Participation ou non des conducteurs de taxi à l’élaboration de la PNPE : Des acteurs de la protection de l’enfant divisés sur la question - Journal Educ'Action - Éducation au Bénin et dans le monde

Participation ou non des conducteurs de taxi à l’élaboration de la PNPE : Des acteurs de la protection de l’enfant divisés sur la question

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Les conducteurs de taxi sont importants dans le déplacement des enfants à l’intérieur du territoire béninois. Ce dernier numéro du dossier relatif à la Politique Nationale de Protection de l’Enfant (PNPE) questionne la participation ou non des conducteurs de taxi à son processus d’élaboration.

Les conducteurs de taxi ont-ils participé au processus d’élaboration de la Politique Nationale de Protection de l’Enfant ? Sur cette question, les acteurs de la protection de l’enfant approchés ne s’accordent pas. « Ils n’ont pas été conviés autour de la table dans le cadre de l’élaboration de la PNPE. C’est sans détour. Ils n’ont pas été associés pour autant. Chaque structure en charge de veiller sur le bien-être des enfants, en l’occurrence les Centres d’Accueil de Protection de l’enfant sont censés informer leurs conducteurs de taxi », a laissé entendre Maxime Agoua, chargé de programmes du Réseau des Structures de Protection des Enfants en Situation Difficile (ReSPESD). Il soutient par ailleurs que le ReSPESD a formé un certain nombre de personnes intervenant dans la chaîne de protection d’enfants sur la thématique : « Déplacement des enfants en République du Bénin ».
Issifou Salimane est le directeur national de SOS villages d’enfant du Bénin. Acteur de la protection de l’enfant et participant aux travaux liés à l’élaboration de la PNPE, il répond sans fioritures : « des enfants, ONG et experts étaient consultés. Les conducteurs, non, à ma connaissance ». Le rôle des conducteurs de taxi dans le déplacement des enfants n’a pas été occulté. « Ils transportent seuls les adultes de mêmes que les enfants qui voyagent avec eux. Ils doivent protéger mes enfants au cours du voyage. Ils peuvent aider à prévenir et à lutter contre les abus sur enfants », fait savoir le directeur national de SOS villages d’enfant du Bénin.
En effet, des conducteurs de taxi continuent de transporter des enfants sans tenir compte des exigences des dispositions de la loi N°2006-04 du 10 avril 2006 portant conditions de déplacement des mineurs et répression de la traite d’enfants en République du Bénin. Malgré les sensibilisations et les formations éparses organisées par certaines structures de protection de l’enfant, le phénomène a la peau dure. Une situation qui nécessite de savoir s’ils ont été vraiment associés. Tandis que certains affirment qu’ils n’ont pas pris part aux séances ayant abouti à l’élaboration de la PNPE, d’autres disent le contraire.

La représentativité des conducteurs de taxi à la PNPE

Nous sommes au Tribunal de Commerce de Cotonou le jeudi 19 mai 2022. Érick Hachémè juriste, spécialisé en droit de l’homme dans sa tenue locale ‘‘ Good Luck ’’ est en service à la Direction des Droits Humains du Ministère de la Justice, des Droits de l’Homme et de la Législation. « Nous sommes dans une dynamique. Le processus prévoit que, quand vous voulez élaborer des documents à l’échelle nationale, il y a des structures types qu’il faut associer. Quand vous prenez par exemple le document qui est à la base de la promotion de la protection des droits de l’enfant, on vous parle généralement non seulement des structures qu’il faut associer mais également de la participation des enfants », a indiqué le juriste spécialiste des droits de l’homme. Néanmoins, il affirme : « À l’époque, les actions ont été menées à l’endroit des conducteurs. Il s’agit des sensibilisations, de comment ils doivent conduire pour ne pas faire tomber les enfants. Donc les conducteurs n’ont pas été écartés. Les faitières des conducteurs ont été associées. » Même son de cloche du côté de Bruno Gbèhinto, directeur général des affaires sociales au Ministère des affaires sociales et de la microfinance du Bénin, alors directeur de la famille, de l’enfant et de l’adolescent. Interviewé le vendredi 24 mai 2022 dans son bureau, l’actuel directeur général des affaires sociales au Ministère des Affaires Sociales et de la Microfinance témoigne d’un ton ferme : « Méfions-nous de penser que lorsqu’on a un atelier à faire, on est capable de prendre tout le monde. En considérant l’axe Lomé-Nigéria, à l’atelier de Lokossa, il y avait un représentant de ceux qui sont dans les sites de graviers. C’est à Lokossa qu’on les a pris en compte. Maintenant, si on a constaté que partout on n’a pas pris, cela ne veut pas dire qu’on a méprisé leur rôle. » Il ajoute au passage que : « la question, c’est être représenté et d’être actif. Vous pouvez venir à un seul atelier et avoir dit l’essentiel sur la réalité. Mais dire qu’ils ne sont pas pris en compte, ça m’étonnerait ». Des conducteurs de taxi rencontrés pêle-mêle, le mercredi 1er juin 2022, ne savent pas grand-chose de la PNPE. À la lumière de leurs propos, ils entendent parler de la PNPE sans pour autant mesurer sa portée.

Enock GUIDJIME

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