Le jardin d’Eden - Journal Educ'Action - Éducation au Bénin et dans le monde

Le jardin d’Eden

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Nous vivons des périodes troublées. Et s’il fallait désigner la cause racine de nos problèmes, je suis sûr que, vous et moi ne serions pas sur la même longueur d’onde et pourtant ! Cette cause racine, ce sont les médias développés par nos frères d’en face, qui, d’abord, nous inondent de peur et de psychose sur une maladie, somme toute, moins meurtrière que le paludisme, la pauvreté et surtout la colonisation et ensuite qui deviennent immondes lorsqu’ils sont dans les mains inconscientes de nos enfants « mal éduqués ».
Ainsi, le Béninois peut s’écrier aujourd’hui : guerre dans les cieux ! avec le COVID-19 qui est partout et encore guerre sur terre ! C’est-à-dire dans notre quotidien, nos foyers que nous ne maîtrisons plus et dont les enfants filment les conséquences à travers la drogue, sûrement l’alcool et le sexe. Notre mal être n’est pas seulement profond ; il est abyssal car le plus terrible, c’est que ce qui nous inquiète vraiment, ce n’est même pas l’éducation de ces enfants impolis, mais notre petite et misérable vie que les apprentis sorciers et les marchants d’illusion étrangers malmènent.
Qu’est-ce qui se passe ? Nous ne savons pas, car pour la première fois, on se rend compte que l’ignorance équivaut à la trop grande connaissance ! On nous matraque de toutes parts par des informations non-stop que nous n’arrivons même pas à trier, de telle manière que notre raison ralentit, patine et enfin patauge dans nos sens éperdus et tremblants : vivons-nous encore ?
Les autorités de nos pays africains savent-elles ce qui se passe ? Prennent-elles des mesures idoines ? Se concertent-elles autrement qu’en passant par le prisme de Paris, l’OMS, l’ONU et jamais par une réunion entre voisins à la CEDEAO ? Autrefois, au village, quand il y avait un problème, on se réunissait entre anciens, sous l’arbre à palabre avant d’aller voir les autres.
De l’autre côté, à l’interne, réfléchissons-nous ensemble ? A chaque fois qu’on voudrait créer une cellule de crise ou de réflexion face à une situation, il y a toujours un malin qui dit tout haut ce que tout le monde pense immédiatement tout bas avec des paroles mielleuses : « A combien les gens seront-ils payés tant il est vrai qu’on travaille mieux si on est motivé ? » Alors, on fait une liste, qui, au départ, pertinente, devient subjective avec les amis, les oncles et tantes et même des quidams qu’on rackette après.
En ce moment où la plupart des pays se débattent face au COVID-19, on voit parmi les innombrables papiers journalistiques de bas niveau qui ne répondent qu’à la définition du sensationnel et veulent plus de cadavres et plus de morts, des documents de prospective développés par des pays en crise ou par des scientifiques de haut niveau sur ce que sera demain et comment y participer. Rien venant des africains. A un certain moment, une radio de propagande française nous a tendu la perche à travers un de ses journalistes qui prédisait que les relations entre les Africains et l’Occident allaient changer en notre faveur.
Mais les Africains, pour la plupart, se voient déjà dans la tombe et refusent de penser à l’avenir. Pour nous, il n’y a que les mêmes solutions d’avant : la prière encore plus forte avec les pasteurs qui ont déjà organisé les quêtes en ligne et les remèdes de grand-mère en attendant que les Blancs, êtres supérieurs, découvrent le vaccin et autres remèdes.
Certes, quelques esprits en mal de sensations et de plateaux-télé, s’époumonent et crient non à la vaccination des Africains, mais rien pour le développement économique et social qu’il faudra repenser en ce moment où l’Occident vole en éclat. En attendant, la plupart des dirigeants africains ont déjà accepté les dons divers des institutions qu’ils aiment tant et qui les ont toujours aidés à opprimer leurs peuples, dans un contexte où leur rapacité habituelle ravalée au rang de bêtises ne peut pas les arrêter de thésauriser pour remplir leurs tombes.
Quel sera notre avenir si nous refusons de nous battre pour vivre et surtout mériter de vivre en retraçant notre Afrique par la réflexion et l’action prompte et efficace, dans un contexte où nos premiers ennemis sont nous-mêmes à travers notre mauvaise éducation et le peu de cas que la plupart des dirigeants, dans certains pays, font de leurs peuples.
Pour parler, comme vous aimez bien, je dirai qu’en ce moment où le Seigneur nous maintient encore dans le jardin d’Eden, vous verrez que, bientôt, ce sera encore dans ces pays où poussent les pommes que viendra notre déchéance si nous ne nous réveillons pas !

Maoudi Comlanvi JOHNSON, Planificateur de l’Education, Sociologue, Philosophe

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