Mise en œuvre du Plan science au Bénin : Le PAESB engagé pour la dynamisation de l’enseignement des sciences - Journal Educ'Action

Mise en œuvre du Plan science au Bénin : Le PAESB engagé pour la dynamisation de l’enseignement des sciences

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Le Plan Science, l’une des réformes du Projet d’Appui à l’Enseignement Secondaire au Bénin (PAESB), est pensé, depuis 2016, pour renforcer l’enseignement des sciences. Cette réforme tire sa source de la désaffection des apprenants pour les séries scientifiques. En cinq ans de mise en œuvre, le projet a posé les jalons d’une théorie du changement.

«Nous avons accompagné le ministère pour élaborer un Plan Science à moyen terme susceptible de donner de l’attrait à l’enseignement des sciences, d’accroître les effectifs et de favoriser l’accès à l’enseignement des sciences », a déclaré, Wilfrid Djènontin, coordonnateur national du PAESB. Tout est, en effet, parti du désintérêt des apprenants pour les matières scientifiques dans les collèges du Bénin. « Vous demandez à 100 élèves la profession qu’ils veulent faire, ils vous diront qu’ils veulent devenir juristes, sociologues. Nos élèves ne sont plus portés vers les filières scientifiques », a confié, déçu, Eustache Zinzindohoué, point focal PAESB à la Direction de l’Inspection Pédagogique, de l’Innovation et de la Qualité (DIPIQ) citant un rapport d’enquête réalisé au plan national. Emile Acha, docteur en Mathématiques, conseiller pédagogique de l’enseignement secondaire, option PCT ne dira d’ailleurs pas le contraire : « Nous avons constaté de nos jours qu’il y a une désaffection des apprenants pour les sciences. Ils fuient les séries scientifiques et ils affluent vers les séries littéraires alors que sans la science on ne peut pas construire une nation. »
C’est pour cette raison que le projet s’est résolument engagé à changer la donne. « Aucun pays au monde ne peut aspirer au progrès », a affirmé, péremptoire, l’inspecteur de mathématiques Eustache Zinzindohoué. C’est tout le sens de la réforme proposée par le PAESB.
Programme élaboré pour booster l’enseignement des sciences afin d’amener les apprenants à beaucoup plus s’intéresser aux sciences, le Plan science a connu une synergie d’action des plus avertis de la question. Dans un document bien structuré, les experts scientifiques ont développé une stratégie d’intervention impliquant une dynamique pluriacteurs pour ramener la science au cœur des enseignements. « Désormais, on ne peut plus percevoir les mathématiques comme une discipline mais comme un médium et quand on parle mathématiques, cela intègre automatiquement l’informatique. De même, on ne parle plus de physique-chimie de façon isolée mais dans les sciences physiques, chimie et technologie on retrouve le lien avec les sciences de la vie et de la terre (SVT) », a clarifié Wilfrid Martin Djènontin, coordonnateur du PAESB. Le Plan Science a été construit autour de Sept (07) thématiques. Les principales sont: l’organisation curriculaire, les contenus enseignés et les modalités d’écriture des programmes, les pratiques pédagogiques effectives, les ressources documentaires et la formation des professeurs.

Le Plan science adossé au PAG

Si le Plan Science a fait des émules dans le corps d’encadrement, il est d’abord ancré dans le Programme d’Action du Gouvernement (PAG) pour la transformation structurelle de l’économie nationale. Il s’inscrit dans les réformes en cours au Ministère des Enseignements Secondaire, Technique et de la Formation Professionnelle (MESTFP) depuis 2016. Réformes dont l’objectif premier est d’améliorer non seulement l’accès, mais aussi et surtout le positionnement du sous-secteur de l’enseignement secondaire sur une offre éducative de qualité, dans le domaine des sciences pures. Selon le document sur la « dynamisation de l’enseignement des sciences au collège au Bénin », la réflexion sur le Plan Science est en phase avec les perspectives du Gouvernement pour le développement du Bénin tel que défini par le Plan National de Développement (PND 2018-2025). « Le Plan Science a fait des propositions concrètes et chiffrées qui seront discutées au niveau du gouvernement », a fait savoir le coordonnateur national du PAESB. Plusieurs enseignants des sciences ont d’ailleurs été formés sur la nouvelle dynamique. Leur satisfaction en témoigne de manière fort belle : « Ce renforcement de capacité m’a servi de recyclage et d’actualisation de mes connaissances. J’en suis particulièrement heureux ». Ce sont les propos du Dr Emile Acha, conseiller pédagogique de l’enseignement secondaire général, option PCT, rencontré au CEG Sèmè-Podji, dans le département de l’Ouémé. Cette formation sur le Plan science a apporté de l’eau au moulin de ce conseiller pédagogique du second degré. Bénéficiaire du Projet d’Appui à l’Enseignement Secondaire au Bénin (PAESB), il trouve importants les travaux pratiques reçus, fer de lance dans l’enseignement-apprentissage en PCT. « Des thèmes ont été choisis puisque bien des professeurs, dans leurs formations à l’université, n’ont pas eu la chance de faire assez de travaux pratiques. Donc grâce à la formation du PAESB, les enseignants de PCT ont eu droit à un bain de travaux pratiques. Cela leur a profité. Désormais, dans les salles de classes, lors de mes inspections, je constate que beaucoup de ces enseignants formés par le PAESB font plus de pratiques », confie-t-il satisfait, avant de préciser que ce pan du PAESB « captive et motive les apprenants à plus aimer les sciences PCT. » Pour l’inspecteur Eustache Zinzindohoué « le plan science vient aussi en appui à la mise en œuvre de la Stratégie Nationale de l’Enseignement et la Formation Technique et Professionnelle (SN-EFTP). Une stratégie qui ambitionne de renverser la tendance des apprentissages avec 70% d’enseignement technique et professionnel contre 30% d’enseignement général.

Une synergie d’actions et d’acteurs pour des résultats probants

Plusieurs acteurs ont contribué à la mise en œuvre du Plan Science. Il a rassemblé plusieurs ministères. Les enseignants du secondaire comme du supérieur, les conseilleurs pédagogiques, inspecteurs, des cadres du MESTFP et la DIPIQ ont été mobilisés. Le portage institutionnel a été assuré par la DIPIQ. A ceux-là, s’ajoutent les experts scientifiques mobilisés via le CIEP, en appui à l’élaboration du Plan Science. La participation des personnes physiques et institutions à ce volet du PAESB a fait tache huile. Subséquemment, les résultats parlent.
Le renforcement de l’enseignement des sciences a permis l’exécution du nombre d’activités favorables à la réussite des élèves dans les disciplines scientifiques et l’accroissement de leurs effectifs dans les séries et filières scientifiques. « Face aux épreuves de PCT, les apprenants qui apprennent bien leurs leçons et suivent bien leur professeur en classe, doivent réussir. Quand on prend les résultats de PCT des examens de fin d’année, on voit que le taux de moyenne en PCT au BAC comme au BEPC est en train de s’améliorer mais ce n’est pas encore ça », soutient, tout heureux, le docteur Emile Acha. Des avancées quant aux initiatives pour l’enseignement des sciences, sont dues à la bonne conjonction des perceptions des différentes catégories d’acteurs sur la situation des sciences au collège et les mesures profondes à prendre. « Nous avons essayé de recourir à toutes les compétences pour mettre en œuvre le plan et ce plan suggère qu’on aille vers un certain nombre de considérations, de réalisations pour inverser la tendance », précise l’inspecteur Eustache Zinzindohoué. En convergeant leurs énergies autour du volet Plan science, les acteurs motivés par le PAESB ont contribué notablement à l’accroissement des effectifs et l’amélioration des taux de réussite des apprenants dans les disciplines et séries scientifiques. En termes d’acquis majeurs du projet liés au renforcement de l’enseignement des sciences, on peut en retenir deux : l’élaboration du projet de document intitulé « Programme de dynamisation de l’enseignement des sciences au Bénin » qui propose un plan d’actions, et enfin de l’amorce d’un dispositif de formation continue des enseignants de mathématiques et de PCT. Cependant quelques défis persistent

Les nouveaux défis pour la mise en place d’une théorie du changement

Les experts qui ont labouré le champ du Plan Science, attendent impatiemment la saison des moissons. Les graines enfouies dans le sol du système éducatif doivent être arrosées par le jeu de rôle des acteurs au premier rang desquels on compte l’Etat. Les recommandations formulées par le Plan Science suggèrent de commencer à reformer les séries et à faire de l’orientation, un dispositif opérationnel dès la classe de 1re. Le socle commun de compétences de culture en cours de développement est aussi attendu pour apporter ses solutions. En somme la récolte s’annonce riche pour des greniers éducatifs affamés depuis fort longtemps. Il faut rappeler que le PAESB est un projet financé par l’Agence Française de Développement (AFD).

Réalisation : La Rédaction

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