique 2020-2021. « Si on se réfère au calendrier établit par le Gouvernement, après la pandémie du coronavirus, la prochaine rentrée universitaire est prévue pour le 28 septembre 2020 », fait-il savoir. Mais la grande préoccupation réside dans le respect des mesures barrières. A cette préoccupation, José Fanou Noudehou confie que l’Institut Universitaire ‘’Les Cours Sonou’’ n’a pas prévu d’autres mesures particulières si ce n’est de se conformer au respect des mesures éditées par le Gouvernement. « Le Gouvernement a prescrit certaines mesures pour pouvoir réduire la pandémie du coronavirus, qui sont le respect de la distanciation sociale, le lavage des mains que nous appliquons à l’entrée de notre université. Comme c’est le Gouvernement qui a demandé l’observance de ces règles, nous avons épousé cela et il y a des dispositifs qui sont installés de part et d’autre dans l’Institut pour permettre aux étudiants de se laver régulièrement les mains », rassure le Secrétaire général. « La stratégie demeure la même, c’est-à-dire que les cours vont se dérouler en présentiel avec le respect des mesures de distanciation. En plus de cela, nous sommes en train de mettre en place le système de cours par visioconférence. On ne le souhaite pas mais si la pandémie doit perdurer et qu’on va devoir rentrer encore dans un autre confinement, nous serons obligés de lancer les cours par visioconférence », a précisé José Fanou Noudéhou.
Des exigences et doléances des enseignants aspirants ou pré-insérés
La rentrée scolaire 2020-2021 se prépare tant bien que mal dans le rang de tous les acteurs impliqués. Début semaine écoulée, le calendrier fixant l’année scolaire prochaine du 28 septembre 2020 a été rendu public pour renseigner sur ce qui est en train d’être fait dans le cadre de cette rentrée. C’est à travers un arrêté interministériel en date du 15 septembre 2020, consigné par Salimane Karimou et de Mahougnon Kakpo, respectivement ministre des Enseignements Maternel et Primaire et ministre des Enseignements Secondaire, Technique et de la Formation Professionnelle. Du côté des aspirants encore appelés pré-insérés, tout semble se préciser sur fond d’indignations et de réclamations. La reconduction du contrat de cette catégorie d’enseignants est un fait à saluer de l’avis de Pierrot Akodjènou, l’un des représentants du bureau de la Fédération National des Collectifs des Enseignants Pré-insérés du Bénin. Outre l’évidente de la reconduction, il est indiqué que ces pré-insérés vont demeurer dans leurs établissements dès la rentrée prochaine, quoi que des mutations particulières pourraient intervenir dans certains établissements. Cependant, la situation des enseignants pré-insérés et non déployés dans les écoles préoccupe à plus d’un titre, Pierrot Akodjènou. De l’autre côté, c’est Ferdinand Missenhoun, lui aussi représentant du bureau de la Fédération National des Collectifs des Enseignants Pré-insérés du Bénin, qui s’indigne du traitement financier fait à l’égard de cette catégorie d’enseignants à laquelle il appartient. « La rentrée prochaine, les pré-insérés la prépare très mal. Déjà, ils sont restés deux bons mois sans salaires, donc dans la précarité parce que le contrat qu’on leur a fait signer ne couvre pas la période des vacances », renseigne-t-il. Le plus difficile, à en croire ce dernier, reste le défaut de moyens financiers. « Contrairement à nos collègues APE et ACE, les enseignants pré-insérés ne bénéficient pas des primes pour démarrer la rentrée. Pourtant, c’est une catégorie d’enseignants ayant elle-même, une famille à nourrir, le loyer à payer, des enfants à inscrire au même titre que les autres, sans pour autant perdre de vue qu’ils doivent actualiser leurs garde-robes et se procurer par-dessus tout, des documents. C’est plus qu’un calvaire que subissent les pré-insérés malgré leur dévouement très prononcé», soulève-t-il. Aussi, fait-il observer au passage, c’est une incongruité sans nulle autre pareille que de priver cette catégorie d’enseignants des journées pédagogiques. A quelques jours de cette rentrée scolaire, ces représentants n’ont pas manqué de formuler des doléances. Entre autres : le paiement des salaires douze 12 mois sur 12 en respect à la grille salariale en vigueur au Bénin ; le paiement des primes de rentrée aux enseignants pré-insérés au même titre que les APE et ACE ; la prise en compte des pré-insérés dans l’organisation des journées de réflexions pédagogiques. Lesquelles doléances pourraient contribuer, selon eux, à une année scolaire apaisée.
Quid des préparatifs de la rentrée au niveau syndical ?
Les enseignants de la Maternelle et du Primaire, membres des syndicats de base, se sentent prêts pour la reprise des classes. C’est ce qu’il faut déduire des propos des secrétaires généraux des syndicats de base de la maternelle et du primaire approchés dans le cadre des préparatifs de la rentrée scolaire. « La reprise ne posera aucun problème. Déjà, nos militants se sont présentés, hier, sur les sites habituels pour les journées pédagogiques. Ensuite, ils se présenteront à leurs postes dans le cadre de la rentrée le lundi 28 septembre 2020 », rassure Carlos Hounguè, Secrétaire général du Syndicat National des Enseignants pour le Travail et le Patriotisme du Bénin (SYNETRAP-Bénin). Mettant l’accent sur les tâches qui sont celles de son syndicat en vue d’un meilleur résultat à la fin de l’année scolaire, le SG du SYNETRAP-Bénin n’a pas manqué de mettre le curseur sur certaines de leurs doléances en veilleuse. « Il faut souligner que depuis des années, les avancements sont bloqués. Les collègues gagnent le même salaire depuis et pourtant, la vie devient de plus en plus chère. Les rappels de salaires sont bloqués », fait-il savoir, l’air triste. Pour son collègue Minagan Rigobert Hounkpè, Secrétaire général du Syndicat National des Instituteurs et Educateurs de l’Enseignement Maternel-Bénin (SyNIEEMa-Bénin), avec les négociations en cours entre les Centrales, Confédérations syndicales et le Gouvernement, le problème ne doit pas se poser. « Au niveau de notre syndicat, nous avons fait avec nos représentants dans les différents départements, des visioconférences pour réfléchir sur certaines pratiques, en l’occurrence le lavage des mains, l’activité du goûter avec les enfants en ce temps de crise sanitaire. Tout ce qu’il faut pour rester à table doit être personnel et entretenu. A la Maternelle, c’est la prise en charge efficiente des petits enfants dans les conditions normales afin qu’ils abordent sans coup férir le cours primaire », conclut-il, mettant ainsi un point d’honneur sur les résolutions prises pour cette année scolaire 2020-2021.
Les parents d’élèves prudents face à la Covid-19
Vêtue d’une chemise rose, devant sa maison en ce jour de repos, dame Alexine Bossouli a l’esprit tourné vers la reprise des classes. Mère de trois enfants qui sont dans les classes de CM1, CM2 et 3ième, elle explique au micro de Educ’Action les démarches qu’elle a déjà menées pour un démarrage sans anicroche de l’année scolaire pour ses progénitures. « Pour certains livres, nous sommes prêts. Les sacs et les chaussures sont achetés depuis la période de repos passée car à l’approche de la rentrée, les fournitures deviennent de plus en plus chères. La plupart des fournitures sont déjà payées, il ne reste juste que la liste des fournitures à retirer dans les écoles afin d’acheter les cahiers d’activités et autres documents exigés », informe la sage-femme. Pour être à ce niveau, elle s’y est prise très tôt puisque, précise-t-elle, « bien avant la dernière composition, nous savions déjà celui qui passe en classe supérieur. Donc, nous avons acheté les fournitures progressivement afin de les satisfaire tous ». En ce qui concerne les dispositions pour prévenir la Covid-19, l’agent de santé ne se fait pas prier pour prendre le taureau par les cornes en sensibilisant ses enfants pour qu’ils soient vigilants. « Je pense les faire asseoir et discuter avec eux de cette maladie qui sévit et des mesures de prévention. D’abord, c’est de toujours se laver les mains dès leur arrivée à l’école, lors de la récréation et avant de rentrer à la maison. Arrivée à la maison, il faut aussi se laver les mains. Avoir toujours son cache-nez et le porter. Chacun avec son gel hydroalcoolique et quel que soit ce qu’on touche, on passe le gel. Cela ne veut pas dire qu’il ne faut pas se laver les mains. Il faut aussi observer la distance sociale et pour cela, il faut contacter l’école », explique la jeune dame sous le regard attentif de son fils aîné en classe 3ième.
La Rédaction de Educ’Action