Palais des Congrès de Cotonou. Nous sommes le 21 janvier 2020. Dans la prestance d’une cérémonie solennelle, le Président de la République du Bénin, Patrice Talon, a installé le Conseil National de l’Education (CNE) que je voudrais appeler CNE révélé pour rester dans la charte linguistique du pouvoir actuel. Un Conseil national qui vient remplacer celui dirigé, non sans mérite, par le Professeur Paulin Hountondji pendant une décennie avec des publications livresques qui restent encore disponibles pour la postérité. Seulement, la politique n’a pas toujours su donner un écho favorable aux diverses recommandations de ce Conseil devenu, du coup, une affaire des intellectuels honnêtes et rêveurs de notre pays. La question est donc simple. Face à l’hécatombe de notre système éducatif dont l’une des bassesses s’est encore révélée au grand jour ces temps-ci avec les ‘‘sexes-tapes’’ en dépit des nombreuses alertes de Educ’Action, quelle réponse apporte le CNE révélé ? Mieux, quelle réponse le CNE révélé peut-il devenir dans sa configuration actuelle pour conjurer le mauvais sort et transformer le requiem de l’école béninoise en panégyriques de gloire et d’honneur ? Educ’Action a décidé au cours de ce mois d’Avril, de faire un focus sur l’institution qui deviendra très bientôt le creuset magique où l’on décidera de la qualité des hommes qui feront le développement du Bénin.
«Pour compter d’aujourd’hui, les personnalités les plus unanimement réputées expertes dans les divers domaines de l’éducation, quelles que soient leurs couleurs politiques, présideront aux destins de l’école. Qu’il s’agisse des programmes, du déploiement du personnel enseignant, de la carte scolaire ou universitaire, des affectations budgétaires, des accréditations ou des contrôles des établissements publics ou privés, plus rien ne sera décidé et mis en œuvre par qui que ce soit, sans les sachants que voici. » Ainsi s’exprimait le Président Patrice Talon, à l’installation du CNE révélé. Un message fort, sans ambages, qui retourne l’école aux techniciens. Un message qui dépouille le politique de son influence sur le système éducatif. Un système éducatif subjugué et tyrannisé par des aspirants enseignants incompétents, des programmes scolaires obsolètes, des effectifs pléthoriques, des directeurs politiquement positionnés, des infrastructures et équipements insuffisants et corrodants. Un système éducatif pourri par des écoles et universités publiques et privées corrompues par le pouvoir de l’argent, au sein desquelles les diplômes se vendent et s’achètent comme au supermarché. Un système éducatif qui ne se remet pas encore des Notes Sexuellement Transmissibles, les Tontines de Sexe, offrant des cadres diplômés à la nation mais improductifs et d’une incompétence notoire. Au regard de ces maux dont la liste n’est pas exhaustive, le Chef de l’Etat disait dans son discours, s’adressant aux sachants du CNE révélé, qu’ « il vous reviendra avec les ministères en charge de l’éducation, de prouver à nos enfants, les enfants du Bénin, qui veulent que notre Ecole soit au diapason de leurs rêves, à la hauteur des exigences et défis de leur temps, que l’Education est vraiment le seul moyen de construire l’Homme, matière première de toutes les épopées. »
Le CNE révélé a donc du grain à moudre et incarne beaucoup d’espoir pour le renouveau du système éducatif. D’ailleurs, la loi du 11 novembre 2003 portant Orientation de l’Education Nationale en République du Bénin a proclamé que dans le respect des principes définis par la Constitution du 11 décembre 1990, l’éducation en République du Bénin, constitue et demeure la première priorité nationale. Quelle est la mission du CNE révélé et qui sont les Hommes appelés à conduire le destin du peuple béninois par la mise en place d’un système éducatif performant ?
La mission du CNE
L’éducation, l’alpha et l’oméga du développement, reste la clé de voûte de l’essor économique et social de tout pays sérieux. Le CNE devenu depuis le 21 janvier dernier, l’organe supérieur du système éducatif en porte la responsabilité au Bénin. Créé par le Décret N° 2018 – 395 du 29 Août 2018, il est composé de vingt-neuf (29) membres qui représentent tous les principaux acteurs du système éducatif à raison de :
– 4 personnalités désignées par le Président de la République ;
– 6 personnalités désignées par les Ministres en charge de l’Education
et le Ministre en charge des affaires sociales ;
– 6 personnalités élues par les organisations socio-professionnelles du secteur ;
– 13 personnalités sélectionnées par appel à candidatures suivant des profils bien définis.
Le CNE est rattaché à la Présidence de la République.
Conformément au décret sus visé, le CNE jouit d’une autonomie de gestion administrative et financière. Il a pour mission de veiller au respect des grandes options éducatives de l’Etat, à la mise en œuvre de la loi portant orientation de l’Education nationale et à la coordination de tout le système éducatif en République du Benin. A ce titre, il est l’organe d’orientation, de coordination, de suivi-évaluation et de prise de décisions. Le CNE est une véritable autorité administrative publique avec des organes spécifiques à savoir l’Assemblée Plénière, le Bureau Exécutif, deux Commissions : la Commission‘’ Qualité et Réglementation’’ et de la Commission ‘’ Pilotage et Financement ‘‘ et le Secrétariat Exécutif. Le CNE aux grandes ambitions pour le Bénin de demain à travers l’éducation porte l’école béninoise et le citoyen attendu.
Sur papier, on peut croire qu’avec cet organe, et surtout avec la qualité des Hommes qui l’animent, le Bénin s’inscrit sur les routes de l’histoire, arpente les sentiers de l’avenir et peut avancer avec conviction sur le socle de l’éducation. L’école bananière pourrait bientôt avoir une réponse, à la grande satisfaction de tous les fils et filles du Bénin, si le navire CNE ne chavire pas et ne beigne pas dans les coups bas et atermoiements inutiles.