Les activités sportives, depuis les temps immémoriaux, avaient toujours été une discipline qui suscite beaucoup d’engouement compte tenu de ses bienfaits. Force est de constater que de nos jours et dans notre pays, peu d’apprenants qu’ils soient de la Maternelle, du Primaire ou du Secondaire, s’intéressent encore à ce champ de formation, connu sous le vocable de l’EPS, (Education Physique et Sportive). Pour connaître les raisons de ce désamour des apprenants à l’EPS pourtant discipline à l’instar de celles classiques dont le Français, les Maths, la SVT, le PCT et autres, les reporters de Educ’Action ont pris langue avec quelques professeurs et apprenants. Voici ce qu’ils en disent…
«Dans nos descentes parfois, il est à remarquer que ceux qui font véritablement de ce champ de formation une matière, une discipline sont les enseignants en situation d’examen professionnel. Quand il nous revient de constater que les enseignants ne prennent pas en compte ce champ de formation, on leur intime l’ordre de le faire ». Ces propos de Camille Tchiapkè, Chef de la Région Pédagogique n°28 vient indexer le corps des enseignants qui s’intéressent à peine au déroulement de l’Education Physique et Sportive au cours de l’année scolaire pour des raisons d’examen professionnel. Dans nos entretiens faits à bâtons rompus avec 15 enseignants sous la coupole de la région pédagogique n°12, dix (10) enseignants ont reconnu que cette matière est quasi inexistante pour nombre d’enseignants, parlant d’enseignement et de pratique. Pourtant des soutenances ponctuées de mémoires dont le thème central ‘’l’EPS ‘’ ont été faites pour inviter les uns et les autres à faire de ce champ de formation une discipline comme les autres. « D’abord, il faut voir le contenu de leur formation. C’est dans le contenu que tout se trouve. Est-ce qu’à la base, on les obligeait à faire le sport ? Est-ce qu’on a demandé que le sport soit obligatoire dans toute leur classe ? Il faut partir de là. Si ce n’est pas obligatoire, le monsieur ne fera le sport que quand il a son examen à passer ou quand les enfants doivent passer le CEP », a commenté Alain Gbaguidi, professeur certifié d’EPS à la retraite pour ouvrir le débat sur l’enseignement donné aux enseignants dans les écoles Normales des Instituteurs, parlant de cette discipline. De l’autre côté, se référant à ce qui se faisait autrefois, la formation des professeurs aspirants aux activités sportives était bicéphale ; le même professeur était formé pour le sport et pour l’Education physique et Sportive. Mais aujourd’hui, se désole Alain Gbaguidi, consultant en activités physiques et sportives : « on forme des enseignants qui n’enseigneront que le sport c’est-à-dire le basket, le handball, le football, etc. Ceux qui enseignent l’Education Physique et Sportive ne forment pas des champions. Aujourd’hui, il y a plus de professeurs d’Education Physique et Sportive que de professeurs de sport. Nous, en notre temps, on pouvait faire les deux ». Pour avoir exercé cette profession durant des années où il a occupé des postes stratégiques, le professeur certifié de l’EPS à la retraite met ainsi en lumière quelques bienfaits liés à la pratique de l’activité sportive.
Des raisons de démotivation à la discipline …
L’une des raisons justificatives du peu d’intérêt accordé à l’EPS par les promoteurs d’établissements privés d’enseignement secondaire, reste l’inexistence ou la non-disponibilité d’espace favorable pour la pratique de la discipline EPS. Certains établissements privés d’enseignement secondaire n’ont pas l’espace idéal pour permettre à leurs apprenants de pratiquer l’EPS, a-t-on constaté une fois sur le terrain. On assiste pour certains à la migration des apprenants d’un établissement à un autre pour d’autres apprenants pour la pratique de l’EPS. C’est le cas de bien des établissements privés d’enseignement secondaire. « Il faut voir les établissements qui sont créés. Il y a des établissements qui n’ont même pas de cour. Vous voulez qu’ils fassent le sport où ? Les gens ont une maison à étages et quelques salles et puis on crée l’établissement alors qu’il y a des normes », se prononce, désolé Alain Gbaguidi. Pour lui, un CEG ou une école primaire doit avoir 400 ou 500 mètres pour que les enfants puissent courir et sauter. Ce qui n’est malheureusement pas le cas aujourd’hui dans bien des établissements visités dans les Cotonou et environs. Pour Romain Fana Vohon, professeur certifié d’EPS en service au CEG le Méridien, sa discipline est considérée comme toutes les autres matières, mais souffre d’un désintéressement chronique de la part des apprenants. « Dans le rang de certains, vous allez constater qu’ils prennent l’EPS comme une discipline d’amusement. Aujourd’hui, la conception n’est pas la même pour tous les apprenants. J’avoue qu’après le 1er semestre dans ma classe de Terminale, je vais dire qu’il y a une dizaine qui ont choisi de ne plus venir », a-t-il témoigné tout déçu. Ces propos de Romain Fana Vohon, consultant en activités physiques et sportives rejoignent ceux de Opulence Gnanssounou, élève en 1ère D2 dans le même collège qui peint ici l’ambiance qui règne dans sa classe en plein cours de l’EPS : « Dans ma classe en 1ère D2, pour ne pas exagérer, je dirai que mes camarades s’amusent en pleine pratique de l’EPS. C’est-à-dire ma classe n’accorde pas assez d’importance à cette matière. Elle prend cela à la légère. Pour eux, venir à l’EPS veut dire s’amuser ». Pour sa camarade Belvida Ahlin du même collège, ce champ de formation contribue non seulement à combler des notes, mais aussi à maintenir leur santé. Dans le sous-secteur des enseignements Maternel et Primaire, le législateur a prévu dans l’emploi du temps, deux séances par semaine soit 45minutes par séance. Qu’est-ce qui est fait en cas de non-respect ?
Des sanctions aux méthodes d’incitation à l’EPS …
Vu le rôle que doivent jouer les conseillers pédagogiques et les Chefs de régions pédagogiques pour le bon déroulement des unités pédagogiques, ceux-ci ne lésinent pas en termes de sanctions. Lesquelles sont d’obliger les enseignants à rester sur la droite ligne. « Nous rappelons le directeur à l’ordre, parce qu’il est chargé du suivi pédagogique dans l’école. Tenant compte de cela, si l’enseignant ne veut pas se soumettre à la règle, nous l’envoyons sur le terrain de Conseil Pédagogique. Dans ce cas, cette discipline devient une obligatoire autrement dit, quand nous venons, c’est ce que nous voulons voir ou rien », fait savoir le CRP numéro 28. Quant au professeur certifié de l’EPS à la retraite, la rigueur était sa tasse de thé lorsqu’il était en fonction. « Je suis très rigoureux. Je vais jusqu’à obliger les dispensés à suivre mes cours et à la fin, ils doivent répondre par écrit sur ce qu’ils ont vu pendant le cours », a-t-il déclaré d’un sourire froid.
Des bienfaits de l’EPS aux non-respects des normes …
Les activités sportives, aussi difficiles qu’elles soient, participent au bien-être de l’homme sur tous les plans. Elles améliorent le fonctionnement du système cardio-vasculaire et optimisent la circulation sanguine. « Le sport stimule toutes les grandes fonctions. Quand vous faites du sport, vous gardez la jeunesse, vous restez jeune. Le sport doit être pour le corps, ce qu’est la nourriture pour le ventre. On ne peut pas vivre sans faire le sport. Vivre sans faire le sport, c’est se condamner à l’immobilisme et l’immobilisme vous savez que c’est la mort. Il faut bouger », a conseillé d’un air franc le professeur d’EPS à la retraite.
Enock GUIDJIME & Gracia HONONDJLO (Stg)