Raoul Atohoun, STP-PDDSE par intérim, sur les réformes du PSE post 2015 : « La finalité, c’est que le système éducatif béninois soit performant » - Journal Educ'Action - Éducation au Bénin et dans le monde

Raoul Atohoun, STP-PDDSE par intérim, sur les réformes du PSE post 2015 : « La finalité, c’est que le système éducatif béninois soit performant »

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Initialement prévue pour s’achever en classe de 3ème, l’éducation de base s’étend désormais en classe de Terminale. C’est une décision issue du Conseil des ministres du mercredi 02 Septembre 2020. Pour mieux comprendre les raisons qui motivent cette réforme, Educ’Action a rencontré Raoul Atohoun, Secrétaire Technique Permanent du Plan Décennal de Développement du Secteur de l’Education (STP-PDDSE) par intérim. Il fait ici le tour des enjeux de cette relecture du PSE 2018-2030, impulsée par le Gouvernement. Entretien !

Educ’Action : Quelles sont vos impressions à la suite de cette relecture du PSE annoncée en Conseil des ministres le mercredi dernier ?

Raoul Atohoun : Il a été programmé la révision du PSE suivant ses trois différentes phases. Nous sommes à la fin de la première phase et c’est l’occasion pour l’ensemble des acteurs du secteur d’aller à son actualisation en vue de faire le point de ce qui a été positif et de ce qui a été négatif. Ceci nous permettra de repositionner notre document de politique du secteur éducatif pour le meilleur du commun des Béninois.

Prévue pour s’achever en classe de 3ème, l’éducation de base est désormais étendue en classe de Terminale. Pourquoi avoir introduit cette réforme ?

Je crois que la réforme visant à porter l’éducation de base de la classe de 3ème en Terminale s’inscrit toujours dans la vision du gouvernement d’améliorer la qualité de l’éducation. Qualité en ce sens qu’un accent particulier sera porté sur la formation technique et professionnelle. Tout ceci, pour amener l’apprenant à avoir une base solide lui permettant de s’orienter dans les divers compartiments de la vie active. C’est une option que le gouvernement a faite et nous nous devons de la soutenir, d’autant plus que, cela va permettre d’améliorer le niveau d’acquisition de connaissances des enfants pour les préparer à amorcer leur vie d’adulte.

Quels sont les changements majeurs qui seront induits par cette réforme ?

Actuellement, je ne saurais le dire avec précision. C’est lorsque nous serons dans le feu de l’action, avec l’ensemble des acteurs du secteur de l’éducation, que nous allons aboutir à un consensus de ce que cela induirait en tant que changements au niveau du secteur à travers des réflexions, des fora. De toute façon, ce ne sera pas des changements à imposer. On verra la forme, la dimension qu’on aura à accorder à cette réforme pour qu’elle soit bénéfique pour tous les Béninois. Donc, c’est l’ensemble des réflexions des acteurs du secteur qui nous conduiraient vers les changements que nous voudrons réaliser à l’horizon 2030. Le gouvernement a focalisé sa priorité sur l’Enseignement Technique et la Formation Professionnelle en tant que deuxième priorité en matière d’éducation, le Primaire étant la première priorité qui va permettre aux enfants d’avoir les connaissances de base requises. La deuxième priorité de l’Etat, l’Enseignement Technique et la Formation Professionnelle, est très importante pour le développement de l’économie des pays. Pour qu’un pays prospère, il faut qu’il soit doté des hommes capables d’impulser son économie et l’impulsion de l’économie passe par le niveau de qualification des hommes qui habitent ce pays. Donc, la vision et le souci du gouvernement, c’est que les Béninois qui interviennent dans les différents secteurs de notre tissu économique ne soient pas formés au rabais. Mais qu’ils soient des techniciens rompus à la tâche et pouvant accompagner le développement du Bénin.

Quelle sera la prochaine étape après la validation de la relecture par le Conseil des ministres ?

La prochaine étape, c’est que nous allons nous mettre au travail. On va retrousser les manches pour doter notre pays de ce dont on a besoin de manière consensuelle. Il y a une feuille de route bien élaborée qui existe. Ce sera le guide qui va nous permettre d’aller dans les diverses réflexions pour aboutir à l’actualisation de notre Plan Sectoriel de l’Education qui va intégrer les diverses réformes déjà engagées au niveau du secteur. Parlant des grandes lignes de la feuille de route, dans un premier temps, nous allons passer à l’évaluation de notre système éducatif de 2016 à 2020 pour voir les avancées et les retards que nous avons au niveau des diverses politiques qui ont été planifiées au niveau du plan sectoriel. Cela a trait à l’actualisation de la note d’analyse sectorielle. Cela va servir de base pour la partie diagnostique du document. Nous allons donc faire ce diagnostic et d’ici le mois de décembre, on aurait fini cette phase qui va nous permettre de voir ce qui a été bien fait ou non au cours de la première phase du PSE. On verra ensuite comment repositionner ce qui n’a pas été bien fait pour entrer dans les diverses réflexions en vue de prendre en compte les diverses réformes qui ont eu lieu de 2016 à 2020. Après cette phase, nous allons entrer dans la phase des prévisions. Cette phase va nous permettre, à partir des diagnostics réalisés, de voir ce que nous attendons à l’horizon 2030. Nous allons refaire des projections sur la base des résultats obtenus pour voir comment va évoluer notre système éducatif en termes de nombre d’apprenants, de recrutement des enseignants, de matériels didactiques. Bref, en termes d’intrants pédagogiques entrant dans le renforcement de l’acquisition des apprenants au niveau de notre système éducatif. Après avoir fait ces diverses projections, nous allons évaluer ce que cela coûterait pour l’économie béninoise dans le financement du secteur de l’éducation ; voir s’il y aura une couverture totale des ressources que nous aurons à projeter face à la capacité du pays à prendre en charge les nouvelles options que nous allons insérer dans le modèle de simulation qui aboutirait à des prévisions physiques et financières. S’en suivra la troisième phase, pouvant nous permettre de revoir notre lettre de politique éducative. Laquelle va intégrer tout ce qu’il y a comme réformes au niveau du secteur depuis l’avènement du gouvernement. Toutes ces réformes seront clairement exprimées à travers la lettre de politique, guide que suivrait le système éducatif pour sa promotion. Après cette lettre de politique actualisée, nous allons entrer dans la phase de formulation des stratégies, suivie des actions. Nous allons ensuite, à partir des actions que nous aurions à mettre en place, faire la budgétisation de ces actions et voir ce qu’il y a lieu de faire pour caler cette budgétisation aux ressources que nous avons eues à projeter au niveau du modèle de simulation en vue d’une balance.

A terme, quel sera le visage du système éducatif béninois ?

A terme, le système éducatif béninois sera un système d’où sortiraient des produits capables d’accompagner le développement économique du pays pour une Nation prospère. Une Nation qui n’a pas des fils instruits, nantis de compétences nécessaires pour l’accompagner et la faire prospérer, est une Nation vouée à la traine. Donc la finalité, c’est que le système éducatif béninois soit un système éducatif performant qui ne sortirait que des produits capables, utiles pour son développement.

Que dire pour conclure cet entretien ?

Le système éducatif béninois a besoin de toutes les forces vives pour le bâtir. Ce chantier que le gouvernement vient d’ouvrir et qui est un chantier énorme ne serait l’apanage d’un groupe de Béninois. Cela doit être inscrit dans une approche participative de toutes les franges de la Nation et comme vous le savez, le système éducatif béninois, c’est la base de tout.

Propos recueillis par Estelle DJIGRI

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