Malgré la volonté des autorités de changer la donne afin d’assurer un démarrage effectif des cours dès les premiers jours de la rentrée, des parents attendent toujours le jour de la rentrée scolaire pour inscrire leurs enfants. Pourtant, les responsables d’établissements ont mis les bouchées doubles lors de la pré-rentrée pour tout apprêter avant le jour J. Educ’Action a pris le pouls de la pré-rentrée dans des établissements de Cotonou. Reportage !
Nous sommes le jeudi 16 septembre 2021, dans la semaine de la pré-rentrée 2021-2022. Pendant que certains parents sont occupés à acheter les fournitures scolaires en cette dernière semaine du démarrage de la rentrée scolaire, d’autres, contrairement aux années précédentes, ont choisi de mener les démarches nécessaires pour l’inscription de leurs enfants.
Il est 10 heures. Nous sommes au Collège d’Enseignement Général (CEG) Le Nokoué. Les dernières pluies qui se sont abattues sur Cotonou, n’ont pas facilité l’accès à ce collège qui fait corps au lac Nokoué. Les vert-de-gris ou même les flaques d’eau qui rendent la terre très humide et presque désagréable à l’œil, n’ont pu empêcher quelques rares parents de se diriger vers l’administration de cet établissement. Si certains se sentent très à l’aise en marchant sur la pointe des pieds, d’autres préfèrent sauter les flaques d’eau pour accéder au bloc administratif. Certains parents et élèves sont positionnés au niveau de la fenêtre du comptable, d’autres font la queue devant le bureau des surveillants, en attente d’être reçus. D’autres encore font des allers et retours entre plusieurs bureaux, essayant d’avoir gain de cause. A ce propos, un parent d’élève dira d’ailleurs : «je suis venu pour inscrire mon enfant. Il s’agit d’un transfert parce qu’il quitte une école privée pour ici. Mais franchement, c’est tracassant. Tantôt on me dit d’aller dans tel bureau, tantôt dans tel autre bureau et cela dure depuis trois (3) jours. Heureusement, j’ai pu tout finir aujourd’hui».
Un peu plus loin, sans avoir eu besoin de se rapprocher de la surveillance, certains apprenants sont satisfaits rien qu’en regardant les tableaux d’affichage. «C’est ici que j’ai été à l’école l’année dernière, donc je suis juste venue voir dans quelle classe je dois me rendre le lundi», renseigne Pamela, une jeune fille rencontrée dans l’enceinte du collège. Le censeur adjoint de l’établissement est une femme, Praxède Tonoukouen. Devant son bureau, des élèves forment un rang pour exposer diverses préoccupations. Certains veulent la rencontrer pour exprimer leur désir de changer de séries, tandis que d’autres y vont pour déposer un dossier.
Cap sur le CEG Kouhounou-Vêdoko où le spectacle est identique. Des parents, cartables en main, sont orientés par les vigiles selon leurs sollicitations. D’autres, après une première démarche faite auprès du censeur installé à l’air libre dans la cour de l’école, continuent leur périple. A en croire ces responsables d’établissements, le principe de la pré-rentrée n’est pas encore acquis des parents d’élèves.
Une présence timide des parents dans plusieurs écoles
Très peu de parents sont sortis pour mettre à profit cette semaine destinée à l’inscription des enfants. C’est le constat fait dans les écoles sillonnées. Complètement absorbée par le travail, Praxède Tonoukouen,
censeur adjoint du CEG Le Nokoué, confirme que la pré-rentrée n’est pas comprise des parents. «Dans nos habitudes, les parents ne sortent pas tôt. Je peux dire qu’ils n’ont pas encore bien cerné la réalité que constitue la pré-rentrée», a-t-elle laissé entendre au micro de Educ’Action. Elle poursuit, expliquant que «normalement, les parents doivent sortir pour inscrire les apprenants, mais ils ne le font pas si bien que des fois, on est obligé de recourir aux chefs quartiers mais malgré cela, ils attendent presque toujours le premier jour de la rentrée pour se manifester». Les mêmes propos sont tenus par Séraphin Dègbokin, directeur du groupe B de l’Ecole Primaire Publique Vêdoko 1. «Il y a quelques rares parents qui viennent. Le gouvernement a bien fait de convoquer les enseignants pour la pré-rentrée et avec un calendrier bien déterminé, mais il a oublié de médiatiser pour dire ce que les parents et les apprenants doivent faire en cette période», se désole ce directeur qui n’a pratiquement pas eu de présence de parents d’élèves dans son école.
Le surveillant général, André Sokponwé, pense lui aussi que l’Etat doit aider à communiquer largement sur la réalité de la pré-rentrée, afin de les aider à satisfaire le ministère dans sa quête de voir les cours démarrer au premier jour. A la question de savoir le rôle de chaque acteur lors de la pré-rentrée, ce dernier répond : «le parent doit préparer l’enfant pour l’école et procéder à son inscription. Quant aux apprenants, ils doivent être avec les enseignants pour le nettoyage», a détaillé le directeur. Malheureusement, fait-il observer, «certains parents ne savent même pas qu’il y a quelque chose au niveau des écoles actuellement. Ils attendent le lundi pour les inscriptions parce qu’ils ont appris que c’est le lundi la rentrée». Ce qui est tout à fait vrai !, s’exclame André Sokponwé.
La situation est identique au CEG Kouhounou-Vêdoko. «On a eu un peu d’affluence parce que les parents sont toujours réticents. Ils ne sortent pas, ils attendent le premier jour de la rentrée pour nous submerger alors que c’est maintenant le moment opportun pour régler ces problèmes», a également fait observer Gontran Aniambossou, censeur de l’établissement.
En plus des inscriptions, diverses activités sont menées pour préparer les établissements à accueillir les apprenants le jour de la rentrée.
La préparation administrative et pédagogique de la rentrée
Prendre les dispositions pour une rentrée scolaire réussie, tel est l’objectif des acteurs de l’école du primaire et du secondaire lors de la semaine de la pré-rentrée scolaire. Pour que cet objectif soit atteint, ils doivent mener diverses activités administratives et pédagogiques. Comme dans les autres établissements, les inscriptions ont déjà démarré au CEG Sainte Rita de Cotonou, informe Alfred Tiomon, le surveillant général adjoint de l’établissement.
Pour ce qui concerne l’entretien du collège, c’est une tâche en cours, fait savoir le surveillant rencontré le jeudi 16 septembre 2020. Au CEG Le Nokoué, le surveillant général adjoint André Sokponwé confie cette tâche aux apprenants retardataires. «Dans cette tâche, ce sont les apprenants qui viennent retirer leurs bulletins ou relevé de notes, qui nous aident. Nous n’avons personne pour nous aider. On impose ces tâches aux retardataires qui se pointent», a-t-il présenté comme seul moyen pour apprêter les écoles avant le jour de la rentrée.
Entrant dans les détails, le directeur du CEG Sainte Rita, Maurille Mondé, fait le point des tâches effectuées dans l’établissement à ce jour, 17 septembre 2021. «Pour cette pré-rentrée, nous avons prévu de tenir le conseil de rentrée pour éviter de perturber les cours à la rentrée. Il vise à préparer les enseignants», fait savoir le chef d’établissement. Pour ce qui concerne le contenu de la rencontre, le directeur lève le voile : «A ce conseil, il y aura deux communications animées par un inspecteur et un docteur en Sciences de l’éducation. La communication de l’inspecteur va porter sur la première prise de contact avec les apprenants. Le spécialiste des Sciences de l’éducation va, quant à lui, les entretenir sur la trilogie : enseignement-apprentissage-évaluation».
Les collaborateurs du responsable d’établissement, surveillants et censeurs, ne sont pas écartés de cette mission commune de préparation de la rentrée. «Les surveillants ont reçu les cahiers de présence et les consignes sur comment gérer la discipline dans la maison. Au niveau du censorat, les cahiers de note et les cahiers de texte sont apprêtés. Les cahiers d’animation pédagogique également sont prêts», rassure Maurille Mondé.
Comme dans les établissements secondaires, tout se met progressivement en place dans les écoles primaires. Au complexe scolaire de Sikè-Nord, situé derrière le CEG sainte Rita, dans le quartier de Wôlôguèdé à Cotonou, tout semble aussi prêt pour une rentrée scolaire impeccable. Ici, c’est une cour déserte qui accueille les usagers. Il faut s’approcher des classes pour voir les enseignants à l’œuvre. Quelques pas après le premier bâtiment, des voix se font entendre. Il s’agit des enseignants du groupe B qui sont réunis en conseil des maîtres autour de leur directeur, Pamphile Faton. «Depuis lundi 13 septembre 2021, nous avons ouvert l’école pour le compte de la pré-rentrée. Comme activité, nous avons ouvert le registre des inscriptions pour permettre aux parents d’inscrire leurs enfants», affirme d’entrée de jeu le responsable d’école. Dans sa tenue locale cousue dans une seule pièce de tissu, le directeur donne un aperçu de ses responsabilités. «A mon niveau, j’ai tenu le conseil de maître. Au cours du conseil, j’ai réparti les enseignants par classe. Dès aujourd’hui, nous devons remettre le matériel de travail aux enseignants», précise le chef d’établissement. Les enseignants à leur niveau, se préparent aussi à remettre à la direction la préparation de classe et la répartition mensuelle, fait-il savoir, avant de revenir sur le travail à faire avec ces documents des enseignants : «En tant que directeur, je suis tenu d’analyser et d’apporter mes observations aux enseignants avant le lundi». La pré-rentrée implique aussi les parents d’élèves qui ne sont pas oubliés. Pamphile Faton fait savoir qu’une réunion est prévue avec l’Association des Parents d’Elèves (APE) le lendemain, vendredi 17 septembre. «Voilà comment nous sommes en train d’égrener cette semaine de pré-rentrée», conclut tout sourire, le directeur du groupe B du complexe scolaire Sikè-Nord. Les emplois qui vont rythmer les interactions entre enseignants et apprenants n’échappent pas à la dynamique des travaux de pré-rentrée.
Les emplois du temps sont disponibles
Pièce maîtresse du dispositif pédagogique, les emplois du temps des enseignants et des élèves sont conçus par les responsables d’établissements. Se basant sur les indications pédagogiques, ils sont à l’œuvre dès les premiers jours du mois de septembre pour que cet instrument important soit disponible lors de la pré-rentrée. C’est chose faite dans tous les établissements visités. Assis dans son bureau, au milieu du tohu-bohu occasionné par les élèves qui se bousculent presque pour s’inscrire, le surveillant général du CEG sainte Rita lâche quelques mots. «Les enseignants ont tous reçu leurs emplois du temps pour le compte de cette année scolaire», renseigne Alfred Tiomon, dans sa chemise aux manches courtes, s’efforçant de répondre aux multiples préoccupations des parents d’élèves et élèves présents et en faction devant son bureau. Propos confirmés par le directeur du même établissement, Maurille Mondé : «Les emplois du temps sont connus et certains professeurs ont déjà leurs emplois du temps. La pré-rentrée est assurée au CEG sainte Rita.»
Plus loin au CEG Le Nokoué, à la frontière entre les communes de Cotonou et d’Abomey-Calavi, c’est le même constat. «Déjà les emplois du temps des classes et ceux de chaque enseignant ont été conçus. Les listes de répartition des apprenants par classe sont faites. Les enseignants ont pris connaissance de leurs emplois du temps. Nous pouvons dire que tout est fin prêt pour que les cours démarrent effectivement le 20 septembre», informe Praxède Tonoukouen, censeur dudit CEG. Souabirou Imorou, enseignant de mathématiques, atteste ces propos en confirmant avoir reçu son emploi du temps avant même la pré-rentrée. «On ne peut même pas imaginer que les cours ne commencent pas le 20 septembre parce qu’il y a déjà certains apprenants qui ont pris connaissance des emplois du temps qui sont déjà affichés. Ils connaissent leurs classes aussi. Donc, je suis optimiste et je me dis qu’il y aura un bon nombre avec qui on pourra démarrer», croit-il fermement.
Les cours démarrent le 20 septembre, qu’il pleuve ou neige !
Si pour les années précédentes, les cours ont démarré des jours après le jour de la rentrée dans les écoles publiques, tout concourt à penser que la donne a changé. Gontran Aniambossou, censeur du CEG Kouhounou-Vêdoko, en est convaincu. «Si les parents prennent leur temps, pensant que les cours vont démarrer deux semaines après la rentrée, ils se trompent», porte-t-il à la connaissance de ces derniers. Il insiste sur le fait que, «ici au CEG Kouhounou-Vêdoko, les professeurs iront en salle le 20 septembre 2021. Ils donnent leurs emplois du temps et commencent les cours. Toutes les dispositions sont prises pour cela». A en croire Praxède Tonoukouen, pour que les cours démarrent effectivement le 20 septembre au sein de son établissement, plusieurs dispositions sont prises pour contenir le nombre trop plein de parents qui vont débarquer le lundi prochain pour les inscriptions. Entre autres dispositions, la démultiplication des bureaux d’inscription. «Moi, je m’occupe de tout ce qui est transfert-départ de la 6ème en Terminale. Ma collègue s’occupe des transferts-arrivée de la 5ème en 1ère. Un autre surveillant se charge des transferts-arrivée des classes de la 6ème et le directeur lui-même s’occupe de la Terminale. Donc quand les dossiers viennent, nous les orientons», a renseigné le surveillant général adjoint du CEG Le Nokoué, André Sokponwé.
Pour ce qui concerne les subventions des établissements promises par le gouvernement au plus tard le 13 septembre 2021, ces responsables d’établissements affirment avoir eu vent de leur positionnement à travers des communiqués et des notes de services. Seulement, quelques démarches doivent être menées par les directeurs d’établissements pour que ces fonds soient placés sur le compte des établissements.
Estelle DJIGRI & Viviane SOGBLONGBE (Stag)