Réinsertion professionnelle des 305 enseignants radiés : Les démarches d’un dénouement heureux - Journal Educ'Action - Éducation au Bénin et dans le monde
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Réinsertion professionnelle des 305 enseignants radiés : Les démarches d’un dénouement heureux

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Les 305 enseignants, Agents Contractuels de l’Etat (ACE) radiés de la fonction publique, en raison de leur non-participation à l’évaluation diagnostique de 2019, vont renouer avec leurs vieilles amours. C’est ce qui ressort de la séance hebdomadaire du Conseil des ministres du mercredi 18 janvier 2023. Une nouvelle qui a mis en ébullition bien des syndicalistes.

Il a fallu environ 4 ans pour que le président Patrice Talon rappelle dans la fonction publique, les 305 enseignants ayant boycotté la deuxième session de l’évaluation diagnostique, courant l’année 2018. Ce dénouement est le fruit des incessants plaidoyers et lobbyings entrepris par les partenaires sociaux. « Plusieurs démarches ont été entreprises dans le temps. Il s’agit, entre autres, du plaidoyer des différentes centrales et confédérations syndicales à l’endroit des différentes institutions et du gouvernement. Aussi importe-t-il de mentionner qu’il y a eu des interventions des personnes morales à divers niveaux pour le dénouement de la situation », fait savoir Joseph Ahrin, secrétaire général du Syndicat National des Professeurs des Lycées et Collèges (SNAPROLYC). Au sein du Syndicat National des Instituteurs Acteurs du Développement pour une Éducation de Qualité au Bénin (SYNIADEQ-Bénin), la question de la radiation des enseignants concernés est inscrite en lettre d’or à chaque session. « À chaque session où nous devons avoir l’occasion de rencontrer le ministre des Enseignements maternel et primaire, nous lui rappelons le caractère anti-social de cet acte du gouvernement. Mieux, lors des sessions du dialogue social de la Commission Administrative Paritaire du Ministère des Enseignements Maternel et Primaire (CAP/MEMP), la question est toujours remuée par les représentants du personnel », a dit Arnaud Agbohounka, secrétaire général du SYNIADEQ-Bénin avant d’arguer que cette préoccupation a toujours été l’objet de l’UNSTB lors des rencontres d’unité d’actions syndicales avec les SG confédéraux. Passant 40 mois sans être en situation de classe dans les établissements publics, ces enseignants frondeurs peuvent se réjouir du dénouement de leur situation. Les acteurs à divers niveaux ont conjugué leurs efforts pour voir réintégrer cette catégorie d’enseignants dans la fonction publique. « Il faut avouer que tous les leaders syndicaux à divers niveaux se sont battus pour que cette réintégration des collègues devienne une réalité. Il y a certains qui ont fait du plaidoyer visible. Ils ont réagi à travers des audios, des écrits, des émissions et des lettres ouvertes. Dans le même temps, il y a d’autres qui ont opté pour le lobbying qui est une stratégie par forcément physique et publique mais une stratégie de négociation efficace », fait noter Alexandre Adjinan, secrétaire général du Syndicat National des Enseignants du Secondaire, Technique et de la Formation Professionnelle (SNESTFP-Bénin). Il ajoute par ailleurs que : « Beaucoup d’acteurs syndicaux et de personnalités ont aussi contribué au dénouement heureux de cette situation.Il s’agit de la victoire de tous les travailleurs du Bénin ». Thierry Dovonou, secrétaire général du Syndicat National des Professeurs Permanents et Contractuels du Bénin, pour sa part, la première rencontre a lieu avec l’actuel locataire du Ministère des Enseignements Secondaire, Technique et de la Formation Professionnelle (MESTFP). « Nous avons engagé des démarches. La première rencontre que nous avons eue, c’était avec le ministre Kouaro Yves Chabi. Nous avons dit à l’autorité ministérielle avec un mémorandum au point, de supplier le président Talon pour que les collègues soient réintégrés dans la fonction étant donné que nous avons un manque d’enseignants et il y a de la compétence parmi eux », s’est rappelé le numéro 1 du SyNaPPEC, montrant comme ses camarades, la place de choix qu’occupe la réintégration des 305 enseignants expulsés. Poursuivant ses envolées explicatives, il affirme : « 3 ans après, il y a eu une rencontre entre le président Talon et certains responsables syndicaux dont deux porte-parole des radiés en décembre 2022. Mais entre-temps, les centrales étaient aussi entrées en jeu ». Ce dégel est la bienvenue dans le rang des syndicalistes approchés.

 

Une joie partagée

C’est un sentiment de joie, de satisfaction et de fierté qui animent les syndicalistes rencontrés. « Nous avons un sentiment de joie parce que nous sommes des représentants des travailleurs et nous ne pouvons pas être à l’aise lorsque nous constatons qu’il y a des travailleurs qui sont sanctionnés. C’est un sentiment de satisfaction et de fierté parce que c’est le système éducatif béninois qui en sort vainqueur », a exprimé, tout joyeux, le secrétaire général Alexandre Adjinan du SNESTFP-Bénin, tout en remerciant le président Patrice Talon. Mêmes sentiments du côté du SYNIADEQ-Bénin. « J’ai aujourd’hui le même sentiment qui peut animer un chasseur qui est resté aux aguets en pourchassant pendant longtemps un gibier et qui finit par l’attraper », confie le secrétaire général Arnaud Agbohounka. Il n’a pas manqué de plaider pour la cause d’autres contractuels : « Il reste encore les autres contractuels des promotions 2008, 2010, 2014 et 2016 qui étaient restés bloqués par les textes pour leur reversement en Fonctionnaire d’Etat. »
Pour Joseph Ahrin du SYNAPROLYC, cette décision est salutaire car, : « elle permet de renforcer le système éducatif qui souffre déjà d’insuffisance d’enseignants qualifiés et de qualité. Car, parmi ces derniers se retrouvent des compétences. Aussi, la décision vient-elle sauver plusieurs ménages dont certains enfants allaient difficilement à l’école faute de moyens ».
Pour rappel, le gouvernement de la rupture, dans son souci de rendre performant le système éducatif, a décidé d’organiser à l’intention de tous les enseignants, une évaluation diagnostique le 24 août 2019. Cette évaluation n’était du goût des acteurs du monde syndical qui ont tôt fait de la boycotter. Prenant acte de ce constat et en considérant les propos de quelques syndicalistes, le gouvernement a organisé une seconde session le 7 septembre 2019. A l’occasion, 305 enseignants dont 113 du primaire et 192 du secondaire ont manifesté un refus catégorique à cette évaluation. « Il faut avouer que l’évaluation ne respecte pas les textes », soutient à nouveau Alexandre Adjinan. Face à ce refus, le gouvernement de la rupture a décidé de résilier leur contrat et ils ont été radiés de la fonction publique.

Enock GUIDJIME

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