Le magicien du Bac - Journal Educ'Action - Éducation au Bénin et dans le monde

Le magicien du Bac

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Le Bénin, terre du vodu a un magicien. Rien d’étonnant mais la particularité de celui-ci, c’est de faire l’unanimité chez les grands et les petits, les pauvres et les riches. Vous n’avez pas besoin d’aller à lui car, dans sa grande humilité, il vient à vous. S’il est attendu avec impatience, il est sûr qu’il viendra et partagera avec sa simplicité et sa bonne humeur permanentes, sa connaissance de chacun et sa compétence de l’activité qui l’amène.
On se surprend à se demander comment il peut renouveler chaque année et chaque moment sans désemparer et sans donner l’impression d’être fatigué, le même miracle de fédérer une troupe hétéroclite pour une entreprise essentielle où aucune erreur n’est permise : le BAC. En tout cas, la mayonnaise prend et est encore plus onctueuse de jour en jour. Et lorsqu’il disparaît à l’horizon, quiconque a reçu sa poignée de main, son accolade chaleureuse sans oublier l’anecdote rappelant leur rencontre commune passée, se surprend à applaudir dans son cœur, convaincu qu’il était venu pour lui seul.
Cette année, j’avais décidé d’observer d’abord et ensuite, de démonter le mécanisme comme les enfants de cette nouvelle génération qui ne croient plus au père Noël. Je voulais apprendre à utiliser cette aura et ensuite ne plus en parler pour l’aider à rester dans cette discrétion, lui qui n’a rien demandé ! Mais alors, il est venu et j’ai été encore convaincu que c’est pour moi seul ; bon disons pour chaque individu afin de magnifier l’ensemble et l’amener à accomplir la tâche qui nous unit. En réalité, il a, à chaque fois ajouté quelque chose d’unique au travail technique : parler sincèrement au cœur pour impulser le corps et surtout l’esprit. Très vite et très bien, il a tenu une réunion avec chaque catégorie, s’enquérant l’air de rien des problèmes et les résolvant au fur et à mesure sinon promettant au plus tôt d’y trouver une solution. Sans jamais prendre une seule note – je me demandais s’il savait d’ailleurs lire et écrire- il faisait un retour conséquent.
Je me surprends à me rappeler cette parole de sagesse d’un grand-père : donnez mille théories à un homme qui prouve son incompétence et invitez-le à aller s’asseoir et à vous regarder faire, vous ne tirerez jamais quelque chose de lui et vous en ferez un ennemi et un inutile à vie. Cherchez à tirer de lui le peu qu’il sait en parlant d’abord à son cœur et vous trouverez un être qui veut apprendre et comprendre pour faire avancer une cause. Ainsi, l’important ici, c’est la morale de l’histoire consistant à tisser de la compétence à partir de la main tendue à chacun et à tous pour la réussite d’une entreprise.
Cet homme décrit, fait-il l’unanimité ? Non, mais il fait le consensus ! Est-il le seul capable de réussir la mission à lui confiée ? Non, mais c’est celui qui la réussit le mieux en utilisant à bon escient toutes les forces dans un faisceau harmonieux. N’a-t-il pas de défaut ? Si : deux grands défauts. D’abord, c’est juste un simple humain. Deuxièmement, il use de ce qui semble les relations personnelles pour impulser les relations fonctionnelles.
Mon objet, n’est ni de lui faire un éloge car, il n’en a pas besoin, ni un hommage car, les ors de la République l’intéressent peu, mais de chercher à savoir comment systématiser à la fois cette attitude à travers une éducation afin qu’elle devienne une aptitude partagée par les différentes générations. Comment apprendre à inculquer cette capacité de coordonner avec empathie et sens de l’écoute qui met tout le monde au travail ?
En réalité, un aspect essentiel reste à souligner : seuls les gens qui sont sûrs de leur compétence sinon de leur qualité parviennent à ce degré de coordination démocratique. Or, si la démocratie s’apprend, elle est la seule science qui se comprend autrement selon les dirigeants et les peuples selon les milieux administratifs, sociaux et économiques. S’il existe encore la possibilité d’éduquer pour intégrer un idéal démocratique dans chaque action, chaque acte et surtout chaque personnalité, nos pays s’en sentiront mieux.

Maoudi Comlanvi JOHNSON, Planificateur de l’Education, Sociologue, Philosophe

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