Mouvements d’humeur des AME la semaine écoulée : Les aspirants, vêtus de rouge, revendiquent des droits - Journal Educ'Action - Éducation au Bénin et dans le monde
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Mouvements d’humeur des AME la semaine écoulée : Les aspirants, vêtus de rouge, revendiquent des droits

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Les enseignants pré-insérés de la maternelle au secondaire en passant par le primaire ont observé, la semaine écoulée, un mouvement d’humeur. Sans sortir des classes, ni de l’école, tout en vaquant à leurs activités pédagogiques, ces enseignants se sont exprimés à travers leur style vestimentaire. Votre journal Educ’Action a sillonné quelques écoles pour faire le constat. Reportage !

Banderole rouge attachée au bras, au coup, au poignet ou au front ; bavette rouge montée au niveau de la bouche ; écharpe rouge portée sur une tenue bohoumba, chemise rouge, cravate rouge. C’est le constat fait le mercredi 27 octobre 2021, à notre descente au Collège d’Enseignement Général Tankpè, sis dans le département de l’Atlantique. A la salle des professeurs, les enseignants portaient des tenues marquées de diverses pièces de tissus de couleur rouge tout en échangeant. D’autres, en situation de classe, avaient gardé, le même style vestimentaire exposant la couleur rouge.

Photo de famille des AME du CEG Tankpè

 

Pour la plupart, Aspirants au Métier d’Enseignant (AME) en service dans ce lieu de savoir, ils ont décidé de valoriser la couleur rouge dans leurs salles respectives. Et pour cause, un mouvement d’humeur dénommé ‘‘Ecole en alerte’’ a pris corps dans ce collège comme dans la majorité des établissements où sont déployés les enseignants pré-insérés. «Le mouvement est né suite à des contestations, frustrations et des mécontentements sur le terrain, d’autant plus que nous sommes déjà à trois (3) ans d’expérimentation. Mais jusqu’à présent, il n’y a pas eu d’amélioration de nos conditions de travail», lâche Renaud Tossou, enseignant aspirant en service dans ce collège. Tout comme lui, Dieudonné Amoussouvi, enseignant aspirant en SVT dans le même collège aborde autrement la raison mais qui colle avec la même réalité. «Le mouvement d’humeur est né de la négligence des virements de salaire de chaque mois par le gouvernement aux enseignants aspirants. Nous souffrons pendant les vacances. Après la reprise, déjà à la fin du mois, on attend impatiemment les salaires. Ce mouvement vient attirer l’attention de l’autorité sur la mauvaise humeur des AME», a-t-il confié pour situer sur les raisons. Intervenant depuis trois (03) ans, les enseignants aspirants des sous-secteurs des enseignements maternel, primaire et secondaire sont remontés contre le gouvernement. Ils ne souhaitent pas autre chose que l’amélioration de leur contrat. Dans le sous-secteur de l’enseignement primaire, notamment à l’EPP Aganmandin, la situation est la même. Le mouvement‘‘Ecole en alerte’’ est suivi par les instituteurs pré-insérés en classe dispensant les cours. «Nous sommes remontés contre le gouvernement par rapport à notre situation de travail. Nous sommes dans notre 3ième année, pourtant nous sommes dans la misère. Nous devons aux vendeuses dans le quartier, les loyers sont impayés. Nous voulons un contrat de 12 mois sur 12 mois», a affirmé Paterne Kouthon, secrétaire général administratif du Collectif des Enseignants Pré-insérés de la Maternelle et du Primaire (CEPI-MEMP), avant d’ajouter que la consigne donnée à cette catégorie d’enseignants est de se rendre à l’école à l’heure, mais en rouge pour travailler.
Les enseignants pré-insérés du CEG Pahou ne sont pas restés en marge de ce mouvement d’humeur. «Ce mouvement ‘‘école en alerte’’ est né suite à un constat amère fait par les aspirants, qu’ils soient de la maternelle, du primaire ou du secondaire, sur le contrat de travail qui leur a été envoyé par adresse mail. Sur ce contrat, la période indiquée couvre du 20 septembre 2021 au 1er juillet 2022, pour une durée totale de neuf (09) mois. Comme vous pouvez le constater, cela a été un très mauvais calcul. Sinon le total fait neuf (09) mois plus deux semaines. Nous demandent-ils de travailler pendant deux semaines gratuitement après avoir passé quatre (04) mois sans salaire en plus du quota horaire gonflé et des émoluments chétifs qui nous emprisonnent ?», renchérit Cocou Aouissi, enseignant des SVT au CEG Pahou et délégué de l’Union Nationale des Aspirants au Métier d’Enseignant du Bénin (UN.AME.B).

Quid du sentiment des enseignants dans cet accoutrement ?

C’est un comportement et accoutrement inhabituel observés dans le rang des AME depuis trois (03) ans. Connus pour leur flexibilité dans les négociations avec les autorités éducatives, les enseignants pré-insérés ont décidé de manifester leur mécontentement. «Je suis très à l’aise de faire les cours dans cet accoutrement. Aux grands mots, les grands remèdes. Dans le rang des enseignants contractuels et permanents, certains nous soutiennent en portant le rouge. Nous faisons les cours dans les normes et dans les règles. Nous n’avons pas abandonné les classes», a laissé entendre l’enseignant d’anglais Renaud Tossou. L’un des initiateurs du mouvement, l’enseignant Cocou Aouissi n’est pas gêné du fait qu’il ait mis une banderole rouge au niveau de son bras gauche. «De quel accoutrement parlez-vous ? Depuis, nous avons repris cette année sans un kopeck en poche, avec des poids de dettes très lourds, nous n’avons jamais été à l’aise. Ce n’est pas le fait de porter sur soi une banderole rouge au bras, au poignet qui nous rendrait mal à l’aise. Cela fait partie de notre habillement. Quel mal cela fera de pire que venir à l’école et se régaler à crédit ?», s’offusque-t-il avant de préciser que le mouvement consiste à alerter l’opinion publique, les acteurs du système éducatif et le Président de la République sur leurs conditions de vie et de travail. «Ce n’est pas une honte de dispenser les cours dans cette tenue. C’est pour informer, sensibiliser les parents, les apprenants et les autorités de l’école que l’heure est grave», dira son collègue Dieudonné Amoussouvi.
Restant debout comme un seul homme pour changer l’habitude dans les écoles relevant du giron de l’Etat, ne serait-ce qu’une semaine, les enseignants aspirants exigent, entre autres, le retour au quota horaire juste et légal, un contrat de 12/12, les primes, la prise en charge sanitaire. Selon les informations reçues sur le terrain, ce mouvement constitue la première phase prévue normalement pour la période du 25 au 29 septembre avec d’autres actions qui seraient en vue les semaines suivantes.

Enock GUIDJIME

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