La compétence des diplômés formés dans les universités publiques comme privées, est de plus en plus, mise en doute dans les entreprises. Nassirou Boro Chabi, cadre de l’administration publique, relève, dans cette interview accordée à Educ’Action, les réalités de l’incursion des diplômés en entreprise.
Educ’Action : Quels sont les problèmes auxquels vous êtes confrontés dans la formation des stagiaires qui viennent en entreprise ?
Nassirou Boro Chabi : Le problème qui se pose est d’abord lié à la formation. La formation qu’on donne dans les universités publiques et privées est différente de ce qui se passe sur le terrain. La formation dispensée dans les universités ne cadre plus vraiment avec les réalités de l’entreprise. Les stagiaires que nous recevons sont des gens qui viennent apprendre. Ils sont instruits, mais du point de vue du travail, de la pratique, ils passent à côté. Nos programmes de formations dans les universités doivent changer et s’adapter aux exigences du moment. Donc, il faut repenser la formation dans les universités parce que c’est dans les entreprises que nous sommes obligés de former à nouveau les stagiaires qui sont censés connaître ce qu’il faut avant de mettre les pieds dans l’entreprise. Nous les formons non seulement sur le plan administratif, mais aussi dans les compétences qu’ils ne maîtrisent pas en réalité. Quand nous mettons les stagiaires à l’épreuve, ils ne comprennent pratiquement rien parce que la formation qui est donnée à l’université est beaucoup plus pour l’instruction et non pour travailler.
Qu’est-ce qui pourrait expliquer le comportement de rétention dans le partage de connaissances de certains maîtres de stages ?
C’est tout simplement une question de mauvaise volonté. C’est en enseignant que tu comprends mieux. Le diplômé qui vient en stage dans une entreprise maîtrise plus la théorie que la pratique. Donc, c’est important de lui donner tout le savoir nécessaire qu’il faille pour la maîtrise de la pratique. L’autre chose qu’il faut souligner, c’est que quelqu’un qui a le désir d’apprendre est ouvert à l’apprentissage. Mais quelqu’un qui estime qu’il connaît déjà tout a un autre comportement. C’est pour dire que ce n’est pas seulement de la compétence qu’il est question en entreprise. Il y a aussi le savoir-être en entreprise, la confidentialité, le respect de la hiérarchie. Si tu n’es pas dans cette dynamique, tu peux avoir des problèmes avec ton maître de stage. Le stagiaire doit pouvoir laisser les préjugés de côté pour pouvoir apprendre.
Quels sont vos conseils pour la réussite d’un stage en entreprise pour les jeunes diplômés ?
C’est d’apprendre, et pour apprendre il faut être humble. Même quand on connaît, on ne s’agite pas. Il y a des choses que le stagiaire peut maîtriser et son tuteur non. C’est tout à fait normal, parce que nul n’a la science infuse. Mais ce n’est pas une raison de se prendre la tête. Donc, j’exhorte les stagiaires qui viennent en entreprise au sens de l’humilité, mais aussi de la disponibilité à apprendre.
Propos recueillis par Edouard KATCHIKPE
