Ça ne vous dit rien cette phrase ? 21Vous ne l’avez pas encore entendue chez vous ! Mais depuis quelques temps, vous l’expérimentez. Je me suis toujours demandé comment se débrouillaient ces peuples de l’Occident que j’ai expérimentés et qui étaient toujours en train de courir vers le métro, vers le boulot et vers le dodo pour enfin se retrouver à adorer leur dieu média !
Vous pensez que les Occidentaux ne croient pas en Dieu ? Erreur, ils ont leur dieu que sont les médias sinon, comment croyez-vous qu’ils trompent leur ennui ? Non pas vraiment l’ennui, mais plutôt l’abyssale vacuité de leur existence après les courses journalières (métro-boulot-dodo). Ce qu’ils font ensuite et qui les maintient en vie, c’est l’ensemble des mensonges qu’ils ont inventés pour être heureux : vous voyez dans la rue des gens qui vous dépassent la mine serrée, parviennent à leurs gîtes, allument leurs différents médias avant de chauffer un repas insipide et ouf ! Enfin, ils vont sur les sites de rencontres ou s’affalent sur le divan pour suivre la messe du football ou autres sports de plus en plus violents et ainsi faire la seule chose qu’ils savent faire : vivre par procuration.
Mais alors, survient la catastrophe c’est-à-dire cette pandémie qui ébranle leur mode de vie et donc leurs certitudes car, ils ont maintenant le temps de tourner en rond, d’oser réfléchir et de constater que même leur dieu pourvoyeur de toutes leurs certitudes est en mode rediffusion ! Toujours les mêmes matchs, les mêmes blagues, les mêmes refrains glaçants : nous allons tous mourir.
Et moi dans tout ça ? Je suis dans une grande et modeste maison et chaque jour, comme tous les retraités de l’administration publique, je suis confiné depuis des années et je découvre avec un grand étonnement que les gens n’aiment pas rester chez eux.
Ma dernière fille, l’impertinente, a donné le ton depuis qu’elle ne peut plus aller à l’école : papa, aides-moi, sauves-moi ! Je préfère encore l’école. Certes, je me couche tard, je me lève tard, je mange, je lis, je regarde les mêmes choses à la télé, mes maîtres de maison, comme par hasard se succèdent (tu les paieras sûrement à défaut de leurs écoles privés…) ; je ne veux même plus manger à répétition du riz, du gari, du macaroni et recommencer.
Elle ne se rend pas compte que c’est pire ailleurs dans la plupart des familles, surtout chez les riches du pays et d’ailleurs, qui me font tellement pitié car, en ce moment, tu es riche ou tu as des parents ou un tonton riche, mais tu ne peux plus comme auparavant, sur un coup de tête, prendre l’avion pour quelques courses à Dubaï ou à Paris car, pour une fois, tu comprends pourquoi il a été mis dans la Déclaration universelle des droits de l’homme que : « Tous les hommes sont égaux ».
Chez les pauvres, aussi paradoxal que cela puisse paraître, le moment est moins difficile car, depuis longtemps, on se contente du peu et on sait qu’il y a des limites. Si on pouvait avoir du gari, du piment ou quelques accompagnements, on vivra en priant car, que ce soit virus, palu ou pauvreté, cela fait longtemps qu’on ne fait plus de distinction.
Ainsi, on se rend compte que partout, il y a des constantes : d’un côté, l’Occidental moyen s’en remet à ses dieux qui, en ce moment, tournent en rond car, comme dirait l’autre « ils sont tombés sur la tête ». Il rencontre quelque part l’Africain moyen qui croit dur en son Dieu qui le sauvera à coup sûr. De l’autre côté, les riches, des deux côtés, s’étonnent et prennent conscience d’être juste des gens comme les autres qui mourront immédiatement lorsqu’ils mettront le nez dehors : alors on mange, on stupre, on compte son argent et rediffusion encore, mais on rencontre la réalité têtue de la mort qui nous ravale au niveau du pauvre hère qui fait les poubelles.
La terrible différence entre les hommes en ce moment tient à peu de choses dans une société bouleversée. Le pauvre a juste peur de mourir de faim, d’une misère matérielle dans un quotidien incertain, alors que le riche a peur de mourir d’une misère morale et spirituelle, entouré de tout et à la fois de rien. Qui a le meilleur parage : je ne sais pas. Celui qui pourra facilement et de peu nourrir son corps et remercier son Dieu, même gangrené par les pasteurs ou celui qui, pour toujours dans le restant de sa vie de soi-disant riche, comptera avec son humaine et misérable condition.
Maoudi Comlanvi JOHNSON, Planificateur de l’Education, Sociologue, Philosophe