La date de la réouverture des salles de classes est bien connue. A travers, le Conseil des ministres de ce mercredi 06 mai 2020, le gouvernement béninois a confirmé la reprise des activités pédagogiques et académiques le 11 mai 2020 pour les classes de CM2, les collèges ainsi que les universités. Mais alors, quelles sont les dispositions prises, en l’occurrence par les établissements privés en ces temps de difficultés financières. Educ’Action a fait le tour de certaines écoles privées qui appellent l’Etat au secours.
Nous étions à quelques jours de la reprise des classes. Comme annoncée par le gouvernement, il y a des semaines plus tôt et confirmée par la suite à travers le Conseil des ministres du mercredi 06 mai 2020, les écoles qui sont sur le territoire béninois rouvriront leurs portes pour accueillir de nouveau les apprenants en cette période où la pandémie du Coronavirus sévit et où les nombres d’infectés augmentent de plus belle. Dans les écoles, en l’occurrence celles privées, les réunions se multiplient. Réunions au cours desquelles, des réflexions sont menées par les responsables sur les dispositions à prendre pour le retour sans propagation du Coronavirus dans le rang des usagers des écoles. Mais déjà, des opinions se font enregistrer dans le rang de ces directeurs et enseignants quant à la décision du gouvernement de faire ramener tous les élèves des collèges à l’école.
Ouverture des classes des collèges, une décision à grands risques
Le retour de tous les élèves des collèges dans les salles de classes n’est pas du goût de certains acteurs du système éducatif. Ce promoteur d’une école privée sise à Godomey a d’ailleurs tenu à faire savoir ce qu’il en pense. Préférant s’exprimer sous anonymat, il se met dans un rôle de père de famille en rejetant farouchement cette décision du gouvernement, quoi qu’il se sente obliger de la respecter. « Ces hommes qui restent là-bas et qui prennent des décisions par visioconférence savent bien que c’est un danger. Mais parce qu’ils n’ont pas leurs enfants ici au Bénin, ils ne trouvent aucun mal à sacrifier les enfants des pauvres en les envoyant dans des établissements à effectif pléthorique », a déploré cet homme, la soixantaine environ qui ajoute au passage que « si j’avais encore des enfants au secondaire, je ne pense pas que je pourrai les laisser mettre pieds dans ces écoles ». C’est d’ailleurs pour éviter ces situations où, sans doute, certains parents préfèreraient que leurs enfants perdent une année plutôt que d’aller dans des écoles pour contracter le virus, que des propositions ont été faites plus tôt par certains acteurs visiblement affectés par la présente situation. Au nombre de ces acteurs, Urbain Hountondji, directeur de l’école Saint Pascal et président du collectif des chefs d’établissements privés du Littoral. « Comme proposition, le gouvernement fait venir rien que les élèves des classes d’examens parce que le calendrier est réaménagé et les examens commencent en juillet. On accueille d’abord les classes d’examen parce que c’est imminent. Il y a des établissements où les programmes ne sont pas achevés, il y a d’autres où les programmes sont achevés et comment ? Donc, c’est le moment de prendre les mois de mai et de juin pour les révisions », avait-il suggéré une semaine avant la décision du gouvernement de maintenir la date de la réouverture des écoles pour le 11 mai 2020. En ce qui concerne les autres classes, il n’a pas manqué de développer une idée qui selon lui, pourrait être la bonne. « Dans la plupart des établissements privés, le deuxième trimestre est bouclé. Donc, pour décider de l’admission ou non d’un élève, nous avons déjà des notes qui nous permettent de prendre de ces genres de décision », a-t-il pensé pour faire comprendre qu’on peut déjà mettre fin à l’année scolaire avec les notes à leur disposition. Autre hypothèse toujours selon ce directeur, « mieux, lorsque nous allons nous occuper convenablement des candidats aux différents examens, pendant le mois de mai jusqu’à mi-juin, nous verrons par la suite l’évolution de la pandémie et entre mi-juin et la date des examens, les autres vont venir en classe niveau, par niveau. On peut prendre CI-CP, CE1-CE2, 6ème-5ème ainsi de suite et on les recycle, on les reforme pour faire l’examen du troisième trimestre tout simplement. Aux grands maux, les grands remèdes ». Quoi qu’il en soit, la décision du gouvernement est prise. Les apprenants de la classe de CM2, tous les élèves des collèges, des lycées et les étudiants renouent avec les classes le 11 mai. Face à cette décision qui semble être sans recours, les dispositions sont prises par ces écoles privées pour assurer un tant soit peu la sécurité sanitaire des écoles. Néanmoins, l’aide de l’Etat est attendue, dira Urbain Hountondji, directeur de l’école Saint Pascal et président du collectif des chefs d’établissements privés du Littoral.
Des dispositions prises, mais l’Etat appelé au secours par les écoles privées
Avec leur moyen de bord, certains directeurs des écoles privées essaient de prendre des dispositions pour le retour des élèves. Au collège Sainte Mélissa, le directeur Fortuné Adogony renseigne sur les mesures prises pour assurer la sécurité de ses apprenants. « Nous avons le système de lavage des mains à l’entrée de l’école. Tout apprenant qui met pieds dans l’établissement doit se laver les mains avant d’aller en classe. Au niveau des toilettes, les dispositions sanitaires ont été améliorées. Des gels hydro alcooliques sont également mis à la disposition des enseignants pour désinfecter les mains des apprenants. Mais la mesure de distanciation sociale posera problème dans mon école. Je ne pense pas que cela puisse être possible, mais on essayera de faire ce que l’on peut. On demande que les enfants viennent avec leurs outils de travail pour ne pas avoir à emprunter pour d’autres », a-t-il dit pour ce qui concerne son école. A Saint Pascal, des dispositions ont été prises aussi. « Nous avons beaucoup de salles de classe ici. Alors, ce qu’on peut faire, c’est d’essayer donc de voir dans quelle mesure démultiplier les classes pour respecter un tant soit peu, la distanciation sociale entre deux élèves. Les modestes moyens que nous avons, nous permettront de mettre en place déjà au portail et au niveau de chaque classe, de l’eau et du savon. On n’a pas les moyens pour acheter les désinfectants, les gels hydro alcooliques et tout ça, on ne peut pas le faire. C’est une vérité », a confié à Educ’Action le directeur de Saint Pascal. Autre disposition, c’est la récréation qui se fera en groupe restreint de deux à trois classes au maximum. Pour ce qui concerne les masques, en attendant que l’Etat ne mette à la disposition des écoles les masques de protections, chaque parent est invité à en procurer à ses enfants. Par ailleurs, les parents sont invités à renouer avec les anciennes pratiques en faisant boire de la tisane à leurs enfants chaque matin. Ces directeurs des écoles privées, financièrement épuisés, n’attendent que l’aide de l’Etat pour mieux assurer la sécurité des enfants. « Nous attendons un accompagnement de la part de l’Etat, aussi bien sur le plan du matériel permettant le lavage des mains, des gels désinfectants que sur le plan financier. Même si l’Etat ne peut pas nous donner de l’argent, qu’il s’offre garant et instruise les institutions de micro finance, ainsi que les banques qui nous finançaient à nous accompagner par des financements limités de 5 à 6 millions que nous allons honorer à la rentrée prochaine », a plaidé Urbain Hountondji, en sa qualité de président du collectif des chefs d’établissement privés du Littoral. Car, a-t-il ajouté, la trésorerie est sèche dans la plupart des établissements privés.
Estelle DJIGRI