Le père Rodrigue Gbédjinou, à propos des dispositions à prendre pour réussir l’année scolaire : « L’apprenant doit prier comme si tout dépendait de Dieu et travailler comme si tout dépendait de lui » - Journal Educ'Action - Éducation au Bénin et dans le monde
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Le père Rodrigue Gbédjinou, à propos des dispositions à prendre pour réussir l’année scolaire : « L’apprenant doit prier comme si tout dépendait de Dieu et travailler comme si tout dépendait de lui »

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La réussite scolaire reste l’objectif que visent les apprenants chaque année. Pour l’atteindre, il faut une bonne organisation et des dispositions. Le père Rodrigue Gbédjinou, directeur de l’Ecole d’Initiation Théologique et Pastorale de Cotonou et auteur de l’ouvrage « Notes pour réussir ses études », revient sur le nécessaire à faire par l’élève pour se garantir la réussite. Interview !

Educ’Action : Qu’est-ce qui a motivé la rédaction de votre ouvrage « Notes pour réussir ses études » ?

Père Rodrigue Gbédjinou : L’ouvrage « Notes pour réussir ses études » est mon tout premier ouvrage, publié en 2002. Pour avoir suivi des cours de méthodologie, j’ai senti la nécessité de partager avec mes jeunes frères élèves et étudiants, ces outils essentiels à la réussite. La méthodologie est indispensable non seulement pour les études, mais aussi pour toute la vie. Elle permet de s’engager sur le chemin de la réussite en offrant la possibilité de donner ou d’obtenir « le maximum avec le minimum » (Jean Guitton). Ce livre propose alors aux apprenants des méthodes pour fixer l’idéal de leur vie et les objectifs de leurs études, pour bien organiser leur temps, pour mieux apprendre à l’école et étudier, et pour se préparer aux examens. Il est constitué de six parties : la première, la clé de voûte de la réussite : la vie intellectuelle au cœur de notre être ; la deuxième, le levier de tout succès : élaboration de l’emploi du temps ; la troisième, la banque du savoir école ; la quatrième, la voie de la réussite : les études ; la cinquième, la passion de la réussite : la culture personnelle et la sixième, l’heure de la réussite, le bilan.

Quelles sont alors les dispositions que l’apprenant doit prendre pour tirer son épingle du jeu ?

Le but est dans le début. Dès les premiers jours, l’apprenant se prépare à réussir avec des objectifs clairs. Aussi doit-il apprendre ses leçons et les réviser souvent, améliorer sa culture personnelle. La voie royale de l’échec, c’est l’accumulation des leçons pour des révisions à la dernière minute.
Il importe également que les enseignants indiquent à l’apprenant le sens des matières pour sa vie afin que celles-ci s’intègrent bien à la structure de son être. Quand l’apprenant est ainsi saisi, il trouve en lui des motivations, en lien avec l’idéal de sa vie. C’est le reflet de Pavlov qui consiste à trouver des éléments qui mettent en enthousiasme. Il favorise la culture de la volonté : « Je voudrais n’a jamais rien fait. J’essaierai a fait de grand-chose. Je veux a fait des miracles » (Xavier de Ravignan). Il faut que les jeunes cultivent leur volonté : « Vouloir peu de choses, et vouloir ce peu malgré tout » (M. Ollé-Laprune). La culture de cette volonté passe, entre autres, par l’admiration face aux grands idéaux, la référence aux modèles à travers des biographies par exemple. Malheureusement, notre société promeut plus la mode que les modèles. Mais ceux-ci ne manquent pas ; « Quand sur quelqu’un on prétend se régler, c’est par les bons côtés qu’il lui faut ressembler » (Molière).
Parlant des dispositions à prendre, l’élaboration de l’emploi du temps est capitale et essentielle : elle permet de faire chaque chose en son temps : « Le temps perdu ne se rattrape jamais » (M. Proust). Pour profiter du temps qui passe si vite, il est capital de pouvoir bien le capitaliser.

Sur quoi alors doit reposer l’élaboration d’un emploi du temps chez l’apprenant ?

L’emploi du temps repose sur certaines lois : la loi biologique, la loi de Parkinson, la loi de Cervantès.
Selon la loi biologique, certains moments sont plus favorables que d’autres à la concentration. La matinée est propice à l’assimilation. L’après-midi où il fait un peu chaud, est plus relaxe pour des exercices. Pour des matières dans lesquelles l’apprenant a des difficultés, il est préférable de les réserver aux temps plus propices à la concentration. Pour la loi de Parkinson, « plus on a le temps pour un travail, plus ce travail prend du temps ». Il importe donc de fixer une limite à chaque chose. Il faut répartir les leçons à apprendre de même que les autres activités à exécuter, sur les temps disponibles, en donnant priorité à ce qui le mérite. Quand on ne limite pas le temps d’une activité, celle-ci prend tout le temps. Par ailleurs, il faut faire chaque chose en son temps et faire une seule chose à la fois. Quant à la loi de Cervantès, elle se définit ainsi : « Ne remets pas à demain, tu risques de trouver malheur en chemin ». A force de remettre à demain les tâches à exécuter et les leçons à apprendre, l’apprenant se retrouve face à une masse importante de choses à faire, il s’embrouille. Je conseillerai aux apprenants et à toute personne, d’avoir comme devise « Aujourd’hui ». Ce que j’ai à faire, je l’exécute aujourd’hui et bien : demain a ses exigences et tâches. Toutes ces lois requièrent la nécessaire connaissance de soi : « Connais-toi toi-même », recommandait Socrate. Se connaître soi-même, c’est découvrir ses dispositions et atouts ; c’est savoir ce à quoi on est le plus porté. La connaissance est fondamentale pour toute réussite, pour toute vocation.

La prise de notes varie-t-elle d’un apprenant à un autre et d’une matière à une autre ?

« La mémoire est une infidèle ». Bien souvent, nous pensons confier des choses à la mémoire qui nous trahit souvent. « Les paroles s’envolent mais les écrits restent ». A l’école, il faut apprendre à prendre note. On peut, à cet effet, déterminer ses propres abréviations, en plus des abréviations conventionnelles. Prendre note, c’est savoir saisir l’essentiel. C’est un exercice d’attention et de synthèse.
La prise de notes est nécessaire pour toutes les classes, mais bien davantage pour les classes d’examen. L’apprenant candidat a besoin de plus d’attention. Au regard de son parcours, il doit déjà être équipé pour une prise de notes ordonnée : structure du cours ; éléments essentiels à garder, la détermination des diverses articulations entre les idées.
Chaque matière a sa méthodologie et celle-ci diffère d’une matière à une autre. La manière dont je prends note en mathématiques ne peut pas être la même en philosophie ou en français. De même, l’apprenant ne peut pas aborder la philosophie ou le français, de la même façon que les mathématiques. Les mathématiques ou les sciences physiques sont constitués de théorèmes, de formules à maîtriser et à appliquer par beaucoup d’exercices pour en comprendre la structure. Les matières littéraires, quant à elles, demandent une élévation de l’esprit, assez de lecture. Malheureusement, la lecture souffre de grande désaffection auprès des jeunes. Or, la lecture élargit l’horizon de la vie ; elle est un remède de l’âme.

Le travail de groupe est-il important dans la réussite de l’apprenant ?

Le travail de groupe est capital. Il permet à l’apprenant d’affronter ses idées avec les autres. Mais après le travail en groupe, l’apprenant doit reprendre par lui-même les exercices. Avec les autres, c’est facile d’apprendre. Mais quand on est seul, c’est autre chose. Avec le travail de groupe, on a l’impression de comprendre ou d’avoir assimilé. L’un des buts du travail de groupe consiste à aider ceux qui n’ont pas encore compris et à apprendre à travailler en équipe. Apprendre à travailler en équipe est déterminant pour le développement personnel et collectif. Malheureusement, nous ne savons pas travailler ensemble. C’est déjà à l’école qu’il faut intégrer cette nécessaire exigence de la réussite.

Quelle est la place de la prière dans la réussite scolaire ?

La prière est une disposition spirituelle fondamentale. La raison et l’intelligence sont des dons de Dieu. La prière, c’est le recours au secours de Dieu, c’est la reconnaissance de son inspiration et de sa lumière dans le processus de l’étude et de la réussite. « Ora et labora » (« prie et travaille »). L’apprenant doit prier comme si tout dépendait de Dieu et travailler comme si tout dépendait de lui. Il ne s’agit donc pas de se réfugier dans la prière. Il faut travailler et savoir rendre grâce à Dieu. La prière est un acte d’humilité. « Plus on est savant, plus on est humble »

Quel est votre mot de la fin ?

Chers jeunes et enfants, buvez la science à longs traits, formez votre esprit aux grandes choses, ayez un idéal élevé de vie. Ne rendez surtout pas vains les sacrifices de vos parents et de vos enseignants. Soyez meilleurs à nous, en allant plus loin que nous. Les défis qui vous attendent sont plus grands. Et pour y arriver, il n’y a qu’un seul moyen pour vous : étudier et vous cultiver. Et tout doit être coordonné à votre vie spirituelle. La réussite, à la fin de l’année, dépend de l’engagement d’aujourd’hui.

Propos recueillis par Estelle DJIGRI

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