La Torah ou la Bible ? - Journal Educ'Action - Éducation au Bénin et dans le monde

La Torah ou la Bible ?

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Dans ma quête d’une éducation du caractère pour les générations futures, je me surprends à d’abord chercher quelques éléments dans un fondement essentiel de nos milieux, à savoir l’éducation religieuse que nous recevons. Plus tard, je pratiquerai le même examen sur l’aspect socio-politique. Je me pose la question suivante : quels types de principes moraux inculqués à nos enfants pour éduquer leur nature à la fois individuelle et sociale ?
Dans ma recherche, je retiens la forte influence du catholicisme dans nos contrées et sa référence constante à la Bible. Dans ce Livre ô combien Saint, il y a l’Ancien Testament ou encore l’ancienne alliance de Dieu avec le peuple Juif et la nouvelle alliance ou Nouveau Testament qui révèle Dieuavec l’humanité entière par le Christ.
Tout ce que la religion chrétienne nous a proposé jusqu’ici était déjà présent dans nos traditions cultuelles avec, peut-être comme seule différence un Dieu plus immanent (c’est-à-dire intégré à la nature) que transcendant (c’est-à-dire bien loin au-dessus de nous) puisque se retrouvant plus près de nous dans les différents éléments de la nature. La grande dimension ajoutée à notre croyance et qui venait de la Torah juive, c’est la figure du Messie.
En effet, nous avions eu dans nos croyances, un Dieu qui se manifestait dans ses multiples dimensions (eau, air, terre, feu, etc.) et qui était, à l’instar du judaïsme très présent, très jaloux et enfin très juste lorsqu’on lui obéissait ou apaisait son courroux à travers les rituels et sacrifices. On comprend alors pourquoi nos sociétés ont été très règlementées et très structurées avec un souci de maintien de l’harmonie entre les éléments fondateurs. Ce principe de recherche de l’équité et de la justice se retrouve facilement dans le judaïsme et a impulsé ses actions morales et intellectuelles de même que fondé ses entreprises et réussites quotidiennes.
En Afrique, la dimension nouvelle fut l’introduction de Jésus-Christ. Elle a développé une idéologie de la charité ou encore de l’amour avec ses corollaires : une certaine obsession du péché, l’exaltation du don de soi, et la quête du salut qui passe par la recherche de la perfection divine, avec l’apologie de la pauvreté et de la soumission totale. Deux textes sont essentiels ici à savoir les béatitudes et le sermon sur la montagne.
Or, la personnalité de Jésus-Christ est plus complexe et porteuse d’une rigueur et d’une justice sociale révolutionnaire. De même, nos traditions culturelles et cultuelles sont aussi promotrices de valeurs liées au développement personnel et à la réalisation de soi. Mais alors, comment expliquer ce processus de dépersonnalisation, de chosification (réduire l’être humain à une chose) qu’on observe parfois. Je vois le Béninois régresser chaque jour et chercher sa nourriture dans une rédemption divine hypothétique tandis qu’il laisse le seul politique se charger de sa pitance quotidienne !
Soyons clairs : L’esprit colonial est passé par là ! Nous fûmes non seulement colonisés mais dominés. La pire réussite de l’Occident fut cette soumission morale, spirituelle qui a induit la perte de nos valeurs, de notre culture et de notre capacité d’entreprendre. Nous sommes parfois devenus des esprits plaintifs, craintifs, convaincus que nous ne valons rien. Nous comptons toujours sur la providence et la charité des puissants pour assister les « petits» que nous croyons être.
Malgré un milieu naturel riche et des potentialités énormes, nous chantions à satiété dans nos masures dévastées « bien ou mal c’est mon destin» tandis que l’homme de Dieu ajoute le dimanche après la quête,« heureux les pauvres…le royaume des cieux vous appartient».
Quelle triste éducation du caractère ! Jésus, tu n’es pas venu nous enseigner cela.
Mais alors, avons-nous travesti un message révolutionnaire d’un personnage rigoureux et épris de justice comme Jésus pour le réduire à un être qui nous invite à une seule chose : se soumettre et se faire tout petit. Je voudrais défendre cette idée parce que nous sommes déjà imprégnés de cette religion qui devrait être une apologie de l’effort, de l’entreprise et de la réalisation de soi à travers la foi en Dieu. En réalité, Jésus Christ est un éducateur ; son véritable message est un message qui nous invite à entreprendre ; à oser, à user de nos dons et à faire fructifier nos talents comme dans la fameuse parabole (Mt 25, 14-30).
Il est temps pour nous de redécouvrir un message qui aiguise notre soif de perfection en brisant nos chaînes et en nous dégageant de nos zones de confort. Quiconque découvre le vrai Christ et croit en lui fera des œuvres encore plus grandes (Jean 14, 7-14).

Maoudi Comlanvi JOHNSON, Planificateur de l’Education, Sociologue, Philosophe

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