Il vient de pousser le fameux cri de naissance à la gloire de l’école béninoise. Le Conseil National de l’Education, format Rupture, prend ainsi le contrôle de la maison éducation au Bénin avec une superbe puissance pour réformer et corriger les tares et avatars de l’Ecole. Un peu trop attendu, depuis des mois, cet outil rénovateur de l’avis des pères fondateurs, se donne petitement corps et forme sous la bénédiction légitime du premier d’entre nous. Tel le Messie, il s’implante pour donner espoir à la communauté éducative déboussolée ; tellement les défis de l’Ecole sont énormes.
Le cadre d’enfantement, le palais des Congrès de Cotonou rénové, a reçu le gotha des penseurs, experts, décideurs, techniciens, partenaires techniques et financiers, et acteurs à divers niveaux de ce secteur névralgique du développement. La quasi-totalité de la communauté scolaire et universitaire mobilisée ont souhaité dresser le tapis rouge au nouveau-né d’une génération atypique. Vingt-huit (28) conseillers au total, en attendant le vingt-neuvième (chercheur) dont le processus de recrutement par appels à candidatures est acté, assis côte à côte, portent le rêve titanesque et pharaonique de tout un peuple de voir performer en qualité le système éducatif national. Ce rêve d’espoir pour une école modernisée et de qualité, il est également porté par le chef de l’Etat qui l’a distillé en filigrane dans son discours d’installation louangé par le fort public fait d’hommes et de femmes de différents rangs et couches socio-professionnels. Empruntant un français que nos confrères de Radio France Internationale (Rfi) pourraient qualifié de facile, le premier des Béninois lance cet extrait : « la mise en place du CNE est le début d’un processus de mutation complète de notre système éducatif, le principal atout de notre développement. » On comprend alors mieux les intensions du chef qui travaille à mettre au cœur de nos vies, de nos pensées l’explosion conséquente avec des acquis élogieux et des résultats probants, la question de l’éducation ; une éducation tournée vers la performance, une éducation qui concilie formation et employabilité des apprenants, isolant progressivement le Bénin de ce grenier de chômeurs et de sous-employés. A tout point de vue, la tâche s’annonce gigantesque, passionnante, parfois éprouvante pour ces conseillers réformateurs de la République. D’ailleurs, le chef de l’Etat a su les convaincre de l’importance de l’éducation lorsqu’il disait : « l’éducation est le seul moyen de construire l’homme, matière première de toutes les épopées. »
Le président fraîchement propulsé à la tête du conseil, le professeur d’université Noël Gbaguidi, ancien directeur de l’Ecole Nationale d’Administration et de Magistrature, et précédemment responsable de la Chaire UNESCO des Droits de la Personne humaine et de la Démocratie à l’UAC, a fait le vœu solennel d’opérationnaliser en parfaite intelligence avec ses collègues et dans la grande finesse le CNE, pour ainsi réussir à transformer le système éducatif béninois.
Il est important de faire ce long rappel pour recréer ou reconstruire le contexte de cette cérémonie sobre, mais solennelle qui inscrit dans le marbre l’amorce d’une nouvelle histoire pathétique et responsable de l’Ecole béninoise. Beaucoup d’acteurs avertis allèguent déjà la réussite de la mission du CNE nouvelle formule. La qualité et les profils des conseillers nommés, élus et recrutés étant rares et exceptionnels. Ils proviennent tous des corps socio-professionnels du secteur de l’éducation. Et donc, dans un élan complémentaire et en bonne symphonie, ils sauront privilégier l’essentiel pour recoller les morceaux, aplanir les difficultés et trouver les solutions idoines pour améliorer le management du système, élaborer des programmes d’études conséquents, repenser le déploiement du personnel enseignant loin des accointances politiques, redéfinir la carte scolaire et universitaire ainsi que les affectations budgétaires, conduire les accréditations ou le contrôle des établissements publics ou privés, etc.
En somme, les défis sont énormes et le soutien de tous est souhaité pour espérer gravir des échelons dans cette marche du Bénin vers la perfection de son système éducatif. Tout en restant vigilant, éveillé pour le suivi-évaluation des chantiers à ouvrir, au coup par coup, on formule le vœu qu’à l’heure du bilan, des pas majeurs soient posés avec des réalisations tangibles qui portent témoignages, et ceci loin des interférences institutionnelles.
Serge David ZOUEME, Spécialiste de l’éducation, Administrateur du patrimoine culturel