L’examen du Brevet d’Etudes du Premier Cycle (BEPC), session de juin 2022 a connu une baisse de 919 candidates par rapport à celui de 2021. Une situation qui mérite d’être expliquée. Votre journal Educ’Action a réalisé une interview avec Léon Gato, chef secrétariat à la Direction Départementale des Enseignements Secondaire, Technique et de Formation Professionnelle du Couffo (DDESTFP/Couffo). Il apporte des éclairages sur les raisons de la diminution des effectifs des candidats au BEPC, session de juin 2022. Lisez plutôt !
Educ’Action : Comment se porte le système éducatif dans le Couffo ?
Léon Gato : Le système éducatif se porte bien parce que sur le plan du déroulement des séquences pédagogiques, des connaissances aux enfants, tout va bien. Mais par rapport au maintien des apprenants, notamment des filles à l’école nous avons de réel défis. En effet, quand les filles sont instruites, elles n’arrivent pas à atteindre le niveau BEPC avant d’abandonner compte tenu de certains facteurs.
Quels sont ces facteurs ?
Le principal facteur est la violence basée sur le genre. Les enfants sont gênés par les garçons, les apprentis. Il y a même des enseignants irresponsables qui gênent les filles. Le phénomène persiste encore. Il y a aussi la fuite de responsabilité des parents. Leur suivi fait défaut. Les parents n’arrivent pas à suivre réellement leurs enfants jusqu’à la fin du premier cycle du secondaire.
Il y a peu de candidates à l’examen du BEPC, session de juin 2022. Qu’est-ce qui explique cet état de chose ?
Effectivement, il y a une diminution de 919 candidates à l’examen du BEPC, session de juin 2022. En effet, certains parents estiment que lorsque les filles vont à l’école, qu’elles ne trouvent pas du boulot. L’autre chose, les filles mêmes ne sont pas conscientes de ce qu’elles font. S’il y avait un suivi rigoureux du côté des parents, il n’y aura pas de problèmes. Arrivées en 5e ou en 4e, les filles tombent enceinte ou abandonnent d’elles-mêmes. C’est ce qui explique la diminution chaque année. Nous avons présenté pour le compte du BEPC 2021 2 741 filles mais cette année, nous avons enregistré 1 822 candidates.
Vous avez dit que des enseignants indélicats harcèlent les apprenantes. Quel est le travail qui se fait en amont pour stopper le phénomène ?
Chaque année, nous distribuons tous les textes qui proscrivent le harcèlement en milieu scolaire. Nous lisons et expliquons ces textes aux élèves et enseignants. Nous avons dans notre direction, un Service Social et Scolaire qui est sur le terrain chaque année pour expliquer les choses aux élèves et aux enseignants. Il y a deux mois, nous sommes allés sur le terrain réprimés certains comportements dans un CEG. Il faut dire que les parents se plaisent à soutenir le fait que leurs enfants soient enceintées par des fonctionnaires enseignants. Car, pour eux, c’est une chance.
Quelles sont, selon vous, les actions à mener pour corriger le tir ?
Nous devons beaucoup sensibiliser les parents, tant le suivi de leurs garçons que de leurs filles est important. Surtout les filles parce qu’une fille est une mère, et les mères sont les principales éducatrices. Si les parents ne suivent pas les filles, ça ne peut pas marcher. Il revient aux parents de jouer pleinement leur rôle pour que les enfants puissent aller à l’école jusqu’à l’obtention du BEPC au moins. S’il y avait les moyens, on pourrait élargir la gratuité des filles à l’école jusqu’au second cycle. Malgré cette gratuité au premier cycle, les abandons persistent.
Que dire pour conclure l’entretien ?
Nous espérons que les parents vont jouer leur rôle de suivi afin que nos enfants, précisément les filles, aillent à l’école.
Propos recueillis par Enock GUIDJIME
