Mouvancier : le train sifflera trois fois ! - Journal Educ'Action - Éducation au Bénin et dans le monde

Mouvancier : le train sifflera trois fois !

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Le Grand penseur G.W.F. HEGEL soutenait que pour connaître et comprendre l’humanité, il fallait faire une lecture quotidienne des journaux. Sa remarque continue d’être absolument pertinente même s’il aurait pu ajouter qu’il fallait rapidement parcourir les innombrables réseaux sociaux, notamment les forums. Ceci donne un aperçu très instructif des attentes, aspirations et désillusions du microcosme social. Ainsi beaucoup d’aspects se dévoilent à nous ; mais attardons-nous, en ces moments d’élection, sur ce qui semble être cette opposition sociale (et non politique) au gouvernement établi. On s’étonne à longueur de lecture sur ce qui semble être de vertueuses indignations qu’accompagnent d’autres harangues véhémentes sans oublier celles et ceux qui se remettent à la providence divine. Ce groupe apparemment uni et unique dans sa quête de la démocratie, de l’égalité et de la liberté est en réalité très hétéroclite ; tant les motivations souterraines sont diverses.
Vous serez étonné que, dans cet apparent chorus, certains exhalent des rancœurs ou exaltent des illusions perdues tandis que d’autres se cherchent et ne se retrouvent pas vraiment. Les plus dangereux sont ceux-là qui, non seulement se plaignent des institutions, mais surtout vouent aux gémonies, les cadres mis en place qui n’ont jamais, selon eux, le profil requis. Alors ils raisonnent, ratiocine et quasi déraisonne pour en fin de compte démontrer que la seule personne capable, c’est eux ! Voilà donc une opposition envieuse à laquelle on a oublié de trouver un strapontin et qui ne pardonne pas. Cette opposition turbulente et hystérique a généralement beaucoup d’adeptes qui l’admirent le jour, dans ses prises de positions remarquables et ne suivent plus la nuit, ses nombreuses pérégrinations dans les arcanes du pouvoir pour se faire pardonner. Les observateurs se perdent en conjectures sur la virulence quotidienne et l’activisme incessant.
Je me souvins d’un roman de qualité dont la trame est restée gravée en moi : un homme apparemment vertueux passait le temps à poursuivre tous les magiciens de son pays et n’avait de cesse que lorsqu’il parvenait à démonter leurs subterfuges et démontrer qu’ils n’étaient que de simples illusionnistes. Un jour, il se retrouva devant le vrai magicien qui l’accueilli dans son royaume, lui donna à boire l’élixir de longue vie et l’apaisa. Cette opposition est donc facile à juguler et à apaiser. La majorité au pouvoir a démontré avec brio comment on attrape, avec un peu de nectar sûrement, ce genre de personnage à travers le retour au bercail d’un pourfendeur célèbre à la manière de frère Hounvi.
Il y a une autre facette de cette opposition qui, ayant été nourrie au sein de la majorité, s’est vue éjecter aux détours de quelques turpitudes trop flagrantes. Il se crée donc une opposition sourde, pleine de fiel et prompte à se poser en victime expiatoire ayant osé montrer le chemin de la vertu dans une majorité corrompue ! Que non. Cette personne qui a laissé passer sa chance se complait à insinuer moult bassesses et à invoquer la providence divine sachant pertinemment qu’elle a brulé ses cartouches.
Il existe plusieurs autres facettes dont ceux des rêveurs, paresseux et autres peureux qui ont tous comme dénominateurs communs de ne pas vraiment oser essayer le camp de la majorité qui est tout sauf le havre de paix qu’on imagine. Ou, ils ont plutôt compris que de l’autre côté, c’était un enfer plus grand. En effet, c’est la majorité avec beaucoup d’appelés et apparemment beaucoup d’élus mais à des degrés si divers mais dont le seul point commun est l’intérêt ! Alors la lutte est féroce : tout se fait à coup de bassesses féroces, de cynismes voire de sadismes pour plaire au chef. On ne dort pas, on sommeille et on ne vit pas, on survit ! Le leader sait pertinemment que ce sont parmi ces gens qu’il a ses meilleurs ennemis, eux qui ont promptement quitté l’ancien maître au pouvoir pour le suivre avec plus d’âpres chants, plus de danses du ventre, plus de bas courbettes. Le dilemme est donc là : opposition malheureuse et inutile mais consciente ou majorité tourmentée mais riche de son argent et de son amoralité ! En tout cas, pour vous donner envie je vous tente : l’argent n’a pas d’odeur et même l’eau sale peut éteindre le feu. Mais attendez vous à soutenir des senteurs les plus malodorantes et à boire cette sale eau qui , paradoxalement , provoque une soif inextinguible.
Il y a, enfin, le pur et le dur qui prends son opposition comme un sacerdoce dans la mesure où, du haut de ses grands principes, il estime qu’il faudrait nécessairement quelqu’un pour contester afin que les vrais dirigeants ne se perdent pas complètement dans les flagorneries de bas étage.

Maoudi Comlanvi JOHNSON, Planificateur de l’Education, Sociologue, Philosophe

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