Dans une société où depuis quelques temps tout est en mode rediffusion, où les nouveaux pasteurs et prophètes psalmodient le nom de la terrible maladie tout en inventant moult remèdes, le microcosme social béninois s’est ému de la triviale affaire qui a semblé secouer un milieu, somme toute, très racé et très poli où on n’élevait jamais la voix sauf, dit-on, au moment de la nécrologie !
On découvrit que dans cette maison apparemment si calme, se tournait depuis longtemps un téléfilm intitulé « La jungle en folie ». Et comme pour faire patienter les auditeurs et téléspectateurs, chaque jour des femmes et hommes richement habillés, débitaient avec placidité et monotonie les mêmes histoires où apparaissaient les mêmes femmes et hommes. Au moins, on nous faisait savoir que nos autorités travaillaient pour nous. Mais que Diantre, aujourd’hui on se rend compte qu’ils auraient pu le faire avec entrain car, il semble que aussitôt les plateaux et consoles quittés, il se reprenait des scènes où des individus velus, trapus et membrus coursaient bruyamment de vertueuses gazelles aux cuisses entrouvertes. Et las ! L’histoire s’ébruita par le fait d’une jeune impétueuse peu soucieuse des traditions.
Vous pensez que je voudrais donner mon point de vue face au match qui oppose d’une part, les esprits vertueux et bien pensants qui, par charité, sont généralement prompts à balayer devant la porte des autres et d’autre part, les autres machos qui, depuis, ne décolèrent pas et ne comprennent pas qu’une simple tourterelle qui ne suffit même pas au repos d’un guerrier, puisse oser attenter à la moralité d’êtres qui lui firent trop d’honneur en la regardant ! De toutes les façons, l’autorité supérieure de notre pays a tranché et le débat est clos.
En réalité, mon propos est ailleurs car l’histoire a toujours fait cas des relations tumultueuses et quasi incestueuses entre les pouvoirs et le sexe : généralement le pouvoir donne du pouvoir et de l’agent au sexe, qu’il soit faible ou fort. Paradoxalement, le sexe donne inversement du pouvoir et de l’argent. Ceci se passe partout où il y a des parcelles de pouvoir i.e. dans les écoles et universités, dans les entreprises et institutions publiques ou privées; nationales ou internationales. Femmes et hommes passent par ce raccourci pour gravir rapidement l’échelle sociale, assujettir moralement d’autres ou simplement assouvir une libido complexe et complexée. J’en arrive à la conclusion que, c’est une vieille pratique que je comprends et accepte difficilement mais « errare humanum est ».
Ce qui me gène le plus dans cette affaire au regard de la maison concernée, c’est que quelques jours plus tard, dans cette tempête et précisément le dimanche passé, ce lieu où certains ont, semble-t-il, baigné dans le stupre et l’infamie, on n’a rien trouvé d’autre que de couper les émissions religieuses que l’Eglise Catholique, dans sa grande magnanimité, décida de porter jusqu’à eux afin de régénérer, sinon de désinfecter moralement (Covid-19 oblige) le lieu.
Ce dimanche là, tous travaux cessants et endimanché malgré que je sois à la maison, je me décidai à suivre la messe de la radio qui devrait être sûrement dite par un prêtre connu pour son charisme et ses qualités d’exorciste. Je me dis qu’après cette messe et malgré les idées maladroites débitées sur les religions en ces moments, la maison devrait retrouver sa dignité et sa moralité, car il a été dit : « Que celui qui n’a jamais péché lance la première pierre ».
Mais un véritable sacrilège fut consommé : on interrompit la messe en plein Evangile. Pire, ce fut la même chose à la télévision ! Ce fut une terrible désillusion et jusqu’aujourd’hui, je m’interroge : Avaient-ils si peur de recevoir l’absolution ? Ne sont-ils pas prêts ? Les avait-on indexés à tort ? Quelle que soit la raison, je m’interroge encore pour savoir ce qui peut amener des individus à refuser de recevoir la délivrance. Servent-ils d’autres maîtres qui refusent l’Esprit Saint ? vade retro satanas. Car nos autorités, m’a-ton rassuré, sont très croyantes !
Comment juguler cette lourde et double crise morale où le fils qui a, semble-t-il, péché refuse d’aller vers le Père Céleste toujours magnanime. En attendant de réécouter cette messe le dimanche prochain, je me console en croyant que c’est sûrement ce satané virus qui, ne trouvant personne à attaquer au Bénin grâce à nos tisanes macérées dans ce précieux alcool provenant d’une de nos contrées de référence, est entré dans les câbles de notre majestueux centre des medias.
Reprenons-nous car si nous avions reconnu plus haut que l’erreur est humaine, « perseverare diabolicum» !
Maoudi Comlanvi JOHNSON, Planificateur de l’Education, Sociologue, Philosophe