Les élections sont terminées au Bénin et c’est le moment d’écrire une nouvelle histoire par-delà les discours politiques. Il y a une question à laquelle il faudrait répondre et je présume que ce n’est pas du tout facile : est-ce que la force voire la puissance de l’investissement de nos gouvernants dans la politique pour la conservation du pouvoir s’accommode vraiment du développement ? Je voudrais souligner que nous avions des hommes politiques qui, à l’évidence, ont une qualité hors du commun pour garder le pouvoir. Ils s’y investissent méthodiquement et systématiquement avec une opposition qui a été, depuis longtemps, muselée et réduite à la portion congrue faute de véritables moyens in situ.
C’est pourquoi depuis quelques semaines, ma main caresse mon clavier devenu inutile car, lorsque je réfléchis à l’avenir de notre école, je me dis que les hommes forts qui nous gouvernent et décident, sont occupés à savourer les victoires du moment tandis que d’autres pansent les plaies. Qui a gagné ? Je ne sais pas car quand j’examine, je suppute, j’évalue, je me demande s’il y a encore de la force pour penser à notre éducation.
Je le répète : il y a eu des avancées depuis quelques décennies mais actuellement, nous piétinons, nous stagnons mais en même temps, l’Autorité Première du pays, dans ces derniers discours, a fait un diagnostic clair et précis et a tracé une feuille de route qui consiste à la promotion de l’ETFP, de telle façon que nous arrivons au moment crucial : l’action ! Mais avons-nous les moyens de cette politique qui requiert à la fois la remobilisation de toutes nos forces après les luttes du pouvoir et la mise en place d’une gouvernance efficace et holistique dans une approche programme où tous les acteurs de la chaîne sont concernés.
Apparemment oui ! Car un acte formidable voire essentiel a été posé : le choix judicieux d’un Ministre du secondaire qui connaît la maison ; qui sait de quoi il s’agit et va s’occuper de déployer tous les efforts pour mettre en place ce qui va impulser le développement de la compétence utile à l’école c’est-à-dire la gestion des hommes et des choses : c’est ça la Gouvernance car il s’agit d’allier la rigueur administrative à l’implication de chaque acteur de l’école. L’erreur sinon la faute, c’est de croire qu’on peut travailler pour les uns et les autres sans eux !
A chaque fois qu’un nouveau Ministre en charge du secondaire notamment, était nommé, ma joie était grande et mon espoir aussi. Le premier n’a pas vraiment su montrer grand-chose car, peut-être trop timide voire plutôt timoré. A sa décharge, un parachutage trop rapide pour une fonction à laquelle il n’était pas nécessairement préparé malgré sa qualité d’homme du sérail. Le deuxième, auréolé de plusieurs gloires terrestres et même célestes, s’est perdu du haut de sa grandeur dont il était quasi conscient, dans un souci de reformes de quelques riens et beaucoup de tout et en fin de compte de rien du tout car qui trop embrasse, mal étreint !
Mais alors, qu’est-ce qui distingue celui-ci des autres ? C’est d’abord une meilleure connaissance du milieu où il a servi en tant que gestionnaire des hommes, ensuite un poste à la Présidence où il a eu à travailler sur les stratégies et enfin le retour dans une maison pour prendre en main l’opérationnel, tel le fils prodigue qui retrouve ses terres. Le politique, malgré ses multiples occupations, n’a donc pas oublié l’éducation qu’il vient de confier à un connaisseur. En fait, si on devrait parler le langage du football, la Première Autorité béninoise a choisi le meilleur joueur pour animer le jeu. Ainsi, annonçons la bonne nouvelle : N’Golo KANTE est dans l’école secondaire béninoise avec son efficacité, son humilité et ses qualités. Il s’agira alors, non pas de marquer les buts, mais surtout et d’abord de distribuer le jeu ; d’être au service des uns et des autres en les aidant à se bonifier, à se surpasser pour la victoire. Traçons encore une fois le chemin vers la gloire de l’éducation béninoise : d’abord redresser les erreurs du passé avec tact et doigté ; gérer et non pas se perdre dans le quotidien fait d’urgences inutiles et de visites intempestives ; mais surtout enfin écrire et réaliser les actions qui promeuvent l’avenir en concertation avec les autres Ministres de l’éducation, notamment celui du primaire qui connaît le système et doit être le déclencheur de beaucoup d’actions.
La première et la chose la plus urgente, c’est de donner au Ministre des hommes de qualité pour l’accompagner. Ils existent dans le ministère mais il y a des retouches nécessaires et utiles. Le seul danger, dans ces genres de situations, ce sont les nouvelles amitiés et les sollicitations nouvelles avec des personnes clinquantes sans oublier ces anciens dinosaures qui hantent les couloirs de nos ministères et qui ont réponses à tout et pourtant n’ont jamais rien inventé. A deux personnes connaissant le ministère (une gent dame et un grand technicien) à qui je posais la question de savoir quelle est la qualité du nouveau MESTFP, les deux ont curieusement répondu la même chose : c’est son élégance, sa qualité d’écoute et son humeur égale. Gageons que ses qualités seront toujours là ! Maintenant, balle à terre et au centre : que le jeu commence pour la promotion de l’école béninoise !
Maoudi Comlanvi JOHNSON, Planificateur de l’Education, Sociologue, Philosophe