L’année académique 2019-2020 a été une année exceptionnelle à cause de la Covid-19. Comme toutes les universités dans le monde, les étudiants et enseignants de l’Université d’Abomey-Calavi ont dû s’adapter à la situation du point de vue des enseignements, des apprentissages et des évaluations. En cette fin d’année académique, Educ’Action fait le point avec le 1er vice-recteur en charge des affaires académiques de l’Université d’Abomey-Calavi, le professeur Marcel Djimon Zannou. Dans cette interview, le 1er vice-recteur revient sur les adaptations induites par le Coronavirus dans la délivrance des enseignements avant de scruter les perspectives de cette pandémie dans les pratiques d’enseignement pour l’année académique 2020-2021 qui s’annonce. Lisez plutôt !
Educ’Action : Quels sont les impacts de la Covid-19 sur la transmission du savoir à l’UAC ?
Prof Marcel Djimon Zannou : La survenue de la Covid-19 a impacté tous les secteurs, notamment celui de l’éducation qui nous concerne. La première perturbation, c’est que nous avons connu une interruption des activités décidée par le gouvernement afin de prendre les dispositions pour faire face à cette maladie. Une fois cette période d’interruption passée, nous avons repris les activités le 11 mai 2020. La reprise a été marquée par des changements dans les méthodes d’enseignements. Les enseignements qui étaient présentiels sont devenus pour la plupart des enseignements en ligne. Il fallait que les enseignants préparent les cours et les mettent sur une plateforme. Le gouvernement a mis en place une plateforme à cet effet. Tout cela a demandé un temps d’apprentissage, une adaptation tant du côté des enseignants que des étudiants. Il y a eu un bouleversement dans le mode de fonctionnement et le mode d’enseignement. L’année s’est déroulée non pas sans difficultés mais dans des conditions acceptables.
Quel bilan faites-vous de ces cours en ligne dispensés à l’UAC ?
Globalement, je peux dire que les cours se sont déroulés en ligne à 80 % et 20 % en présentiel. Les petits groupes ont déroulé les cours en présentiel et les grands groupes l’ont faits en ligne. Au début, tout le monde s’est cherché avec la plateforme puisque c’est une nouvelle construction. Tous les enseignements n’ont pas pu se faire sur cette plateforme. Les enseignants ont trouvé d’autres réseaux pour dérouler leurs cours. Il y a eu des avantages et des inconvénients. Au niveau des avantages, cela nous a amenés à réfléchir autrement, à nous adapter pour la gestion académique des grands groupes. Donc, si la plateforme fonctionne bien, les étudiants n’ont plus besoin de rester dans les amphis, ils peuvent rester n’importe où pour suivre les cours pourvu qu’ils aient une connexion internet et un appareil approprié. Quand bien même la Covid-19 va partir, on peut maintenir ce mode de fonctionnement pour une meilleure gestion des grands groupes, pour ce qui concerne les cours magistraux. Les TD et TP doivent se dérouler en présentiel, dans une certaine mesure. Pour cela, il faut constituer de petits groupes et faire une programmation pour qu’il n’y ait pas des attroupements dans les salles car, nous sommes obligés de maintenir le respect des mesures barrières. Au niveau des inconvénients, c’est d’abord un changement, et tout changement à ses difficultés. Les étudiants se sont énormément plaints car, il leur faut une connexion internet pour suivre les cours et il leur faut aussi des équipements, ordinateurs ou Smartphones, pour cela. Ce qui fait que certains se sont regroupés autour de ceux qui en ont. Vous les voyez au nombre de trois, quatre ou cinq, autour d’un appareil pour suivre les cours parce qu’ils n’en ont pas tous les moyens. L’inconvénient est qu’ils ne respectent pas toujours les mesures barrières. Nous sommes obligés de les sensibiliser mais les changements dans les habitudes ne sont pas faciles.
Qu’en est-il des évaluations en mode Covid-19 ?
Pour les évaluations, nous avons dû maintenir le mode présentiel. Pour faire des évaluations en ligne, il faut toute une construction. Nous n’avons pas encore la maîtrise des cours en ligne. Il y a toute une préparation à faire pour adapter les évaluations en ligne. Nous n’en sommes pas encore là, ce qui fait que toutes nos évaluations ont été faites en présentiel. Ce qui pose problème, ce sont les grands groupes. Nous nous sommes arrangés de manière à ce que chaque entité soit programmée pour occuper les salles dont nous disposons dans le strict respect des mesures barrières par les étudiants. Ainsi, quand un groupe finit, un autre vient. Nous avons fait toute une gymnastique pour que ces évaluations aient lieu. Au moment où la pandémie est arrivée, nous avions pratiquement fini les évaluations du premier semestre. Il y a eu une interruption et c’est le second semestre qui est devenu court. Pour cela, nous avons fait une adaptation des programmes, les enseignements ont eu lieu et les évaluations ont suivi en étant étalées dans le temps. A l’heure actuelle, pour la plupart des établissements, les évaluations du second semestre ont eu lieu. Les examens de rattrapage se sont déroulés dans certains établissements. Ceux qui n’ont pas pu le faire, le feront à la reprise pour permettre aux étudiants de composer.
Certains établissements ont fait les évaluations et livré les résultats en un temps record pendant que d’autres sont encore à la traîne. Comment comprendre cette dichotomie ?
La célérité est relative. Ceux qui avaient fini complètement le premier semestre avant la Covid-19, il est compréhensible qu’ils aient de l’avance sur ceux qui n’avaient pas fini avant. Les programmes ne sont pas les mêmes, les contraintes varient d’un établissement à l’autre. Donc, on ne peut pas les comparer sur ce plan. Tous ont été proactifs, ils ont fait le maximum qu’il faut pour que les résultats soient disponibles. Nous avons commencé les congés officiellement mais ceux qui n’ont pas fini, continuent de travailler.
Quelles sont les dispositions prises pour préparer l’année académique 2020-2021 ?
Une commission est mise en place au Ministère du Numérique et de la Digitalisation pour travailler à l’amélioration de la plateforme. Nous avons aussi constitué des cellules pédagogiques au niveau de chaque entité. Les membres de ces cellules ont reçu une formation avant d’aller en vacances. On les reprendra à la rentrée pour voir comment construire les cours qui doivent passer en ligne. Ces cellules vont répercuter ces formations au niveau de leur entité pour que chaque enseignant sache comment est-ce qu’on construit un cours qui doit passer en ligne. Il y aura aussi des séances d’initiation et de prise en mains de la plateforme. Les étudiants inscrits seront aussi sensibilisés. Le gouvernement a fait un effort pour que l’accès à la plateforme soit gratuit. Ils auront juste besoin de trouver l’équipement qu’il faut pour se connecter. Sur le campus, les dispositions sont en cours pour que les points d’accès wifi soient mis en place. La capacité de la bande passante a déjà été augmentée. La distribution du réseau se fait sur le campus. Les points d’accès wifi seront construits pour permettre aux étudiants d’accéder facilement à la connexion.
Que dire pour conclure cet entretien ?
Dans la vie, il ne faut jamais se plaindre des difficultés qu’on peut rencontrer. Toute difficulté doit être exploitée comme une opportunité pour avancer. C’est la leçon que m’enseigne la Covid-19. Les perturbations engendrées par cette maladie doivent nous permettre d’apprendre, d’avoir un nouveau mode de fonctionnement et de nous adapter au plus vite. On arriverait là, mais pas aussi vite s’il n’y avait pas eu la pandémie. Je pense que c’est aussi à exploiter comme une opportunité pour relever les défis de l’Enseignement Supérieur.
Propos recueillis par Adjei KPONON