A l‘initiative de leurs enseignants Anick Baribeau et Laurent Theis, 29 étudiantes de l’université québécoise de Sherbrooke, futures enseignantes, ont foulé le sol béninois du 03 au 18 mai 2019. Dans le cadre d’un projet d’enrichissement pédagogique et culturel, elles n’ont pas hésité à parcourir huit mille deux cent quarante et un (8241) kilomètres pour s’imprégner des pratiques éducatives et découvrir la richesse du patrimoine culturel béninois. Retour sur une expérience unique qui aura marqué d’un sceau indélébile de futures enseignantes québécoises en quête de connaissances.
«Ce que je retiens dès le premier jour que je suis arrivée au Bénin, c’est la grande ouverture des élèves, des enseignants et des directeurs. Je garde aussi la joie de vivre des enfants, la joie que les enseignants mettent dans les classes à l’aide des chansons, des encouragements, et aussi la solidarité. Ce sont des pratiques que j’essaierai d’introduire dans ma classe au Québec ». Telles sont les paroles de Ariane qui résume le séjour de la délégation canadienne au Bénin. Comme elle, les 29 futures enseignantes de l’Université de Sherbrooke rentrent au Canada avec un « bagage culturel trois fois plus gros que celui qu’elles ont apporté » selon Anick Baribeau, spécialiste en évaluation des apprentissages au préscolaire et au primaire. De Ganvié à Ouidah en passant par Cotonou, Pahou et Porto-Novo, étudiantes, enseignants et élèves ont eu l’occasion d’exercer et de pratiquer diverses activités scientifiques, culturelles et artistiques au service de la construction des savoirs chez les enfants. Mathématiques, français (lecture et écriture), arts et culture, exercices physiques et sportifs n’ont pas manqué à ce brassage culturel et intellectuel fait de chants, de danses dans chacune des écoles parcourues.
Partage de connaissances au service des valeurs pédagogiques …
Ecoute, attention, concentration, engagement et participation, …Bref ! L’esprit pédagogique a plané durant les activités d’enseignement-apprentissage réalisées tant en plein air qu’en classe dans une démarche interactive sollicitant aussi les enseignants béninois. « Avec elles, j’ai vu d’autres manières d’animer la vie scolaire que nous allons essayer d’adapter à nos réalités d’ici. Par exemple, j’ai compris que la récréation est aussi un moyen pédagogique qu’on peut utiliser pour animer une classe en faisant une séance d’EPS ou un cours de Français. J’ai constaté dans leur méthode qu’elles favorisent plus le contact avec les enfants et elles ont un esprit d’ouverture », a fait savoir Ezéchiel Ahounou, Directeur de l’école andogénique, jardin de la Fraternité Ecolojah. Comme ses collègues, Anne-Sophie n’a pas marchandé sa disponibilité et ses connaissances en faisant divers jeux pour faciliter l’apprentissage des mathématiques par les apprenants. Pour la future enseignante de Sherbrooke, «tout s’est bien passé. On a dû adapter nos activités au niveau des élèves. On a rendu certaines activités plus faciles et d’autres plus difficiles. Les élèves étaient contents. On a vu aussi qu’il y avait des façons de faire qui étaient semblables à ce qui se fait au Québec et nous nous sommes adaptés à cela ». En effet, après l’observation approfondie des enseignants en situation de classe, les étudiantes en troisième année universitaire au Baccalauréat en enseignement au préscolaire et au primaire ont conduit des activités de mathématique, de français, de sciences, d’art, de musique et des séances de jeux pédagogiques avec l’aide des titulaires, devenus coachs de circonstance, au grand bonheur des uns et des autres pour construire des liens professionnels et d’amitié.
Construire des ponts professionnels et scientifiques
A en croire Laurent Theis, didacticien des mathématiques au préscolaire et au primaire, « l’idée est vraiment d’apprendre des enseignants béninois, de voir comment fonctionne la classe béninoise, comment les enseignants gèrent leur classe, comment ils font avancer les différents savoirs dans la classe. A cela s’ajoutent des objectifs interculturels pour permettre à nos étudiantes de pouvoir échanger dans des contextes culturels différents». Dans cette dynamique, la délégation a rencontré les premiers responsables de la région pédagogique numéro 28 afin de tisser des liens de collaboration future pour un partage d’expérience en vue d’un enrichissement mutuel des pratiques pédagogiques. Le même geste a été posé en direction du monde académique pour un enrichissement académique et scientifique au service du développement de la recherche en éducation. Comme sa collègue Anick Baribeau, le spécialiste de l’enseignement des maths a estimé qu’in fine, « les préoccupations des enseignants béninois sont similaires à celles des enseignants du Québec en termes de moyens pour aider les élèves à s’approprier les divers savoirs quels que soient les contextes. Ce qui diffère,ce sont les conditions d’enseignement ». Les jalons sont ainsi posés pour le mieux-être du système éducatif béninois.
Adjéi Kponon