Acteurs, partenaires et décideurs de l’école béninoise se sont donnés rendez-vous dans la matinée de ce mercredi 23 novembre 2016 pour s’informer des résultats de l’évaluation 2014 du PASEC. La salle de conférence de la Direction départementale Ouémé-Plateau des Enseignements Maternel et Primaire a servi de cadre à cet atelier de présentation et de vulgarisation dudit rapport.
90,4% des élèves sont en dessous du seuil « suffisant » en langue en début de cycle primaire ; 66,5% sont en dessous du même seuil en mathématiques en début de cycle ; 48,3% sont en dessous du seuil en lecture en fin de cycle et 60,2% sont en dessous du seuil en mathématiques en fin de cycle. Le seuil « suffisant » de compétence étant l’unité de mesure qui permet de déterminer l’effectif d’écoliers ayant une plus grande probabilité de maîtriser ou non les connaissances et compétences jugées indispensables pour poursuivre leur scolarité dans de bonnes conditions. Loin d’être des incantations, ces chiffres sont l’échographie de la situation réelle de l’école béninoise, selon le rapport 2014 du Programme d’analyse des systèmes éducatifs (PASEC). Le PASEC qui est un outil d’appui au pilotage des systèmes éducatifs des Etats et gouvernements membres de la Conférence des ministres de l’éducation des Etats et gouvernements de la Francophonie (Confemen) en vue de l’amélioration de la qualité de l’éducation. Avis partagé par François Houédo, inspecteur du premier degré et directeur adjoint de l’enseignement primaire qui témoigne de la scientificité du rapport en ces termes: « Le rapport n’a fait que la photographie de notre école. Le rapport n’a pas inventé. Même s’il n’y avait pas ce rapport, nous étions conscients que notre école a des problèmes, peut-être qu’on n’avait pas de précisions et de détails à travers une étude comme c’est le cas du présent rapport ». Planificateur et membre de l’équipe nationale du PASEC, Marino Gomez ne dément pas non plus les statistiques contenues dans ce rapport et s’intéresse plutôt aux facteurs explicatifs de ces contre-performances des apprenants en Français et en Mathématiques. « Niveau socioéconomique des familles ; contexte individuel de l’élève ; facteurs liés au contexte de la classe et à l’intérieur de la classe ; impact des sanctions punitives sur les performances des élèves ; le temps scolaire ; le profil de l’enseignant (ses années d’études au niveau académique et professionnel)…», sont autant d’éléments servant de socle à la méthodologie sur laquelle reposent les présents résultats de l’enquête diligentée par la Confemen via le PASEC 2014. L’objet du rapport, selon Jacques Malpel, coordonnateur en chef du PASEC, est « de donner une photo. Une photo montre l’état dans lequel vous êtes à un moment donné ». Pour lui, le constat général qui se dégage de ce rapport est que « le retard qui est pris par les apprenants dès le début du cycle handicape lourdement la poursuite des apprentissages tout au long du cycle primaire. Par contre, on constate que le système arrive à se redresser légèrement en fin de cycle ». Face à cette gadoue dans laquelle patauge l’école béninoise avec la complicité insouciante de certains de ses acteurs et décideurs, il urge que des mesures courageuses soient prises pour redorer le blason. « Les mesures ont commencé déjà par être prises. Nous sommes passés de notre coutume, de notre routine de 80% au CEP à environ 40% cette année », rassure François Houédo par ailleurs responsable de l’équipe nationale du PASEC. A la question de savoir ce que nous faisons de ce rapport, il répond : « Le MEMP est déjà en train de mettre sur place une équipe pour poursuivre les réflexions sur les mesures urgentes à prendre. Ensuite, il y aura la vulgarisation à échelle du rapport. Nous irons dans tous les départements pour faire connaître ce rapport. Les institutions de la République, parents d’élèves et partenaires sociaux et tous les acteurs de l’école ne seront pas du reste. Et les mesures à prendre, nous les prendrons ensemble et conjointement ». Après Porto-Novo, cap a été mis dans l’après-midi sur Cotonou où le même rapport a été présenté au Ministre des Enseignements Secondaire, Technique et de la Formation Professionnelle, Lucien Kokou.
Romuald D. LOGBO