Originaire d’Azowlissê dans la commune de Dangbo, cadet d’une fratrie monogamique de quatre enfants, Miguel Bonou réalise la performance jamais égalée dans l’histoire du Baccalauréat dans la série A1. Accroc de l’igname pilée et de la viande du porc qui renvoie d’ailleurs à ses origines, ce jeune pensionnaire du Séminaire Notre Dame de Fatima de Parakou a obtenu la palme d’honneur au Baccalauréat, session unique de Juillet 2020 avec une moyenne de 17,27. Une performance qui fait désormais de lui le recordman de cette série. A 18 ans, il vient ainsi d’inscrire en lettres d’or, son nom dans les annales de l’histoire du Baccalauréat. Pour connaître ses nouvelles ambitions et l’amener à partager son secret de réussite avec ses jeunes frères candidats aux différents examens à venir, fidèle à ses habitudes, Educ’Action est allé à sa rencontre. Miguel Bonou, un personnage atypique qui se laisse découvrir à travers cette interview exclusive. Lisez plutôt !
Educ’Action : Quelle a été votre moyenne au terme du Baccalauréat session unique de Juillet 2020 dans la série A1 ?
Miguel Bonou : J’ai pu totaliser 17,27 de moyenne.
Quelles ont donc été vos performances par discipline dans cette série ?
En Français qui constitue ma matière principale, j’ai pu avoir 17, en Philosophie 16, en Histoire-Géographie 16 de même. En ce qui concerne la Mathématique et l’Anglais qui a été ma 1ère langue vivante, et l’Espagnol ma seconde langue vivante, j’ai eu 19 dans ces trois matières.
Ne devez-vous pas cette réussite au séminaire à travers la rigueur dans laquelle vous avez été façonnée et moulée autant d’années durant au séminaire ?
Effectivement. Je puis dire que je dois cette réussite au séminaire parce que la formation que nous recevons au séminaire est bien différente de celle qui se donne partout ailleurs. En fait, nous n’avons pas certes des professeurs certifiés, mais c’est la discipline avec laquelle nous recevons ces enseignements qui nous fait parvenir à ces résultats. La preuve est que nous avons pu avoir les 100% cette année avec 7 mentions très bien d’ailleurs, 21 mentions bien et tout le bataclan.
Outre les exigences du séminaire, quels ont été vos secrets personnels de réussite ?
Comme secret, c’est juste le travail ardu. Travailler ardemment, ne pas regarder les petits échecs qu’on rencontre en cours de route parce qu’il est évident qu’à toute interrogation ou tout devoir, vous ne pouvez pas toujours totaliser 20. Donc, même quand il vous arrive d’avoir de faibles notes, il faudrait aussi avoir le courage de remonter la pente et de toujours donner le meilleur de soi, et cela, dans ma maison de formation, on m’a appris à le faire avec la prière.
Quelle est la place de la lecture dans votre performance au Baccalauréat série A1 ?
Cela va s’en dire que j’ai un amour indéniable pour la lecture. Pour la petite confidence, j’ai fait des bibliothèques, ma cité. J’y vis tout le temps parce que c’est dans les livres que nous trouvons le secret de toute vie. Cette année, je puis vous dire que j’ai eu à lire près de 30 ouvrages. Et si j’en suis là aujourd’hui, si je sais comment parler, c’est grâce aux livres. Je dois mon intelligence à ce que j’ai pu lire dans les livres. Il est donc d’un grand intérêt pour les jeunes aujourd’hui de s’adonner à la lecture.
Désormais le BAC en poche avec une très forte moyenne, comment envisagez-vous l’avenir ?
C’est une question vraiment intéressante qui pourrait me faire assez parler. Mais je me garde de beaucoup dire et être bref. Pour mes études universitaires, en ce qui concerne la filière à choisir comme projet d’études, je puis vous dire que c’est le commerce qui m’intéresse. Cela peut sembler un peu bizarre pour quelqu’un qui a fait la A1 et qui veut s’engager maintenant dans le commerce. En fait, je l’explique par ceci : j’aime travailler de manière indépendante, c’est-à-dire je n’aime pas trop être sous les ordres d’une autorité ou d’un chef qui veut toujours faire passer sa volonté aux inférieurs. Je pense qu’avec le commerce et les études assimilées, je pourrai travailler de mon propre chef et œuvrer non seulement au développement de mon pays, mais au développement de l’Afrique, au développement de l’humanité, au développement de l’église.
Est-ce un adieu au séminaire et à l’Eglise catholique romaine ?
Pas du tout. Ça ne saurait être un adieu ni aujourd’hui ni demain. Ce n’est pas un adieu parce que l’Eglise est notre mère. Nous ne saurons la délaisser comme cela.
Est-il possible de demander et d’obtenir une trêve au séminaire pour ses études universitaires à l’étranger et de le réintégrer à la fin ?
Oui. Ça dépend des clauses de votre départ, ça dépend de comment ce départ a été acté et des raisons avancées pour marquer la césure.
Quels sont vos loisirs à vos heures libres ?
Comme premier loisir, je dirai le football. A part le football, je ne pourrai pas omettre la lecture. Tout comme le football, j’aime aussi lire. Il y a la lecture aussi qui occupe une très grande partie de mes loisirs. Donc, tout comme le football, j’aime aussi lire. J’aime aussi écouter la musique. D’ailleurs, au séminaire j’ai été maître de chapelle et quand on parle de maître de chapelle, c’est celui qui s’occupe des chants, de l’animation des messes etc.
Comme maître de chapelle, nul doute que vous savez décrypter et lire les notes ?
Absolument. Déchiffrer les partitions, c’est mon point fort.
Pour clore cet entretien, quels conseils avez-vous à l’endroit des jeunes candidats qui reprennent les classes sous quinzaine ?
Juste un mot d’exhortation à l’endroit de mes frères et sœurs, potentiels candidats aux différents examens pour le compte de l’année scolaire 2020-2021 et de toutes les autres à venir. Toute réussite se prépare. Et la réussite à cette échelle est possible pour tous. Réussir brillamment à tout examen est possible pour tout le monde. Il suffit juste d’y croire, d’être déterminé, d’être concentré sur l’objectif, de se donner complètement et à fond en étudiant beaucoup. Avec la grâce de Dieu, on y parvient toujours.
Propos recueillis par Romuald D. LOGBO