La distinguée société des planificateurs nommée APAGE (Association des Planificateurs et des Gestionnaires de l’Education), s’est penchée sur les évènements survenus au Mali en soulevant une idée de base : ‘‘De même qu’aucun coup d’Etat n’est salvateur, aucune dictature, fut-elle du développent, n’est salvatrice’’. Quels que soient les pays et leur degré de développement, ils doivent avoir comme socle, une démocratie qui sera d’abord légale et ensuite légitime.
Je me souviens d’un autre débat qui a été animé sur une chaîne de télévision du septentrion où face à un interlocuteur très technique qui démontrait l’utilité et la représentativité des Organisations de la Société Civile, un autre voulant tellement faire plaisir, se démenait pour démontrer que seul le Gouvernant qui a été élu démocratiquement, peut décider et parler au nom du peuple.
En fait, nous nous rendons compte que ce qui nous interpelle ici, n’est ni le pouvoir, ni la démocratie ou l’opposition, mais tout simplement le peuple et son souverain bien. Les Gouvernants, partout en Afrique et dans le monde, à travers la politique, l’économie et la morale, se doivent de faire attention à une et une seule chose : le bien du peuple. Ce bien, contrairement à ce que peuvent penser certains, est dans la stabilité et dans le peu de pain qui permet de vivre quotidiennement.
En effet, les différentes déstabilisations au Burkina, en Lybie et en ce moment au Mali, ont-elles ou vont-elles profiter au peuple ? Il n’y a rien de pire que la colère d’un peuple devant l’injustice : il fonce et détruit tout au nom d’un ras-le-bol. Mais, est-ce que les lendemains chantent nécessairement ?
On se retrouve souvent dans des situations où le politique (mouvance et opposition) ou les Gouvernants seuls, revendiquent le droit de parler au nom du peuple, banalisant voire bafouant toutes les autres organisations légitimes et légales qui pourraient être leurs relais : ONG, syndicats, société civile et leaders d’opinion et religieux qui en fait, sont autant des canaux et des relais utiles et indispensables auprès des populations.
Le peuple regarde, apprécie et souvent se tait et généralement, tous ceux qui ont une parcelle de pouvoir assimilent cela à la peur, à la résignation de ceux qui sont bêtes et ont faim. On ne veut jamais comprendre que ce sont justes des gens patients, tolérants et qui savent que celles ou ceux qui ont été élus ne sont pas des dieux et doivent tâtonner, se tromper afin de trouver la solution et mieux agir.
Le Gouvernant qui a été élu démocratiquement, a une légalité incontestable et, il a parfaitement raison d’aspirer à se maintenir. Mais, ce maintien est dans la recherche de quelque chose de plus difficile à acquérir, c’est-à-dire la légitimité qui s’exprime à travers ce que le citoyen ou le peuple reconnaît juste et utile pour le bien commun.
Dans cette quête, ceux qui sont les plus utiles, ce ne sont pas les amis et les laudateurs. Ils jouent souvent bien, sinon avec un excès parfois préjudiciable, leur rôle. Ceux qui sont utiles et qu’il s’agit d’établir, de maintenir et de discipliner de manière manifeste, ce sont les autres forces en présence à savoir l’opposition, la société civile, les syndicats, les ONGs. Ces forces qui agissent et réagissent, même si elles fatiguent apparemment, ont souvent plus de richesses à donner aux Gouvernants car elles éveillent leur conscience, leur rendent compte des autres aspirations du peuple tandis que les laudateurs enterrent la vérité, sont prêts à crier la fausseté et repus par quelques os grappillés, dorment en attendant de servir un autre maître.
On déduit de tout ceci que, assurément ce que veut le peuple, c’est la stabilité politique et sociale dans des pays où nous souffrons déjà assez de la main mise internationale. Et que surtout, la légitimité vienne rencontrer la légalité à travers une nation qui vit ses différences, ses peines, ses joies ensemble.
Ceci n’est qu’une petite contribution à notre vivre ensemble qui n’est et ne sera jamais malheureusement, un long fleuve tranquille. Ayons le courage de nous rappeler cette expression que j’ai plusieurs fois utilisée : ‘‘Que ce qui nous sépare soit toujours plus important que ce qui nous divise’’.
Maoudi Comlanvi JOHNSON, Planificateur de l’Education, Sociologue, Philosophe