La Coalition Béninoise des Organisations pour l’Education Pour Tous (CBO-EPT), a animé une conférence de presse, ce jeudi 13 juin 2019, à son siège à Cotonou, dans le cadre des activités du programme Impact-Elle Volet Education. Les organisateurs ont attiré l’attention de la communauté nationale et des décideurs sur la nécessité de mener des actions concertées pour éradiquer les violences faites aux enfants en milieu scolaire et familial.
«Au cours de l’année scolaire 2017-2018, sur 294.127 filles inscrites dans les CEG du Bénin, 2.743 cas de grossesses ont été enregistrés.» Des statistiques annoncées par Mouhamadou Yarou, conseiller technique en Education à Plan International Bénin qui plantent le décor de la situation. « Bien qu’on note une régression du phénomène, il y a toujours lieu de s’inquiéter sur la persistance de ces cas de violences sur les filles dans certaines localités », a-t-il fustigé. Une situation bien critique qui appelle des actions de choc pour parer au plus pressé. Selon Justine Dègla, Conseillère Technique à la Médiation et au Dialogue Social du Ministère des Enseignements Secondaire, Technique et de la Formation Professionnelle (MESTFP), « au-delà des cas de grossesses enregistrés, les châtiments corporels, malgré les campagnes de sensibilisations, continuent d’être pratiqués dans de nombreuses écoles à travers les mesures punitives telles que “la position Zém“, ‘’la position de chaise’’, l’étirement des oreilles, les pompes, les coups de fouet, de ceinture, de chaussure, de cuillère, de bâton, etc… ». Des châtiments jugés nocifs pour l’équilibre des enfants par Rachidatou Seidou, directrice du CEG Dantokpa, qui constate avec amertume qu’ : « on participe à l’arriération du genre humain et particulièrement de la gent féminine ». Et c’est à juste titre que Thomas Kossi Cakpo, président de la CBO-EPT, oppose à ces dénonciations l’organisation de la présente conférence de presse qui vise à « inciter les acteurs du système éducatif béninois, notamment les décideurs politiques, à la mise en application du code de l’enfant et à la tolérance zéro pour les violences faites aux enfants en milieu scolaire et familial et aussi, contribuer au maintien des filles et des enfants handicapés dans le système éducatif ». Il s’agit, enfin, d’amener chaque fille, quel que soit son milieu de vie dans le monde, à apprendre, diriger, décider et s’épanouir. Avant de mettre un terme à cette sortie médiatique, Justine Degla est revenue sur les dispositions légales qui sanctionnent les différentes formes de violences à l’endroit des filles et des enfants, rappelant les peines encourues par les auteurs.
Dispositions juridiques de protection des enfants contre toutes formes de violence
Tout acteur direct ou complice du mariage d’enfant de moins de 18 ans, court la peine de 3 à 10 ans d’emprisonnement et une amende de 100.000 à 500.000 FCFA (Art 375) ;
L’Exploitation sexuelle d’enfant est sanctionnée de 5 à 10ans d’emprisonnement, avec une amende allant de 500.000 à 5.000.0000 FCFA (art 378) ;
Tout auteur d’actes de tortures ou traitements inhumains, cruels ou dégradants, sans que mort s’en suive court la peine de 5 à 20 ans de réclusion avec 500.000 à 1.000.000 FCFA d’amende (Art 344).
En dehors de ces sanctions juridiques, les auteurs de ces actes s’ils sont des enseignants, en courent des sanctions disciplinaires allant de la rétrogradation à la radiation.
Plaidoyer CBO-EPT
Mettre en place un mécanisme de dénonciation anonyme des cas avérés de violences faites aux enfants et surtout aux filles dans toutes les écoles primaires, dans les collèges et lycées et dans les différents centres d’apprentissage ;
Sanctionner systématiquement les auteurs d’actes de violences conformément aux dispositions en vigueur ;
Procéder à la vulgarisation du nouveau règlement intérieur des écoles maternelles, primaires publiques et privées, et l’adapter aux collèges et lycées ;
Intégrer la thématique des violences en milieu scolaire dans les activités prévues lors des journées de réflexion et de concertation pédagogique, à la veille de chaque rentrée scolaire ;
Mettre en place un mécanisme pour primer les meilleurs enseignants ayant obtenu de bons rendements sans avoir fait subir aux enfants des châtiments corporels ;
Instaurer dans les bonnes pratiques la distinction des meilleures filles et des meilleurs enfants handicapés chaque année pour la promotion du genre et de l’inclusion ;
Intégrer dans les curricula de formation des ENI et ENS l’enseignement détaillé des douze mesures alternatives au châtiment corporel ;
Promouvoir la vulgarisation du manuel sur les mesures alternatives au châtiment corporel dans toutes les écoles et collèges du Bénin ;
Vulgariser au niveau des UP, le code de l’enfant.
Ansine DJENGUE (Stg)