L’école nouvelle ou l’éducation de demain ! - Journal Educ'Action - Éducation au Bénin et dans le monde

L’école nouvelle ou l’éducation de demain !

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Une question est souvent revenue après ma dernière chronique cherchant à recentrer le personnage de Jésus-Christ. Ce n’était pas de savoir si je suis croyant mais plutôt si une grâce m’a propulsé comme pasteur, voire apôtre ! L’un ou l’autre m’aurait tenté si j’étais sûr que ma conversion rétablirait, et c’est un de mes lecteurs qui le dit : «la véritable image de ce personnage rigoureux, détaché et compatissant au lieu de celui mièvre, avide de dîmes, de dons, d’espèces sonnantes et trébuchantes ou carrément superstar des guérisons miraculeuses qui se répètent à chaque coin de rue».
Je le confirme : ce Christ mal présenté ne nous soutient et ne nous magnifie pas ; il nous soumet et nous chosifie.
Dans ce contexte, comment se présente la dimension socio politique de l’identification de ce qui devra former le caractère de nos enfants ? Cela va consister à déterminer les nouvelles valeurs qui devront former les nouvelles générations. Ceux qui ont eu la patience de me lire jusqu’ici chercheront, peut-être alors, à comprendre le mécanisme qui servira à leur inculquer ces valeurs. C’est pourtant simple : Nos curricula doivent se restructurer et redimensionner nos socles de compétences ! Oui, nous semblions faire ici de la prospective. Il le faut sinon, nos sociétés ne pourront jamais arriver à la révolution mentale nécessaire.
Une des questions qui reviennent sans cesse en Afrique est de savoir comment les Nations qui constituent les dragons de l’Asie se sont développées alors qu’ils étaient au même niveau d’évolution que les peuples africains ! La réponse n’est pas difficile : ils ont, pour la plupart, été dominés mais pas soumis.
Ainsi, la domination s’exerce à travers une force généralement physique que donne les armes notamment et tous les arsenaux militaires. Beaucoup de peuples à travers le monde, autant que les Africains ont été dominés. Ils ont reconnu leurs défaites, ont été envahis par leurs nouveaux maîtres, mais les autres, comme plusieurs peuples asiatiques, ont trouvé la force et le courage de se débattre, de combattre sans cesse l’envahisseur qui n’est jamais parvenu à installer son arsenal et son idéologie de soumission qui, généralement, consistait dans un second moment à un désarmement moral et psychologique par l’intercession d’un reformatage socio religieux !
Là où en Afrique nos valeurs culturelles et surtout cultuelles ont été travesties, falsifiées et déformées pour installer une nouvelle vision prônant la soumission des grands enfants que nous sommes, d’autres ont refusé cette acculturation pour ne pas perdre leur identité et subir in fine une déculturation ! Quand vous regardez les différents pays d’Asie qui se sont développés, aucun n’a subi une influence chrétienne caricaturale qui a consisté à faire l’apologie de la paresse (heureux les pauvres…), de la soumission (1Pierre2 :17-18) et de l’abêtissement («L’âme qui péchera sera celle qui mourra») qui nous plongent dans des péchés insurmontables dont nous cherchons à nous défaire sans cesse à travers les agenouillements nombreux et inutiles dans les églises qui n’ont jamais fortifié notre foi, mais semblent nous apprendre à courber à chaque fois plus l’échine devant les problèmes, les maîtres et autres petits tyrans locaux.
Quelle est notre solution dans une société où toutes les élites qui ont compris et qui ont voulu se rebeller ont perdu la cause. Ceci, en réalité, explique la décolonisation sanglante ou les innombrables coups d’Etat où nous avions perdu des leaders de qualité comme Nkrumah, Sékou Touré, Olympio, Sankara, etc. Nos peuples soumis ont donc perdu l’habitude de se faire confiance, d’entreprendre et se contentent juste d’exister, de travailler pour consommer les produits des soi-disant puissances extérieures.
On nous a formés et on continue de former des économistes qui ne comprennent rien à l’éducation ; des littéraires et philosophes qui ont peur de la physique et des mathématiques alors qu’ailleurs, notamment dans le système anglo-saxon, les sciences se communiquent et se comprennent. Or, c’est de ces combinaisons harmonieuses que sortiront des enfants compétents. La conséquence, est que la nouvelle élite, faite de la génération nouvelle, part en masse dans les pays occidentaux pour mieux apprendre et comprendre. Ceux-ci accueillent cette manne à bras ouverts et très tôt nationalisent les meilleurs qui alimentent leurs savoirs dans des sociétés où la majorité est vieillissante et peu compétitive.
La nouvelle éducation va consister à revisiter nos différents documents en élaguant toutes les falsifications inutiles de l’histoire à travers les mythes coloniaux, à dégager les manuels européo centrés et fonder une discipline qui progressivement apprend à l’élève à définir son orientation à partir de l’élaboration de son projet de vie. Il doit chercher à se connaître en respirant la fierté d’appartenir à une Nation où il y a à manger et à boire à satiété ; l’Occident, ne proposant le plus souvent que le ludique, le superflu et l’aliénateur. En avant pour l’école nouvelle ; l’éducation nouvelle.

Maoudi Comlanvi JOHNSON, Planificateur de l’Education, Sociologue, Philosophe

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